Maya Lopez - The silence between the notes

écrire ici l'histoire de votre personnage en un minimum de 500 mots. Nous vous demandons d'intégrer les événements du MCU (attaque des chitauris, accord de Sokovie etc...) ainsi que les contextes du forum (l'épuration anti-anormaux, la chute du général Ross et la grande nuit noir). N'hésitez pas à décrie où était votre personnage, comment a-t-il vécu ces épisodes dans sa vie et les potentielles conséquences sur sa vie, son entourage ...

New-York. 
 
De nouveau, New-York. 
 
Maya leva les yeux vers le ciel gris de pollution de cette fabuleuse ville et fronça le nez. Le voyage en métro avait été brutal, elle avait oublié que vivre en ville signifiait aussi vivre proche des autres. Brutal oui, elle avait un instant regretté les plaines de d'Arizona avant de se rappeler pourquoi elle était là. 
 
À New-York. 
 
Une nouvelle fois. 
 
Elle avait décidé de vivre. De vivre pour de vrai, de vivre sans l'influence d'un père mort, sans celle d'un père adoptif qui l'avait manipulé et toujours sans celle d'un homme qui l'avait abandonnée. Elle avait décidé de vivre pour elle seule, rien que pour le plaisir de vivre. Sans autre but véritable que celui de se reconstruire et de mener une fois pour toutes la carrière artistique qu'elle méritait. Elle ignorait encore ce qu'elle ferait, peut-être passerait-elle des auditions pour un ballet... ou bien artiste de rue. Peut-être même musicienne. Et pourquoi pas les trois à la fois finalement ? 
 
Elle fut tirée de ses rêveries par un gros lourdaud qui la bouscula violemment, manquant de lui déboîter l'épaule au passage. Il lui dit quelque chose, qu'elle ne put comprendre. Ses lèvres allaient trop vite, la confrontation était trop rapide. 
 
- Hey ! 
 
L'inconnu ne se retourna même pas. 
 
- Connard. 
 
Une insulte qu'elle dit, pense, mais n'entend pas. 
 
Car Maya vit dans le silence. Un silence entre deux notes de musique. Maya vit dans un monde radicalement différent du notre. Un monde définit par les couleurs, les vibrations, les formes, les mouvements, les expressions... 
 
Pas les sons. 
 
D'humeur d'un coup bien plus ronchonne, la jeune femme se fraya un chemin entre les passants bien trop nombreux en ce début de matinée. Elle était déjà fatiguée par l'agitation de cette ville surexcitée, mais devrait s'y habituer. À nouveau. 
 
Elle entamait aujourd'hui la première partie de son plan. Sa reconstruction, ou du moins son grand bilan. Elle avait entendu que c'était utile, même si elle n'y croyait pas vraiment. Elle avait pourtant décidé de laisser sa chance à cette psy de Manhattan bien trop chère pour les services qu'elle proposait. Elle espérait au moins avoir le thé et les petits gâteaux à ce prix là. 
 
Mais c'était son premier jour à New-York, et elle voulait faire les choses bien. 
 
Elle avait un peu raté son arrivée, dans cet hôtel miteux d'Hell's Kitchen. Au fond, ça ne la dérangeait pas, mais elle devait avouer qu'elle avait déjà vu plus glorieux. Peu importe, elle avait un endroit où dormir. Les cafards n'étaient qu'un détail. 
 
Le cabinet de cette Mme. Thompson était plutôt agréable. Tout y était harmonieux, uniforme, logique. Il y avait des magazines concernant la psychologie sur la table, soigneusement disposés pour faire croire à une négligence mais pas assez pour que ce soit naturel. Les sièges étaient de la même couleur que les murs et semblaient confortables. Ils l'étaient en fait, Maya put s'en rendre compte lorsqu'elle s'y assit. La brune tapota son genou, découvert par son jean à cet endroit. Toute sa garde robe était usée, limée, consommée par ses aventures rocambolesques mais ô combien divertissantes. Ça faisait quelques années maintenant, elle se promit d'en acheter de nouveau bientôt. 
 
- Mlle. Lopez ? 
 
Maya ne se retourna pas vers la fameuse Mme. Thompson. Elle observait la lumière qui filtrait par la fenêtre. Incroyable, le soleil avait finalement réussit à percer à travers ces épais nuages. Au moins à un endroit. 
 
Incroyable. 
 
- Maya ? 
 
Cette fois, elle se retourna. Elle n'avait toujours pas entendue, mais avait senti la main de sa nouvelle psychologue sur son bras. Elle avait failli lui envoyer son coude dans le nez d'ailleurs. Elle se reprit, en comprenant la situation. 
 
