Flash back / Opération médicale : Allez chercher des cartons dans une pharmacie alliée pour soigner les blessés de la résistance

Azilys se mordit les joues de culpabilité. Elle se rendait compte qu'elle s'était montrée brusque avec Wanda. Les évènements l'avait fait basculer en mode « urgence ». Elle détestait cet état où ses émotions et ses sentiments étaient comme anesthésiés. Bien sur, en cas d'urgence, pleurer toute les larmes de son corps en se roulant par-terre ne faisait pas avancer les choses, certaines choses devaient être faites, et elle les faisait, quitte à le payer plus tard, au moment du retour à la normale. Mais, là, même encore en état d'urgence, elle prenait conscience de la dureté dont elle pouvait faire preuve, et elle détestait.

Mais, là, ce qu'elle détesta le plus, fut qu'elle n'avait même pas pris la mesure des souffrances de la jeune femme. Elle ne s'était pas rendue compte que sa blessure était plus importante qu'elle ne le pensait, et qu'elle en avait récolté d'autres entre temps.

« Excuse-moi Wanda, je ne voulais pas être brusque, je n'avais pas réalisé que tu souffrais autant. » s'excusa-t-elle en s'agenouillant devant la jeune femme pendant que Lin l'aidait à retirer sa veste.

Heureusement, cette blessure là n'était pas bien grave, probablement extrêmement douloureuse, mais pas vraiment grave. L'ancienne blessure en cours de cicatrisation s'était rouverte, déchirant les tissus cicatriciels tout neufs et sensible, arrachant les points. Ce n'était pas très beau, et du coup, la cicatrice maltraitée ne serait probablement plus aussi discrètes que ce qu'elle aurait du être, mais Wanda n'en mourrait pas.

L'infirmière s’inquiéta un peu plus quand sa jeune amie évoqua la possibilité d'une luxation de l'épaule. Même si cette blessure n'était pas létale non plus, ce n'était pas non plus le genre de soin que l'infirmière était habitué à pratiquer. Il aurait fallu qu'elle puisse voir un médecin orthopédiste pour qu'elle soit réduite dans les règles de l'art, mais... A la guerre comme à la guerre. Après tout, c'était bien la situation dans laquelle elles se trouvaient.

« D'accord, je m'occupe d'abord de ça. » déclara-t-elle en pointant le menton vers l’estafilade sur son bras tout en récupérant du matériel supplémentaire. Pas le choix, il lui fallait des points, au moins quelques uns, quitte à ce que si elles sortaient de cette galère saines et sauve, elle lui offre des soins plus soigneux.

Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour faire quelques points et un bandage provisoire qui permettrait au moins de juguler l’hémorragie. Une fois fini, elle ramena son regard dans les yeux mordorés de la jeune femme.

« Il faudra que je te refasse des soins plus sérieux quand on sera rentrées, mais ça devrait suffire pour le moment. Maintenant, je vais regarder ton épaule, mais... je te préviens, si elle est démise, même avec un médecin orthopédiste confirmé, la remettre en place est quelque chose de très douloureux. Bref, mais douloureux. Moi, je connais la technique en théorie, je ne l'ai pratiquée que très rarement, donc, ça risque d'être très douloureux, et... plus long. Je suis désolée. » expliqua-t-elle en jetant un regard à Lin, qui lui répondit d'un léger mouvement de tête en se positionnement derrière Wanda.

Lys, posa une main légère sur l'épaule de Wanda. Elle n'eut aucune difficulté à ressentir sous sa paume la rotule l'humérus. Elle fit la moue. Elle avait sincèrement espéré que Wanda avait fait une erreur appréciation et qu'elle n'avait qu'une simple entorse. Ça n'aurait pas été très agréable, mais moins compliqué. Mais, non, elle avait raison. La tête de l'humérus avait quitté son logement dans l’omoplate.

Nouveau regard à Lin, qui comprit et se tint prête dans le dos de Wanda pour la soutenir. Lys, ferma un instant les yeux pour se concentrer sur son toucher, sa main se positionna un peu mieux sur l'épaule, pendant que l'autre, glissait autour du poignet de Wanda. Et puis, d'un coup, d'un mouvement rapide, en y mettant toute la puissance qu'elle pouvait, elle exerça la manœuvre qu'elle avait apprise pour remboiter la tête de l'os dans son logement.

Lin avait été parfaite. Wanda aussi.

