Némésis Fallen - Laisse ta colère te guider, ta noirceur briller et tes ténèbres t'envelopper

- Reprenons, comment t'appelles-tu ?

Nyx soupira lourdement, elle connaissait déjà ces informations par cœur et les avait répétées une bonne dizaine de fois.

- Némésis Fallen.

- Où vivais-tu avant ton arrivée à New-York ?

- À Ashland, une petite ville dans l'Ohio. J'ai grandi là-bas et même si je me sens un peu perdue à New-York, je commence à prendre mes marques. Mon père est caissier dans un supermarché et ma mère est maîtresse d'école. Ils me manquent beaucoup et je leur envoie de l'argent tous les mois.

- Pourquoi souhaites-tu rejoindre le SHIELD ?

La jeune femme fit une pause théâtrale, semblant hésiter avant de finalement répondre en souriant naïvement.

- Pour faire le bien évidemment. J'ai entendu l'appel de M. Coulson, comme tout le monde, et je me suis dit que... moi aussi je n'avais plus à avoir peur. Bien sûr, j'ai été moins touchée par l'épuration que les habitants de New York mais... je l'ai été tout de même. J'ai compris qu'il était temps pour moi de faire quelque chose... de grand.

Son interlocutrice laissa échapper un léger sourire, rien de plus satisfaisait pour Nyx que de voir une telle chose. Après tout elle vivait pour ce genre de réaction. La fierté dans les yeux de ses bourreaux.

- Et en quoi peux-tu leur être utile ?

Elle s'éclaircit cette fois la gorge, prenant un air moins niais et plus sérieux.

- Et bien... je suis capable de manipuler l'Énergie Noire, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai été persécutée lors de l'épuration. C'est un pouvoir très instable que je n'ai jamais vraiment compris. C'est en partie pour ça que je suis ici, pour tenter de rejoindre vos rangs et devenir un bon agent tout en apprenant sur moi-même. Je compte bien sur le savoir-faire du SHIELD pour m'aider à combler ces petites lacunes et pour vous rejoindre pour de bon lorsque ce sera fait. Mes capacités physiques sont assez limitées et j'avoue n'avoir jamais tenu une arme dans mes mains mais... je suis là pour apprendre alors...

- Pas de télépathie ?

- Quelle télépathie ?

Nouveau léger sourire. Nyx se laissa lourdement choir sur son siège, un air fier sur le visage. Elle était prête. Plus que prête. Elle se préparait depuis dix ans à ça. Elle était prête et visiblement, la femme en face d'elle l'avait compris. Elle le lisait dans son esprit. Certaines personnes pensaient beaucoup trop fort, d'autres pas assez, pour certaines il fallait même se donner du mal. Ce n'était pas le cas de cette blonde, qui se demandait actuellement ce qu'elle allait manger, ce qui fit sourire Nyx. Elle aurait probablement pris très mal cette intrusion dans sa vie privée, ce qui était d'autant plus plaisant. L'interdit avait quelque chose... de profondément attirant. Après avoir décidé que ce serait finalement des lasagnes, la blonde nota quelques informations et ferma le dossier. Le dossier Némésis. Son dossier, elle devait en prendre conscience. Il ne s'agissait plus de jouer cette jeune fille candide et insouciante, il s'agissait de s'en imprégner. De prendre sa vie fictive pour la faire sienne.

- Nyx est morte, finit par conclure la jeune femme en se levant. Tu es devenue Némésis, félicitations. Un avion sera sur le toit à dix heures, ne sois pas en retard.

Elle ne l'aurait été pour rien au monde.

Némésis aurait été tentée de dire que son histoire commençait là. Dans cet avion, avec ces gens qu'elle ne connaissait pas mais qui la connaissait par cœur. Habillée d'un jean déchiré et d'un t-shirt délavé. Ses ordres étaient clairs, ils n'avaient pas besoin de les lui rappeler. Elle allait infiltrer le SHIELD, effectuer des actions pour Hydra de l'intérieur et récolter le plus d'informations possible. Evidemment, sa tâche allait être plus compliquée puisqu'elle n'avait ni les compétences ni l'âge pour être un de leur agent et ne serait qu'en formation. Mais après tout, c'est à ça que sa télépathie servait. Elle n'aurait qu'à s'insinuer dans leurs esprits pour avoir ce qu'elle voulait. Rien de plus simple, du moins en théorie. Elle aimait un peu trop la vie de Némésis à vrai dire, elle avait un peu peur de s'y perdre. Elle devait devenir Némésis, et si elle le devenait un peu trop ? Et si Nyx était définitivement morte et enterrée, alors pourquoi devrait-elle encore être fidèle à Hydra ?