- Oui, pardon. 
 
Elle se leva, un peu penaude mais pas assez pour ça se voit. Elle suivit la quarantenaire blonde, qui avait un peu l'air d'une maman bienveillante mais tirée à quatre épingles à qui l'on pouvait confier tous nos secrets. C'était exactement ce dont elle avait besoin, se confier. Faire le point.
 
- Installez vous, je vous en prie. 
 
Elle ne se fit pas prier longtemps. Maya s'assit sur l'imposant fauteuil, identique à celui de son psy qui suivit son propre conseil. Elle resta quelques instants à observer la pièce sans rien dire, se fichant un peu de savoir si oui ou non la fameuse Mme. Thompson lui posait une question. Il y avait une grande horloge sur le mur, elle semblait lourde. Maya se demandait quel bruit elle faisait. Il y avait aussi un grand bureau, où un carnet siégeait au centre, un stylo plume était posé quelques centimètres à sa droite, il y avait une photo, mais elle ne savait pas de quoi, et une plante verte. 
 
D'un ennui mortel. 
 
- Vous êtes sourde, n'est-ce pas ? 
 
Elle avait tourné la tête suffisamment vite pour lire la question de Thompson. Elle ne put s'empêcher de rouler des yeux. 
 
- Non, je fais semblant de ne pas vous entendre. Et vous, vous êtes psy non ? 
 
Elle pouvait quasiment savoir quelle vie elle menait. Une vie bien rangée sans aucun doute. Peut-être avec une épouse ou un mari, mais pas d'enfant. Elle avait un chat, qu'elle n'oubliait jamais de nourrir et qui était aussi gros qu'un lynx, mais en moins gracieux. Un nom à la con d'intello, du type Héraclès ou peut-être Némésis. Une référence à la con à la mythologie grecque pour étaler ses connaissances à la con et se servir des trucs appris en option latin/grec au secondaire. 
 
Des préjugés certes, mais elle avait appris que si les préjugés existaient, c'était pour une bonne raison. Les gens finissaient toujours par devenir ce qu'on voulait qu'ils soient, ce que la société voulait qu'ils soient. Un bandit, c'est comme ça qu'on voyait son père avec sa tête fiché amérindien. C'est ce qu'il a fini par devenir. 
 
La psy sourit, pas parce qu'elle était amusée, plutôt parce qu'elle n'avait pas d'autre choix. C'était soit le sourire, soit l'indignation. 
 
- Oui, c'est bien ça. Vous en avez souffert ?
 
- Non. 
 
Une réponse sincère, même si inexacte. Maya n'avait pris conscience de son handicap que lorsqu'on lui avait dit que c'en était un. 
 
- Ils pensaient que j'étais débile au début. Mon père savait, je crois, mais il m'a jamais fait passé d'examens. Mon tuteur m'a placé dans une école pour enfants déficients mentalement, puisque je ne disais rien. Au final j'ai fini dans une école pour petits génies. 
 
Elle n'en tirait aucune fierté, elle aurait pu finir sa scolarité dans cette école pour débiles, Fisk ne se serait jamais intéressé à elle, elle serait encore muette aujourd'hui et bien moins brisée et trahie que maintenant. Mais il a fallu qu'elle joue ce morceau au piano. À la perfection, alors qu'elle n'avait jamais touché cet instrument auparavant. Il avait fallu qu'elle étale ses compétences, de la même manière que sa psy avait appelé son chat Héraclès. Ridicule et terriblement humain. Elle avait alors été de nouveau examinée, diagnostiquée sourde et surdouée. Là encore ils se trompaient. Maya était bien sourde, mais certainement pas surdouée. Dotée d'une mémoire extraordinaire oui, mais surdouée non. Elle grandit pourtant entourée par ces gamins extraordinaires, avant d'être formée au combat. À combattre. À se servir de sa haine pour tuer, pour tuer Daredevil. Toutes ces années, elle n'avait pensé qu'à ça. Cela avait été son obsession, avait visionné des dizaines de vidéos où l'on voyait sa cible se battre avec ses adversaires. Elle avait appris leurs techniques, leurs mouvements. Elle avait tout mémorisé et s'en était servi par la suite. 
 
- Votre tuteur ? 
 
Le sujet qu'il ne fallait pas aborder, même si Maya ne l'évoquait plus avec la même douleur dévorante qu'auparavant. Cela restait un tabou, quelque chose qu'elle évitait comme la peste. Son père, ou plutôt sa mort, et ce qui avait causé sa perte.
 
