«Vous êtes Walter Eastwood, c'est bien ça ? Je peux vous appeler Walt, hein?» Appuyé les deux mains sur la table, cet abruti se penche vers moi avec un sourire. «Walter.» Cet enfoiré de pecnot vient de commettre l'irréparable. Je m'adosse sur mon siège et croise les bras sur mon torse. Ce dernier grince. Déjà qu'ils ne sont pas foutu d'avoir un peu de respect pour les gens en les appelant par leur vrai prénom et en plus ils ont un matériel de merde. Le poulet se recule et passe une main dans ses cheveux. Le regard grave et les sourcils froncés, je parcours la pièce des yeux. Dos à la vitre miroir de la flicaille, je suis dans une pièce fermée. Pas de fenêtre, une seule porte, et cette ordure de flic qui fait maintenant les cents pas devant moi, de l'autre côté de la table. «J'ai pas que ça à foutre d'être ici à écouter tes conneries, blanc-bec.» Il se retourne vers moi et s’assoit sur un siège tout aussi pourri que le mien en face de moi. Il claque un dossier marron sur la table et détache l'ouverture tranquillement. Sans lever un instant les yeux, il commence à le parcourir du regard. Je soupire. Est-ce qu'il va me garder encore pendant des plombes ? C'est certain que non. Je préfère encore lui régler son compte et finir au mitard que d'attendre une minute de plus qu'il prononce enfin une phrase. Après quelques secondes de silence, il lève les yeux vers moi. «Vous savez, Walt.» Je me crispe et serre les poings «Si vous ne coopérez pas, vous risquez d'avoir des problèmes.» C'est bien les flics ça, faire croire aux honnêtes gens que tout vas bien se passer si on écoute leurs conneries. Je lève les yeux au ciel. Il sort une photo du dossier et la pose devant moi.
«Voici une photographie de votre femme suite à la plainte que nous avons reçu d'un de vos voisins qui avait entendu des cris.» Enfoiré. Voisin de merde. C'est pour ça qu'je suis dans cette pièce, au milieu de flics qui m'observent de toute part ? Et puis, Charlotte. Elle avait besoin de crier autant. Rien que quelques malheureux petits coups. Quand les flics l'ont interrogée, j'suis certain que cette salope a encore ouvert sa grande gueule. Couverte de bleus, la tronche démolie, elle a été prise en photographie sur fond blanc. Elle n'est bonne qu'à faire sa victime et ça me tape sérieusement sur le système. Je m'accoude sur la table grise et me frotte le front «Cette pute l'avait bien cherché.» je grommèle. Le gars en uniforme tousse un coup et sort une deuxième photographie de sa pochette. «Et elle ?» Devant moi s'étale maintenant deux images. Je me saisis de la dernière qui se pose devant moi et me frotte le visage d'une main. Je pose mon doigt sur ma bouche puis sur celle de la personne présente sur cette photo. Ma fille. Alane. Je pars un instant dans mes pensées tout en observant son visage. Bien que son visage soit violacé par les coups et que le sang séché recouvre son visage, elle n'a pas perdu son regard. Si vide et si triste en même temps. Bien avant que je ne la touche, elle l'avait déjà, ce regard.
Le flicaillon arrache la photographie de mes mains et la range dans le dossier. «Elle l'avait bien mérité, elle aussi ?» Je grogne avant de m'adosser de nouveau sur mon siège «Écoute moi bien enfoiré de puceau sous-diplômé, je sais pas ce que t'as fais dans ta vie pour te retrouver dans cette situation avec moi, mais j'peux t'assurer que j'ai aucune leçon à apprendre d'un blanc-bec d'irlandais qui vit encore chez sa mère.» Ce trou du cul n'a rien à me dire. Si la p'tite s'est pris des coups c'est qu'il y a une raison. Je vois bien que le policier se retient d'exploser. Il parvient à garder son calme, difficilement. Il déboutonne un bouton de sa chemise et passe son doigt dans le col. Il refeuillette son dossier et commence à le lire, ou à faire semblant de le lire. Après quelques secondes de silence, il lève son regard vers moi. «Il est écrit ici que vous avez un fils. Michaël.» «Et ?» Le flic lève les sourcils. «Vous ne le frappez pas, lui ?» Je rêve. Non mais qu'est ce qu'il croit, lui ? C'est parce qu'il fait partie des forces de l'ordre que je vais lui raconter ma vie ? En plus d'être con, il est naïf. Si le gamin n'a rien c'est qu'il n'a pas eu l'occasion de m'emmerder. Il a bien trop peur pour ça.