Elle ne voulait pas y penser. Elle ne devait pas y penser. Elle savait que des télépathes étaient sûrement présents et qu'elle retournerait à la case départ au premier faux pas. Cette femme avait tort, Nyx n'était pas morte. Elle était plus présente que jamais, plus méchante que jamais mais surtout inconditionnellement fidèle à Hydra. Elle devait l'être. Elle ne devait pas l'oublier.

Lassée par toutes ces pensées inutiles, Nyx (ou bien Némésis ?) appuya sa tête contre le hublot. Elle observa longuement les nuages vaporeux, qui tournèrent au gris lorsqu'elle commença à s'assoupir.

Elle détestait le gris.
Ça lui rappelait toujours les murs de sa chambre, lorsqu'elle était encore chez elle. Nyx gardait peu de souvenirs de cette époque, étant relativement courte. Hydra n'avait fait que contribuer à cet oubli, lui lavant inlassablement le cerveau, la manipulant pour qu'elle ne se rappelle plus de rien, ni même de son véritable nom. Et ça avait marché, même en se forçant elle n'y parvenait pas. Peut-être était-ce... Hailey ? Abigail ? Stasey ? Ça ressemblait à un prénom de strip teaseuse. En tout cas, elle ne se reconnaissait dans aucun de ces noms. Elle était Nyx, rien que Nyx. On lui avait attribué à son entrée à Hydra, alors qu'elle n'avait encore que dix ans. Ça en revanche elle s'en rappelait bien. Elle était là, dans cette pièce blanche, la goutte au nez. Elle avait été ballotté de véhicule en véhicule, on lui avait parfois bandé les yeux et elle était terrifiée. Elle détestait le noir. Elle se souvenait parfaitement de l'homme qui était venu la voir, le Baron Von Strucker.

Enfin, elle ne pensait pas à ça dans l'immédiat. Elle était plutôt revenue dans sa chambre d'enfant, qu'elle partageait avec sa soeur... ou son frère ? Elle n'en savait rien. Elle avait un petit frère ou une petite soeur en tout cas, elle se rappelait de son lit un peu plus loin du sien. De leurs jouets sur le sol. Les crayons de couleurs usés sur des bouts de papiers déchirés où figurait une version de leur vie bien plus colorée. Elle n'a pas le souvenir d'avoir eu une mère mais se souvient de son père. Elle se rappelle presque de son visage, mais surtout de son odeur. Quelque chose entre le sapin et la sueur, et des chemises à carreaux. C'était quelque chose qui ne pourrait jamais quitter son esprit, son odeur rassurante qu'elle adorait et respirait à pleins poumons en rentrant de l'école. Son père était un bon père, ils n'étaient pas riches mais ils étaient heureux. Elle se souvenait de ce bonheur, et de leurs soirées devant leur petite télé. Elle avait grandi à Hell's kitchen, ça c'était marqué dans son dossier Hydra. Elle avait pu y jeter un coup d'œil un jour, après une énième expérimentation. Les deux scientifiques discutaient et elle en avait profité. Elle ne se souvient de rien concernant ce quartier. De rien si ce n'est de son école. Elle détestait cet endroit, elle le haïssait même. Elle aurait tant aimé le pulvériser. En vérité, c'était plutôt les élèves qu'elle détestait. Némésis a toujours aimé apprendre, un véritable génie des sciences et une capacité à retenir les choses ahurissante. Elle était une enfant très curieuse, un peu dans le genre première de la classe et chouchoute de la maîtresse. C'est ce qui a fini par attirer les foudres des autres élèves. Elle subissait moqueries sur moqueries, humiliations sur humiliations. Elle n'en a jamais rien dit à son père, elle ne savait pas trop pourquoi. Ce qui a finalement changé sa vie, c'est ce jour où ils ont décidé de l'enfermer dans le placard à balais un vendredi soir. Ils connaissaient sa peur du noir, et ils l'ont exploité. La méchanceté des enfants est bien connue, et Némésis en a été victime. C'est durant ces deux jours où son père remuait ciel et terre pour la retrouver que quelque chose changea. Une profonde noirceur s'insinua en elle, une faille entre elle et une autre dimension s'était crée.