- Oui, mon tuteur. Un problème peut-être ? 
 
Elle se renfrogna, comme une petite fille que l'on dispute. Ses yeux ambrés foudroyèrent d'ailleurs la pauvre Mme. Thompson avec haine. C'était simplement évident à ses yeux. Elle avait un tuteur car son père était mort, et avait laissé sur son visage l'empreinte sanglante de sa main comme dernier souvenir. Elle l'avait gardé longtemps, jusqu'à ce que le sang sèche sur sa peau, qu'il s'effrite dans sa main et qu'elle sente son odeur acre et métallique, son gout dans sa bouche. 
 
- Aucun, Mlle. Lopez. Vous l'aimiez bien ? 
 
"Je l'aime toujours." 
 
Dure vérité, qui ne voulait pas sortir et qu'elle n'arrivait pas à admettre. Oui, bien sûr qu'il avait été son idole. Son sauveur. Son guide dans cette vie qui n'avait fait que la perdre. Mais aujourd'hui, aujourd'hui qu'elle savait ce qu'il avait fait. Aujourd'hui qu'elle savait que Wilson Fisk n'était rien d'autre qu'un fléau pour cette ville qui l'avait utilisé dans le but d'éliminer son pire ennemi, Daredevil. Qu'il lui avait menti toute sa vie, lui affirmant qu'il s'agissait du meurtrier de son père. Alors qu'en réalité... 
 
C'était lui. 
 
Bourreau et sauveur à la fois, elle ne pouvait se résoudre à le détester. 
 
- Il m'a menti. Il m'a trahi. Je lui ai tiré une balle entre les deux yeux. 
 
Cette fois, une vive inquiétude prit place sur le visage d'Eleanor Thompson. Avait-elle peur pour sa vie ? Maya n'aurait su le dire. À cet instant, sans doute un peu oui. 
 
- Vous vouliez sa mort. 
 
Ce n'était pas une question, mais Maya ne put s'empêcher de lever une nouvelle fois les yeux au ciel. 
 
- Non. J'espérais que le plomb lui fluidifierait le sang. Oui, je voulais le voir mort. Il ne l'est pas. Il est en prison. Vivant, et aveugle. Il m'aime toujours comme sa fille, figurez vous. 
 

Il était là, il se tenait devant elle. Toujours aussi imposant. Toujours aussi vivant. Marqué par son séjour en prison et la trahison de sa fille adoptive.

Marqué. Définitivement.

Elle ne savait pas pourquoi elle était là. Elle ne savait pas. Mais elle avait appris qu'il était vivant et elle ne pouvait pas simplement faire comme si elle ne le savait pas.

- Ne t'ai-je pas soutenu ? N'ai-je pas financé tes études conformément à la dette que j'avais envers ton père ? Si.

Le Caïd fit une pause, rapide. Maya était pétrifiée.

- Est-ce que je t'ai manipulé comme un pion sur l'échiquier de mes ennemies ? Oui, je l'ai fait.

Son regard était intense, persuadé, sûr de ce qu'il était et de ce qu'il avait fait. Tout ce qu'elle aurait aimé être.

- Est-ce que je t'en veux d'être en colère contre moi ?

Ce n'était pas de la colère. C'était de la rage. Une rage, pure, violente, triste.

- Non. Non. Ce n'est pas le cas. Ce que j'ai fait avec toi, et ce que je faisais avec ton père n'était rien d'autre que du business. Juste, du business.

Elle sentit son cœur éclater dans sa poitrine. Elle voulut se lever, mais ses jambes étaient clouées au sol.

- Mais il y a un hic. À ma manière, j'ai pris soin de toi, Maya. Autant que possible, j'ai essayé.

Elle ne pouvait pas dire le contraire.

- Je t'aimais comme ma fille.

Elle n'ouvrit pas la bouche. Elle ne l'avait pas fait. Elle resta un moment assise, à le contempler, et quitta la pièce.

Elle avait neuf ans, quand son père était mort.  

C'était après son grand voyage, son premier retour à New-York. Elle avait eu besoin de ça, après avoir appris la vérité sur la mort de son père, sur la véritable identité de celui qu'elle avait tenu pour son meurtrier si longtemps et de qui elle était malheureusement tombée amoureuse. 

 - Ça me fait une belle jambe tiens... 
 