Lys termina la procédure en posant à sa jeune amie un bandage serré pour immobiliser l'épaule. Il faudrait un peu de temps pour que les ligaments et les muscles distendus récupèrent et que tout risque de nouvelle luxation soit écarté.

Elle venait de finir lorsque des coups furent frappés à la porte de leur refuge. Wanda ordonna à tout le monde de se mettre à l'abri, faisant fi des conseils de prudence de l'infirmière pour aller se poster près de la porte.

Les coups avaient un rythme étrange. Un code compris Lys, un code que Fa Zhou reconnu.

« Ce sont eux. » confirma-t-il à Wanda qui interrogeait du regard.

Il sortit de derrière les caisses, et s'approcha de la porte pour ouvrir, laissant entrer plusieurs hommes asiatiques. L'un deux, cheveux sombres, longs, raides, masquant à peine les lignes d'un tatouage s'enroulant autour de son cou, s'approcha du pharmacien. Ils échangèrent quelques mots dans une langue que Lys ne reconnu pas, probablement un dialecte asiatique. Plusieurs fois, leurs regards se posèrent sur elle, ou sur Wanda, et elle comprit qu'ils parlaient d'elles.

Finalement, l'asiatique s'approcha d'elle, elle réprima un frisson.

« Fa dit que tu es une bonne personne. Une personne généreuse et de parole. » commença-t-il avec un petit sourire en coin qui faisait pétiller ses yeux étroits. « Il dit que tu peux être utile. Qu'as-tu à offrir pour votre salut ? » interrogea-t-il laissant un regard dérangeant glisser sur son interlocutrice.

« Une infirmière d'urgence, avec une expérience de la médecine illégale, j'imagine que ça peut intéresser une organisation telle que la votre. » répliqua-t-elle d'une voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu.

Il rit, faisant un pas de plus vers elle, s'approchant presque jusqu'à la frôler. Lys se redressa, lançant un regard à Wanda pour lui intimer de ne pas intervenir, espérant qu'elle comprendrait le message.

« Tu pourrais offrir bien plus. » répliqua l'homme sur un ton qui révulsa la jeune femme.

« Une intervention, quelle qu'elle soit. Sans questions. C'est tout ce que vous aurez de moi. » répondit-elle, s'efforçant de garder un ton ferme alors qu'elle était terrifiée.

L'homme pris un air pensif, laissa encore un regard dérangeant glisser sur elle avant... d'éclater de rire, se tapant sur les cuisses en faisant un pas en arrière.

« Non, mais tu verrais ta tête ! J'adore ! Qu'est-ce que tu crois ? Qu'on est des monstres ? Qu'on viole les femmes dans les caves et qu'on se fait des bébés grillés au petit déjeuner ? »

Elle cligna des yeux, totalement désorientée. Il se calma, et lui sourit. Un sourire espiègle, presque doux.

« Désolée, j'ai pas pu résister à l'envie de te faire marcher un peu. On n'a pas beaucoup d'occasion de rire en ce moment, et pour vous autres les occidentaux, tous les asiatiques font partis des Triades. Et les Triades sont des monstres assoiffés de sang. »

La tension qu'elle ressentait, s'évapora, remplacé par de l'agacement. Agacement face à l'attitude de cet homme, mais surtout agacement envers elle-même. Il n'avait pas tord, elle était tellement persuadée de se retrouver face à un gang de la mafia asiatique, qu'elle ne s'était pas posé de question. Elle poussa un soupir agacé.

« D'accord, c'est de bonne guerre, j'avoue que quand Fa à parlé d'association de quartier, j'ai pensé au crime organisé. Ceci étant dit, vu les circonstances actuelles, ça n'a rien de bien exceptionnel. » répliqua-t-elle. « Donc, tu veux quoi pour nous aider ? »

Il sourit.

« Pouvoir compter sur une infirmière, c'est très bien. Et je te rassure, ce ne sera pas pour des actions illégales. Nous allons vous aider à rejoindre votre groupe, Fa et sa famille on s'en occupe. Nous ne sommes pas les Triades, nous sommes comme vous, des résistants. Notre communauté à toujours été très soudée, et maintenant, nos pays d'origine sont devenus bien plus accueillants que les États Unis. Dés les premières heures de l'avènement de Ross, nous nous sommes organisé, nous avons des réseaux pour permettre aux asiatiques de retourner chez eux, et puis, au fil du temps, nous les avons développés pour aider tout les parias. »

Elle sourit et secoua doucement la tête devant sa bêtise.

« Vous pourrez compter sur moi. »