On la retrouva néanmoins le lundi matin, les responsables furent punis et la vie reprit son cours.

Sauf que Némésis était changée. Elle était pleine de colère, de haine et se sentait plus forte. Il n'a fallu que d'une fois pour qu'un enfant se retrouve empalé sur une pique faite d'ombres. Cela avait fait du bruit, beaucoup de bruit. Elle sentait que le regard que les gens posaient sur elle avait indéniablement changé. Ils la voyaient comme un monstre, son père aussi la voyait comme un monstre. Elle-même se demandait si ce n'était pas ce qu'elle était.

Tout s'était enchaîné très vite après qu'elle ait tué ce gamin. En un rien de temps, sa vie avait radicalement changée. Elle ne contrôlait pas son pouvoir, ne le comprenait certainement pas et ne le comprend d'ailleurs toujours pas. Elle n'arriva plus jamais à créer une telle arme de son plein gré. Elles n'apparaissaient que dans des moments de parfait énervement. Et encore, ce n'était arrivé que deux fois. Elle maîtrisait bien mieux la téléportation en revanche mais n'arrivait qu'à passer d'une pièce à une autre, ou d'un bâtiment à un autre et ce en faisant un gros effort. Se perdre dans la dimension Noire l'avait toujours effrayé elle qui détestait tant l'obscurité et elle avait l'impression que si elle s'y aventurait trop longtemps, elle ne pourrait plus jamais repartir. Peut-être manquait-elle aussi de motivation, peut-être qu'une fois qu'elle le voudra vraiment, Némésis accomplira des miracles en matière de téléportation mais pour l'instant... ce qu'elle faisait au mieux était de se téléporter d'une pièce à l'autre. Au pire, elle restait simplement plantée là, les yeux fermés, comme une idiote.

Enfin, ce pouvoir intéressait tout de même Hydra qui la recruta avec plaisir. Exploiter cette mystérieuse matière était un but qu'ils n'avaient jamais atteint et si Némésis pouvait les y aider, alors ils l'utiliseraient. Elle ne sut jamais vraiment ce qu'il s'était passé, s'ils avaient tué son père ou s'il avait simplement décidé de la laisser partir. Elle optait plutôt pour la deuxième possibilité.  

Et nous revoilà dans cette chambre blanche. Aussi blanche que les nuages avant qu'elle ne s'assoupisse. Un lit, des toilettes. Rien de plus, rien de moins. Elle avait une petite fenêtre mais bien trop haute pour qu'elle ne songe à s'évader, et puis pour aller où d'ailleurs ? Elle n'était rien d'autre que l'enfant tueuse d'enfants aux yeux des habitants de New-York. Elle était peut-être mieux ici. Néanmoins ses pouvoirs ne suffisaient pas, ils étaient trop instables, trop imprévisibles et Hydra ne réussit jamais à les maîtriser. L'utiliser avait aussi des impacts négatifs sur l'enfant, elle subissait des sueurs froides, des vomissements, était consumée par l'énergie noirâtre qu'elle employait. Non pas que son sort préoccupait l'organisation, mais l'enfant commençait aussi à porter un autre regard sur ceux qui venaient lui apporter ses repas. Comme si aspirer leur énergie dans son monde de ténèbres permettait de faire cesser tous ses maux. Des expérimentations furent alors réalisées, en plusieurs étapes et en plusieurs mois. Elle avait déjà une prédisposition à l'anormal, ce qui aiderait à l'adaptation. Le but premier était de lui trouver un don que l'organisation pourrait réellement utiliser à leur avantage. Un don comme... la télépathie par exemple. Ils allaient en faire une télépathe de génie, quelqu'un qui pourrait lire les pensées des autres sans même le vouloir, aux défenses imbrisables et capable de se défendre en un battement de cils. Ils s'y employèrent dix ans. Au début, Némésis demandait après son père, sa famille. Ils lui ont répété, encore et encore, la même phrase inlassablement.

"Hydra est ta famille maintenant. Ne doute jamais de nous, tu es ici pour une bonne raison."