Voyant qu'il n'aurait, encore une fois, pas de réponse, il prend une grande respiration. Putain, c'est parti. Il va nous faire un discours interminable. «Vous êtes né dans le seizième à Paris. A l'âge de sept ans, vous avez provoqué votre première bagarre. Vous auriez poussé violemment un de vos camarades de classe contre un coin de table et, une fois assommé, lui auriez craché dessus.» Il arque un sourcil et lève son regard vers moi. Après quelques secondes, il commence à ouvrir la bouche. Je le coupe avant qu'il n'ose commenter «Contentes-toi de lire ton putain de dossier.» Il se racle la gorge et retourne à sa lecture en faisant craquer son dos. «Après cet incident, et plusieurs autres, et sous l'initiative de diverses personnes du corps enseignant et de vos parents, vous avez été voir un spécialiste pour savoir d'où venaient ces excès de colère. Il a donc été diagnostiqué que vous étiez et êtes toujours atteint de d'un trouble de la personnalité schizoïde.» En lisant ce mot il semble perplexe et recule sa tête. «Ça voudrait dire que toute cette façon ignoble que vous avez de vous comporter avec les gens n'est pas due au fait que vous n'avez aucune vraie famille et que tous ceux qui vous croisent vous détestent.» Il se met à se marrer. Je prends une grande respiration pour ne pas lui en coller une, là, maintenant. Cette putain de maladie qu'ils m'ont inventé. Que des conneries. Je savais que ça allait me retomber dessus un jour où l'autre. Il continue de lire pendant que je garde ma nervosité pour moi-même.
Après quelques minutes de silence, il lève à nouveau un regard d'incompréhension vers moi et s'adosse longuement sur sa chaise et enlève sa paire de lunettes pour en mâchouiller la branche droite. «Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre Monsieur Eastwood.» il fait une pause de quelques secondes avant de reprendre la conversation. J'ai bien l'impression que ce petit trou du cul aime ces longs silences incompréhensibles. «Comment un homme qui a vécu dans un quartier riche, avec des parents aimants et une vie presque parfaite en arrive a devenir un vieux pervers alcoolique, violent et pédophile ?» Je me lève violemment et tape sur la table. Le flic me regarde de haut en bas puis se redresse pour appuyer ses mains sur la table «Asseyez-vous. Tout de suite.» Il sort son gun de sa pochette de flicaille et le pose sur la table tout en laissant sa main dessus. «Si vous ne coopérez pas, je serais obligé de sévir.» Il est temps pour moi d'utiliser mon pouvoir. Ce petit con ne va pas s'en sortir comme ça. Me traiter de tous les noms en croyant qu'il va s'en sortir tranquillement sous prétexte qu'il a un flingue. On aura tout vu.