Il avait changé le cours de sa vie, elle ignorait si c'était en bien ou en mal. Elle avait eu le temps d'y réfléchir durant ces derniers jours, dans cette réserve, aux côtés des amis de son père et du célèbre Wolverine. Il l'avait guidé dans ses visions, l'avait aidé à les comprendre. Elle s'était questionnée, en long en large et en travers, avant de comprendre que ça ne servait à rien. C'était fait, elle ne pouvait rien changer. 
 
- Je suis partie quand j'ai appris son mensonge. J'ai beaucoup voyagé. 

Deux ans. Deux ans de voyage, où elle avait parcouru le monde entier, en passant par la Russie, l'Inde, l'Allemagne, la France... autant de bons souvenirs qui lui apportaient du réconfort à chaque fois qu'elle y pensait. Et la faisait sourire aussi, un peu. C'était assez rare.

- Et puis je suis revenue. Pour finalement repartir quelques jours après.

Forcément, elle avait appris que Fisk n'était pas mort et que Matt s'était consolée avec une jolie jeune femme.

Aveugle.

Ça faisait un peu beaucoup.

- Je suis désolé Maya, les choses sont différentes maintenant. Je suis content que tu sois au courant de tout désormais, mais je pense qu'il vaut mieux que tu sois hors de la ville pour l'instant. Les choses se sont compliquées.

- Je ne peux pas lire sur tes lèvres quand tu es dos à moi.

Et il le savait. Alors il se retourna.

- J'ai dit, que les choses se sont compliquées.

Elle était déjà excédée. Fatiguée par ses arguments bateaux, qui ne voulaient rien dire.

- Je sais, c'est compliqué. Mais c'est le passé. C'était la faute de Fisk. Maintenant, il est hors du tableau. Tu ne penses pas qu'on pourrait se donner une nouvelle chance ?

Non, il ne le pensait pas. Et elle le savait.

- Ça sonne comme la seule chance qu'il me reste.

Elle se rapprocha de lui, alors qu'ils n'étaient déjà pas très loin l'un de l'autre. Elle fit un pas, il ne recula pas.

- Ça sonne comme la dernière chose qui ait du sens...

Un nouveau pas, leurs nez se touchaient presque, et il battit en retraite.  

- Maya... je suis avec quelqu'un.

- Je n'ai pas compris.

- Si, tu as compris.

Elle avait compris.

- Maya, tu es partie et tant de choses se sont passées. Mon monde entier s'est écroulé autour de moi. J'ai dû le reconstruire.

Sans elle. Il avait dû le reconstruire sans elle. Voilà ce que ça voulait dire.

- Qui ?

C'était puéril, elle le savait bien. Et elle n'en avait rien à faire.

- Tu ne la connais pas et ce n'est pas de ça dont je parle.

Peut-être qu'il n'en parlait pas, mais elle...

- C'est la rousse que j'ai vu avec toi, c'est ça ?

- Ne fais pas ça.

- C'est cette fille, aveugle, que j'ai vu sortir de ton appartement.

- Maya...

Mais Maya se fichait bien de ce qu'il pouvait ressentir. Elle avait mal, elle était en colère. Elle était partie, elle ne s'attendait pas à ce qu'il l'attende, mais...

Si, au fond, elle s'attendait à ce qu'il l'attende.

Mais il ne l'avait pas fait.

Et elle avait mal.

- Tu passes d'une sourde à une aveugle ? C'est quoi ton problème ? Tu te rends compte à quel point t'es tordu ?

Matt ne répondit pas et elle fit de son mieux pour se calmer. Au fond c'était sa faute. Sa faute à lui.

- Fisk.

Il avait gâché sa vie. Il était en prison désormais, mais ne le resterait pas longtemps. Il s'en sortait toujours. Il s'en sortait une nouvelle fois.

- Oublie-le.

- Il aura le dernier mot sur celle là, hein ?

- Il n'est plus un problème.

Il en serait toujours un, pour elle.

Elle avait pris la décision de lui rendre visite après son entrevue avec Matt. Elle l'avait regretté. Elle était profondément perdue, ne savait plus où aller, vers qui se tourner. Matt était passé à autre chose et elle... elle s'était éloignée de New-York et de ses problèmes

- Je me suis installée quelques semaines dans la réserve de mon père, enfin... celle d'où il venait à l'origine.

Elle n'évoqua pas ce qu'elle y avait fait, parce que ça ne regardait personne. Elle avait eu l'impression de quitter la civilisation pendant des années, de partir loin, terriblement loin. La quête de vision, c'était son nom. Les hallucinations qui l'avaient persécutées durant ces nuits orageuses... ça l'avait apaisé. Ça l'avait guidé, montré le chemin à suivre.