Elle a fini par arrêter de demander. Chaque jour était plus monotone que l'autre. Elle avait des défis quotidiens et parvenait à les réaliser presque à chaque fois. Ce n'était pas comme si elle avait autre chose à faire, dans ces grands bâtiments qui se ressemblaient tous. On l'utilisait parfois pour lire les pensées d'un membre suspecté de trahison, ou pour extorquer des informations. Elle sortait si peu qu'elle se faisait un cruel plaisir de mettre leurs esprits sans dessus dessous. C'était une des rares distractions que la vie lui offrait. Elle fut suivit par plusieurs personnes, scientifiques pour la plupart. Ils voulaient s'assurer que leur protégée marchait dans les clous, ce qu'elle faisait sans trop savoir pourquoi. Ce qu'Hydra demandait, elle le réalisait et ce sans se poser de question. Elle avait passé tant de temps enfermée dans les locaux de l'organisation, comment aurait-t-elle pu penser par elle-même ? Elle se sentait presque à la maison, y ayant passé une bonne partie de son enfance et son adolescence. Elle n'avait pas perdu son intelligence, mais elle ne s'en servait plus souvent. Il lui arrivait parfois de transgresser les règles, par petite dose cependant. Elle ne tenait pas à s'attirer le courroux de ses protecteurs, eux qui étaient si gentils avec elle. Alors bien sûr qu'ils lui faisaient subir toutes sortes de choses, que des aiguilles étaient constamment plantées dans ses bras, qu'elle était couverte d'hématomes et qu'on lui faisait prendre des douches glacées lorsqu'elle faisait quelque chose de contraire au règlement.

Mais... c'était pour son bien non ?

Le bien et le mal... encore une notion qui avait disparue à ses yeux. Qui étaient les méchants ? Elle n'en savait rien. Elle vivait recluse, n'avait jamais accès à l'information et n'avait aucune idée de ce qu'il se passait dans le monde. Elle demanda pourtant, de nombreuses fois. Elle se demandait bien pourquoi elle ne sortait pas alors que d'autres le faisait. On lui répondait qu'elle n'était pas encore prête, ou que ce n'était pas encore le moment. Les pensées des autres devenaient de plus en plus simples à déchiffrer, peut-être trop des fois. Lorsqu'elle cherchait le sommeil par exemple, il lui arrivait d'entendre les autres rêver, ou simplement penser. Cela avait manqué de la rendre folle à plusieurs reprises.

Cela prit du temps, énormément de temps, mais elle finit par maitriser la télépathie sur le bout des ongles. Durant ces années, elle croisa la route de Wanda et Pietro. Rapidement cela dit, elle n'avait pas le droit d'avoir des contacts avec les autres. Elle se rappelait parfaitement d'elle, de la vitesse à laquelle elle avait quitté Hydra pour partir se battre, ce qu'elle rêvait de faire. De plus, Von Strucker la délaissait énormément pour ses nouveaux petits jumeaux chéris. Cela l'avait mis en colère, et la colère de Némésis se faisait toujours destructrice. Cela lui valut de nombreuses corrections et son mystérieux pouvoir refaisait surface. Elle adorait la sensation que ça lui procurait, de sentir cette noirceur couler dans ses veines. Elle se calma cependant, en fut bien obligée. De toute façon que pouvait-t-elle faire à part espérer sortir de là le plus rapidement possible. Elle en avait plus qu'assez de rester enfermée, et plus le temps passait plus sa fidélité à Hydra faiblissait.

Un jour elle lut dans les pensées d'une femme qui passait alors qu'on l'emmenait à la toilette. Elle ne l'avait jamais vu, mais avait comprit qu'elle pensait aux jumeaux. À un certain Ultron aussi. Elle ne le connaissait pas. Apparemment, la petite Wanda avait retourné sa veste.

Elle ne put s'empêcher de jubiler. Et d'être secrètement jalouse aussi. Elle était libre désormais, et elle avait l'impression d'être prisonnière.

Et puis un jour, on lui fit apporter un dossier. Le dossier Némésis. Pourquoi Némésis d'ailleurs ? Elle n'en savait rien. Ils avaient du trouver que ça lui allait bien. En tout cas, ce dossier était énorme et elle avait pour obligation de tout lire. Ce qu'elle fit, dévorant chaque information qu'on lui donnait sur ce monde qu'on lui avait dissimulé durant si longtemps. Elle apprit enfin ce que signifiait le nom d'Ultron, ce qu'était les Avengers, la bataille de Sokovie, les accords de Sokovie, l'épuration du général Ross et enfin le discours du directeur du SHIELD. Le SHIELD. Elle n'avait jamais entendu ce nom avant, du moins pas à voix haute. Il était dans toutes les têtes en revanche, c'était bien dommage qu'elle n'ait pas su ce qu'il signifiait avant. En tout cas, sa haine contre Hydra ne faisait que grandir en lisant tout ça. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas été envoyé là-bas, en Sokovie. Elle était compétente et aurait pu être d'une grande aide... du moins c'est ce dont elle était convaincue. Enfin, elle attaqua la partie qui concernait la vie de Némésis. Jeune fille des plus banales ayant grandi dans l'Ohio avec sa famille, au prénom donné par sa mère en l'honneur de sa passion pour la mythologie grecque et aux pouvoirs originaux, cachés au gouvernement lors de l'épuration. Elle comprit après l'avoir lu qu'elle devrait se glisser dans la peau de cette jeune femme.