Je pose ma main exactement comme lui sur la table. Comme un miroir qui reflèterai à l'identique ce qu'il se passe. Je ferme les yeux un instant et me concentre sur lui. Dans le vide, je me saisis d'une sorte de pistolet fantôme. La main du policier se ressert autour de son flingue. Il fronce les sourcils. Je lève ma main vers lui et tends mon bras devant moi, comme si je le visais avec un pistolet. Ces gestes sont maintenant identiques aux miens, il n'a plus le contrôle : j'ai repris les rênes. J'aime sentir ce sentiment de puissance. Il ne peut plus rien faire sans que je le commande, sans que je le veuille, moi, et personne d'autre. Il fait une grimace en essayant de lutter «M... Mais qu'est-ce que/ ?» D'un mouvement vif le place désormais ma main au niveau de ma carotide. Il m'imite. «Arr... arrêtez...» Je baisse les yeux sans retirer mon attention de son bras. «Écoutes-moi, blanc-bec. Écoutes bien. Je vais t'expliquer pourquoi ma vie s'est passée comme ça et tu l'emporteras avec toi au paradis. je pause. Tu vas pouvoir comprendre pourquoi le vieux pervers, comme tu dis, a tourné aussi mal.» Je m'assieds et me pose sur le siège. Le flic est toujours debout avec le pistolet sous le menton. Je jouis de cette position d'infériorité. Ce con va enfin comprendre la vie. Il est clair que ce policier de merde a un réel problème avec la conception de la vie.
«Mes parents m'ont laissé tombé. Ils me détestaient parce que je ne rentrais pas dans le moule. J'étais trop violent, qu'ils disaient. Ils sont morts dans un accident de voiture /la mort des parents est au choix ; pour cette présentation j'écrirais qu'il sont morts dans un accident de voiture ; ce qui est tout à fait modifiable/ quand j'avais quinze ans. Et... je me crispe. Et ils ne m'ont rien légué. Quedal. Même pas à mes dix-huit ans.» Ma voix est forte et pleine de colère. «Comment on peut faire ça à son gosse, putain ?!» Je reprends peu à peu mes esprits et observe un instant le flic qui a ses sourcils froncés comme pas possible. Il flippe, c'est sûr. S'il s'en fout ? Rien à foutre. De toute façon c'est les derniers trucs qu'il entendra dans sa chienne de vie.
«Tu as ta réponse. pause. Si tu te demandes encore pourquoi je n'ai jamais considéré mes enfants, je vais être plus clair : ces gamins n'ont aucune raison d'être plus heureux que je ne l'ai été. Mes parents ne m'ont jamais aimés alors je ne vois pas pourquoi je devrais être gentil avec eux.» Je me lève et commence à faire les cents pas dans la pièce tout en gardant ma concentration sur le flic pour qu'il ne bouge pas d'un pouce. «Quand j'ai rencontré Charlotte, elle avait de l'argent. Je lui ai donné l'espoir d'un mariage parfait, et une fois le papier signé à la mairie, je l'ai ruinée. Je partais et revenais régulièrement afin de la dépouiller. Elle se laissait faire parce que soit disant elle m'«aimait» mais c'est impossible. Personne ne m'a jamais aimé.» Sur ces mots, je me remets en face du policier et me met dans la même position que lui, comme un miroir, avec un flingue -imité par mes doigts- sous le menton. «Un dernier mot ?» Les larmes lui coulent sur les joues, puis, il ouvre la bouche «Je/PAN. Le bruit du coup de feu résonne. «C'était un mot.»
◮ petite enfance dans un quartier riche de france.
◮ premières violences connues à son entrée en école primaire.
◮ après consultation d'un psychologue ; détection d'une maladie mentale appelée «trouble de la personnalité schizoïde»
◮ à l'âge de quinze ans ; morts des parents dans un accident. découverte du testamen et de la non-légation des biens à leur fils.
◮ rencontre de la prostituée charlotte. il se marie avec afin de lui retirer tous ses biens. elle deviendra quelques années plus tard la mère de son premier enfant : michaël.
◮ abandon de charlotte et de son fils pour revenir maintes et maintes fois satisfaire ses pulsions et laissant en plan la prostituée une fois cela fait. elle doit garder son enfant ; puis de sa fille ; alane ; conçue quatre années après le premier.
◮ retour «à la maison» définitif en deux mille et nombreux viols envers sa fille qu'il «préfère» à charlotte pour son corps d'enfant -ouais papa pédophile.
◮ la suite de l'histoire est libre. bien entendu il faudra l'approbation de ma personne ainsi que de michaël. mais on vous aime. ♡