Le bon chemin.

Aussi étrange que ça puisse paraître, Maya avait finalement été sauvée par Wolverine et un ami proche de son père.

Définitivement étrange.

La pluie, sonnait comme du jazz dans sa tête.

Une silhouette se tenait devant elle. Elle dut utiliser toutes ses forces pour se redresser, et elle n'en avait plus beaucoup. Elle se sentait lourde, tout paraissait irréel, flou.

La pluie battait si fort dans sa tête.

S'il lui parlait, il faisait trop sombre pour qu'elle le sache.

Et les éclairs lui montrèrent son visage.

Wolverine.

Après ça tout était devenu sombre et l'orage frappait son corps comme on frappe un tambour. Elle ne l'entendait pas, elle le sentait, comme un impact.

Encore.

Et encore.

Et encore.

- Enfin... j'ai pris conscience de beaucoup de choses là-bas. J'ai réalisé que... je devais agir pour le bien. Pour ce qui me semble bien.

La blonde griffonna quelque chose sur son carnet qu'elle avait dû attraper pendant que Maya parlait. Ça ne lui plaisait pas, mais elle ne lui fit pas remarquer. Même si ça ne se voyait pas vraiment au premier abord, Maya avait mûrie. Elle savait faire la part des choses, elle prenait sur soi. Logan lui avait appris des choses, sur lui, sur elle. Il lui avait fait comprendre qu'elle n'avait aucun intérêt à se battre contre elle même.

Alors elle ne luttait plus.

- Et puis pour moi surtout. Rien que... pourquoi est-ce vous notez vos machins pendant que je parle ? Vous êtes pas censée m'aider à y voir plus clair ou un truc dans le genre ?

Oui, elle ne luttait plus, mais elle restait Maya. Maya Lopez. La fille qui a mordu la main d'un de ses camarades en primaire parce qu'il lui avait piqué sa gomme, celle qui avait craché au visage d'un autre qui l'avait traité de demeurée et celle qui faisait la leçon au Caïd et à Daredevil. Elle était une colère brûlante, fugace, sournoise, imperceptible au premier coup d’œil, mais bien présente.

Maya Lopez. Ou du moins son écho.

- Je ne fais que prendre des notes.

Peut-être, mais ça ne lui plaisait pas. Avec un soupir, Maya prit sa veste et se leva. C'était bien dommage, elle y avait cru un rapide instant.

- Merci quand même.

Elle n'en garderait aucune haine. Cette femme n'était pas mauvaise, elle était simplement comme les autres. Elle prenait des notes. Elle prenait des notes au lieu de lever les yeux et de regarder tout simplement. De constater. D'apprécier. De dialoguer. Elle souhaitait à ses personnes là de ne jamais perdre ce qu'ils avaient et considéraient comme acquis. La vue. L’ouïe. Ces choses essentielles dont ils ne profitaient pas et qui manquaient tant à ceux qui ne les avaient plus. Si ça leur arrivait, ils comprendraient tout ce qu'ils avaient ratés. Ils comprendraient et souffriraient. Elle ne souhaitait cette souffrance à personne.

- Une dernière chose...

Maya hésita un instant, elle savait que c'était très déplacé. Qu'elle ne devrait pas.

- Il s'appelle comment, votre chat ?

Mme. Thompson hésitait. Elle ne comprenait pas. La regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes.

- Je...

- Le nom. Du chat.

La thérapeute finit par baisser les armes, et haussa les épaules.

- Ulysse.

Presque.

La brunette s'échappa du cabinet, un sourire éclatant aux lèvres. Le ciel de New-York était gris, mais c'était le plus beau qu'elle n'ait jamais vu. Il était gris, mais il faisait rayonner ses habitants. Il avait pu être si sombre auparavant, avec cette horrible purge, les affrontements qui y étaient nés, toutes les catastrophes qui lui étaient tombés dessus. Malgré tout ça, elle tenait encore debout. Ses habitants aussi.

Elle aussi.

Peu importe comment, peu importe pourquoi. Elle tenait. Elle tiendrait encore longtemps. Aussi longtemps qu'elle aurait envie de vivre, de défendre ceux qui le méritaient, les causes qui le méritaient, les gens qu'elle aime. Elle tiendrait.  

« Mon nom est Maya Lopez. Je ne suis pas sûre d'être encore cette personne. Les journaux m'appellent Echo. C'est comme ça que je me sens... un écho. Ceci est mon histoire. »