Fenrir Odeleggelse | La destruction

De beaucoup se demandent comment le Dieu du Mal pût procréer avec une géante du froid. Pourtant, c'est bien de cette étrange union que naquit trois êtres vivants. Notre histoire suivra celle de l'un d'entre eux, ténébreux et puissant, craint dès sa plus tendre enfance.

Fenrir.

Si ce loup au pelage noir et à la force impressionnante ne vit pas le jour sur Asgard, c'est pourtant là-bas qu'il fût élevé. Les Dieux, après avoir appris la naissance de trois êtres qui amèneraient damnation sur le monde, furent demander d'aller les chercher et de les amener devant le Tout-Puissant. Des trois, Odin ne permit qu'à l'enfant loup de rester. Vivant parmi les Dieux d'Asgard, Fenrir n'en restait cependant pas moins craint par ces êtres de légende. Chaque jour passant, il devenait plus grand encore. Plus fort. Plus effrayant, aussi bien qu'un seul Dieu se porta volontaire pour continuer de nourrir l'animal. Cependant, les années passants, l'on ne pouvait s'empêcher de comprendre d'où provenait la promesse d'un chaos apporté par cet enfant du Mal. Géant (fils d'une géante du froid), les yeux prenant parfois une couleur sang, le poil plus noir que la nuit, Fenrir n'incitait aucune compassion. Aussi, lorsqu'une nouvelle prédiction vit le jour - promettant que le loup serait celui qui finirait par tuer Odin - il fût décidé de s'en débarrasser. Mais le Père-Tout-Puissant refusa de le tuer. Fenrir devrait être immobilisé par la ruse.

Et donc ruse et malice furent utiliser pour piéger le géant. Des liens faits de solides matériaux furent amener au loup mais, après l'y avoir attacher, ce dernier fit un rapide devoir de s'en défaire. De nouveaux liens, plus solides encore, lui furent à nouveau présenter. Pour s'assurer que l'animal accepte de se faire attacher, on lui promit gloire et triomphe s'il arrivait à s'en défaire. Fenrir accepta et, quoique avec plus de difficulté que lors de la fois précédente, finit par se libérer. Un léger vent de panique s'installa. Il fallait absolument trouver un moyen de stopper cet animal. Des Dieux furent envoyer chercher des matériaux rares et presque disparus, puis prier les maîtres dans l'art du tissage et de la fabrication de leur fournir le plus résistant des liens dont personne ne pourrait se défaire. Ce fût avec ces cordes semblables à de la soie que les Dieux retrouvèrent Fenrir en terre lointaine et abandonnée, lieu où ils avaient décidés de l'attacher une bonne fois pour toute. Mais le loup, voyant ces fils de maigre apparence, refusa de s'y prêter. Son intelligence lui certifiait qu'un piège était derrière tout cela, et que si magie se trouvait dans ces liens, personne ici présent ne l'en détacherait. Aussi demanda-t-il en guise de leur bonne foi, et en écho à son courage, qu'un des Dieux présents insère sa main dans la gueule béante de l'animal. Lorsque l'Asgardien fût désigné et accomplit son devoir, les autres s'empressèrent d'attacher le loup. Ce dernier commença à se débattre mais, au comble de toute chose, les liens semblèrent se resserrer autour de lui. Plus il se débattait, et plus ce qui lui avait semblé n'être qu'un filet de soie l'étreignait. Fou de rage devant les rires des Asgardiens (hormis celui du pauvre Dieu qui venait de perdre une main), Fenrir tenta de les avaler comme il pouvait. Mais une lame placée dans sa bouche l'en empêcha bien vite. Incapable de bouger, ni même de fermer sa gueule, l'un des fils de Loki resta là, hurlant de rage et de douleur devant le châtiment qui lui avait été réservé. Et dire que ces bipèdes n'avaient jamais eu le courage d'agir contre lui lorsque son père avait été présent dans les environs....