Cela lui plaisait énormément.

Némésis était un agent d'élite. Sa formation avait durée dix ans et elle avait eu le temps de perfectionner ses nouvelles capacités. On lui avait appris à mentir, à jouer la comédie. On lui avait appris à utiliser son don, et même s'il restait instable Nyx se savait capable de se défendre. Elle allait infiltrer le SHIELD, devenir cette jeune fille joyeuse et candide. Elle allait commencé à vivre, à vingt ans. Cette perspective la rendait plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été. Quant à son allégeance envers Hydra... et bien elle restait convaincue qu'elle n'aurait aucun autre foyer. Aucune autre famille. Elle était seule sans Hydra, elle n'était rien. Elle vivait pour qu'ils soient satisfaits de ses performances. Elle n'était rien qu'un pion sur un échiquier mais ne s'en rendait pas encore compte.

- Il est l'heure. Debout.

Némésis se réveilla en sursaut et mit un moment à se rappeler où elle se trouvait. Elle se souvint d'un coup de ce qui l'attendait et colla son nez au hublot de l'appareil.

C'était magnifique.

- Je peux...?

L'homme lui fit un signe de tête. Elle se précipita alors à l'extérieur, humant l'air pollué de New-York avec bonheur. On aurait dit une enfant qu'on aurait pour la première fois emmenée au parc d'attractions.

En fait elle s'en rappelait, de son prénom. Elle s'appelait Madelyn.

Mais pour l'instant... ce serait Némésis.


Sept heures. C'était trop tôt pour se lever, sept heures. Qui avait décidé d'entamer des études de psychologie déjà ? Ah oui, elle. Ça l'avait amusé sur le moment, de s'imaginer lire dans les pensées de ses patients. Et puis ça lui faisait une bonne couverture. Elle n'avait pas demandé son avis à Hydra mais ils n'en auraient surement rien à faire de savoir que leur petite espionne se payait des cours de psychologie.

Elle se sentait presque normale. Ça avait quelque chose de bon. Elle s'était liée d'amitié avec ses collègues, ses enseignants, sortait parfois avec eux et apprenait à se servir de son pouvoir. Elle gardait tout de même à l'esprit que tout ça était éphémère, mais ne pouvait s'empêcher d'apprécier ce moment. Ce moment où elle se sentait presque comme une héroïne. Elle savait qu'un jour sa couverture tomberait et que tous ceux qu'elle considérait comme ses amis la laisseraient tomber, se sentiraient trahis. Mais elle ne préférait pas y penser. Elle vivait enfin sa jeunesse comme elle aurait du le faire depuis des années. Alors bien sûr, elle était une toute autre personne lorsqu'elle était avec ses collègues. Une personne drôle, enthousiaste pour tout et rien, quelqu'un de bien et sans histoire. Rien à voir avec la jeune femme dévorée par la colère qu'elle était il y a quelques années, ou à celle qu'elle devenait lorsqu'elle rentrait chez elle. Calculatrice, manipulatrice, sans coeur. Elle ignorait qui elle était vraiment, et à quel moment elle jouait la comédie.

Elle se leva enfin avec un grognement au bout de la troisième alarme. Elle n'avait plus de café en plus.

Fais chier.

Elle se dirigea vers la salle de bain, prit une rapide douche, s'habilla de ce qui lui tombait sous la main et prit une pomme en guise de déjeuner. Elle sortit après ça et s'arrêta au pas de la porte pour observer leur soleil qui brillait durement ce jour là. Ils avaient bien failli ne plus le voir, ce soleil... cela l'avait drôlement peiné, elle qui détestait tant l'obscurité.

Enfin, peu importe. Rien ne pouvait lui arriver pour l'instant. Il s'agissait d'une si belle journée ensoleillée.