Win Silverlight - le pire des poisons, ton propre sang

S'il y a une chose que Win avait appris de la vie, c'était bien qu'il y avait, sur terre, une seule personne en qui on pouvait avoir confiance :
Soi-même.
Ce genre de vision doit vous paraître bien acariâtre, dépassé, et avérée plus que fausse depuis bien des années. Disons donc que... Cela peut dépendre des conditions, de la personne, et des évènements ayant juché le chemin de sa vie. Si jamais vous étiez passé de traîtres en tortionnaires, peut-être comprendriez-vous mieux notre cher manipulateur d'hémoglobine... Mais vous pouvez en avoir un aperçu. Oui, un petit résumé... Rien de plus facile.
Tout a commencé dans un hopitâl de Brooklyn, la nuit du 27 décembre 1990. Les décorations de Noël clignotaient toujours avec entrain dans les rues enneigées, et seule une poignée de vitrines avaient troqué leurs guirlandes et leurs chaussettes rouges pour les paillettes et lumières du gros de l'année.
Sages femmes et infirmiers s'escrimaient à assurer la naissance d'un nouveau né, qui était, dans ses premiers instants, tout ce qu'il y a de plus normal - hormis le fait tragique qu'à peine venu au monde, il était déjà orphelin de mère.
Demeurant, pendant les premières heures, de père inconnu, il fut dès lors confié à un orphelinat. Préconnisant le positivisme, ses responsables le nommèrent Win (comme le verbe to win, gagner, en anglais. Oui, je sais que vous savez. ). Pourtant, au fil des années, le jeune homme en vint à se demander ce que diable il avait bien pu gagner, depuis sa naissance : des camarades suspicieux quant à ses origines manifestement asiatiques, puis, comme si cela ne suffisait pas, l'impossibilité qu'il avait à se faire adopter ; en effet, pour diverses raisons, jamais il ne cherchait à plaire à qui que ce soit. Et ainsi, bien qu'un nombre conséquent de parents potentiels l'aient remarqué pour ses différences, chacun d'eux finissaient rapidement dissuadés de toute idée d'adoption. Car, avant même ses douze ans, Win demeurait solitaire et peu enclin à dévoiler ses sentiments. Par chance, ses bonnes notes et capacités de réflexion lui conféraient le privilège d'être laissé en paix par ses professeurs - c'est d'ailleurs sans doute pour cette raison qu'il lui arrivait de vouer presque du respect à certain d'entre eux. Mais ce fut lors des débuts de son adolescence que tout s'embrasa... Ou s'empourpra, disons.
En effet, Win se découvrit des capacités relatives aux mutations génétiques dont il avait déjà entendu parler auparavant, par les médias. Alors qu'il, la plupart du temps, restait à distance des autres pensionnaires de l'orphelinat, il commença peu à peu à prendre goût aux étranges tortures qu'il devenait capable de leur infliger.
A la moindre étincelle de colère, chaque personne proche de lui se tordait de douleur, haletante et les veines indigo, si bien qu'en peu de temps, la peur qu'il inspirait à chaque être humain grandit au point de commencer à l'effrayer lui-même.
Ce fut grâce aux conseils d'un professeur de l'établissement qu'il apprit progressivement à contrôler ses pulsions. Bien que cet homme n'ait jamais ressenti quoi que ce soit se rapprochant de l'état d'esprit de Win, ce dernier se sentait proche de lui. Il fut aussi la première personne à trahir sa confiance.
Peut-être était-ce parce que l'enseignant était, de tous, celui qui en savait le plus sur notre cher futur vilain... Quoi qu'il en soit, il eut rapidement conscience de son potentiel destructeur, et décida de cesser les frais le plus rapidement possible en le livrant, avec l'accord de tous les autres responsables de l'orphelinat, aux autorités.
Le lendemain, le jeune garçon était mené face à un spécialiste des mutants. Après avoir reçu maintes promesses lui assurant une protection et une sécurité totale, il fut emmené dans un centre d'expérimentation destiné aux "gens comme lui". Le but recherché était de tester sur des mutants de puissances et pouvoirs variés tout genres d'expériences afin de déterminer le potentiel de danger de tout non-humain présent sur la planète. Mais bientôt, le sujet s'étendit sur des tentatives d'insertions de nouveaux gènes ou de suppressions de diverses facultés. Néanmoins, peu importait la nature et la raison ; pour les cobayes, tout était forcément douloureux.
Se lier avec les autres mutants était tout simplement impossible : chacun d'eux était isolé de façon à ce que rien ne passe de l'un à l'autre. On pouvait donc exclure tout projet de résistance massive.
Ce fut après plusieurs mois, passés à connaître le métal des scalpels et la structure de l'acide, que Win parvint à faire bouger ce manège infernal.
Ils étaient épuisés pour qu'aucun n'ait la force de faire appel à ses dons. Mais il n'avait plus besoin de repos : avec le temps, il avait appris à changer le sang les yeux fermés.
Dissoudre les sangles de la table d'opération fut un jeu d'enfant, et réduire ses bourreaux au silence en fut un autre. Dans un élan, il libéra les autres mutants enfermés là, et prit la fuite.
Immédiatement après, son visage passait sur tous les écrans de télévisions, ainsi que celui de chaque autre évadé. Chacun d'eux était qualifié de "dangereux mutant criminel". Durant ses premières années de liberté, Win fut contraint à se cacher. Puis, passés ses dix-sept ans, il se trouva une vocation de Vilain depuis trop longtemps enfouie. Voler, tuer puis s'enfuir sans se soucier des traces laissées derrière était devenu un passe-temps pour lui plus que plaisant... A moins qu'il n'ait tout simplement jamais rien trouvé de mieux à faire.
Cette vie n'est, vous en conviendrez, pas des plus charmantes... Sans doute a-t-on vu pire, me direz-vous. Mais quoi de mieux qu'un véritable méchant, alcoolique de temps à autres, je-m'en-foutiste et psychopathe sur les bords pour mettre un peu de piment sur les premières pages des journaux du matin ?