C'est ainsi dans cette position douloureuse et honteuse que Fenrir demeura pendant plusieurs siècles. Le temps perdit rapidement toute importance à ses yeux, les jours s'écoulant aussi vite que les années. Seul avec sa douleur et sa rancune, le loup imaginait le jour où il pourrait enfin prendre sa vengeance sur le royaume des Dieux et ses habitants. De beaucoup disaient que sa libération viendrait le jour du Ragnarök, où tous les liens quel qu'ils soient seraient détruits. Pourtant, il s'avéra que la shaman s'était trompée pour la première fois depuis bien fort longtemps.

Liberté et vengeance étaient les deux mots d'ordre de l'être lupin. Aussi lui fallait-il trouver un moyen pour s'échapper de sa prison sans mur. La force étant exclue de ses moyens, il aurait besoin d'un autre stratagème. Mais comment à la fois se libérer de ses chaines et de cette épée ? La seconde lui paraissant plus urgente à ôter, l'animal entreprit de se briser la gueule. Combien d'années lui fallut-il pour séparer plus qu'il n'était possible sa mâchoire inférieure de sa mâchoire supérieure, il ne saurait vous le dire. Tout ce dont il se souvint fût d'un bruit sec semblable aux éclairs de Thor et d'une douleur lancinante, plus aigüe encore que la lame de l'épée qui lui avait transpercée la mâchoire pendant tant d'années. L'on dit que son grognement de douleur résonna à plusieurs kilomètres à la ronde. Lorsque, plusieurs années plus tard, la douleur s'éteignit et sa mâchoire se soigna, il remarqua la lueur scintillante de l'épée.

Au sol.

Ne restait à présent plus qu'à se libérer de ses liens. Une nouvelle tentative par la force ne fit qu'enfoncer un peu plus les liens dans sa fourrure et sa chaire. Oh ! Combien il promettait de déchiqueter ceux qui lui avaient infliger un tel sort ! C'était une promesse qu'il n'oublierai pas de si tôt. Mais chaque chose en son temps, brave Fenrir. Réfléchit. Comment te libérer ? De vagues souvenirs de son père lui revinrent. Il avait déjà vu Loki pratiquer ses multiples tours de passe-passe. L'un deux, impressionnant, avait été de changer d'apparence, allant de la simple couleur de cheveux au sexe même de son corps. Serait-il alors possible que lui, Fenrir, fils de Loki, puisse avoir hériter d'un peu de ses pouvoirs magiques ? Qu'un tel don puisse lui être acquis ? Il lui fallut attendre des siècles avant d'avoir sa réponse. Qu'est-ce qui fit, qu'un beau jour, la brûlure de ses chaines sembla s'effacer ? Que son corps sembla diminuer de proportion ? Que finalement, toute son apparence se transforma, et que de quatre pattes, il ne passa à deux ? Quelque fût l'art derrière cette magie, Fenrir ne remarqua en cette instant qu'une unique chose : il était libre.

Rejoindre la civilisation lui prit plus de temps que sa fierté ne pourrait l'admettre. Une fois là-bas, et ce même sous forme humaine, le géant évita de se faire remarquer. Loin des regards, il observait et écoutait, récupérant son énergie dans la pénombre de la ville. Le temps passa. Fenrir, autrefois emprisonné, savait que sa disparition mettrait quelques temps avant d'être découverte. Les visites qu'on lui avait offert étaient rares si ce n'était même inexistantes. Aussi profitait-il de cela pour continuer de voyager vers ce lieu maudit, Asgard. Tous périraient sous ses crocs, il en avait fait le serment. Cependant, une nouvelle vint chambouler ses plans. Qu'importe comment il l'apprit, mais la nouvelle que le Dieu de la ruse avait tenté quelque chose sur Terre arrêta un instant le loup. Son père se serait-il levé contre Odin et ses disciples ? La bataille dont il rêvait tant pouvait-elle déjà avoir commencé ? Si tel était le cas, Fenrir répondrait à l'appel des troupes.

Un sourire se dessinant sur ses babines, des pupilles ensanglantées regardant droit devant, Fenrir partit dans une course folle à la recherche de son géniteur. Et avec lui.... de sa vengeance.

Plus tard, l'animal se fonderait dans la masse des humains en s'inventant un nom propre : ødeleggelse. La destruction.