Puisque la Mort est INÉVITABLE, OUBLIONS la...

écrire ici l'histoire de votre personnage en un minimum de 500 mots. Nous vous demandons d'intégrer les événements du MCU (attaque des chitauris, accord de Sokovie etc...) ainsi que les contextes du forum (l'épuration anti-anormaux, la chute du général Ross et la grande nuit noir). N'hésitez pas à décrie où était votre personnage, comment a-t-il vécu ces épisodes dans sa vie et les potentielles conséquences sur sa vie, son entourage ...

« Depuis quand est il là ? » « Je crois qu’il n’est pas sortie depuis qu’on l’a mise là. Elle lui manque. » « Combien de temps ça a duré pour maman ? » « Il ne s’en est pas remis, encore aujourd’hui. » « Ne dis pas ça, il doit se relever. Il a des choses à accomplir, du travail à faire. » « Tu crois que je ne le sais pas Aileene ! Va le lui dire toi ! Va lui dire qu’il doit arrêter de pleurer notre soeur pour aller juger des connards comme celui qui l’a tué ?! » « Arrête Matthias ce n’est pas ce que j’ai dit ! » « Si c’est ce que tu as dit, c’est exactement ce que tu as dit ! » «Je disais juste que » … « Pardon… »

Le silence se fait, entre le frère et la sœur, une ombre blanche les sépare accompagnée d’un molosse gris. La jeune femme, leur cadette passe en tenant un plateau.

« Eil’ qu’est-ce que tu fais ? » Elle se retourne et leur sourit, innocente et douce. «Vous préférez vous chamailler pour savoir qui de vous deux va obliger papa à sortir d’ici, je préfère m’assurer qu’il mange au moins un peu. Nous ne vieillissons pas mais nous ne sommes pas immortels. Il doit se nourrir vous ne croyez pas ? » « Si si bien entendu Eilis, vas-y. » « Je n’attendais pas ta permission Matthias. » Son sourire est tendre, radieux. Comme flottant sur le sol, elle approche de l’ombre noire. Agenouillé face à deux gisants de marbre, l’homme est lui même semblable à une statue. La jeune femme pose un plateau sur une table ronde non loin de lui.

« Tu ne pourras pas les ramener le ventre vide papa, tu dois manger, viens. » Elle glisse sa main dans la sienne. Il s’en saisit et se laisse guider jusqu’au fauteuil qu’il a lui même installé. Il veille et pleure ses morts. Le chien s’assoit à ses côtés, droit et sévère. Sa fille s’assoit à ses pieds Sa main tremblante se pose sur sa tête. A la porte ceux qui l’observaient se regardent et finalement entre à leur tour. Son regard se pose sur eux. Sombre, d’un noir insondable, impénétrable.

« J’ai entendu votre querelle, si vous me croyez sourds vous êtes êtes tous les deux des idiots. » « Pardon papa, nous nous inquiétons juste pour toi. » « A juste titre ! » « Papa ils ont retrouvé l’homme qui a fait ça, tu ne veux pas aller le voir ? » « Pourquoi faire ? » « Je ne sais pas, au moins savoir qui va le défendre pour voir si nous pouvons agir. » « Tu n’as pas à t’inquiéter de cela. Je m’en suis déjà chargé. »

Voilà trois jours que j’ai perdu ma fille. Un homme lui a tiré dessus au détour d’une ruelle. Elle n’a pas eu le temps de se défendre, pas eu le temps de réagir, je ne sais pas si elle a pu utiliser un des sorts que je lui avais appris pour tenter de se défendre. Il a fuit, après avoir laissé un mot sur son cadavre encore chaud. “Parce que tu as enfermé un innocent” Innocent… Quel mot déformé et corrompu. Seul un nouveau né peut se vanter d’être innocent. Même elle ne l’était pas. Mais elle ne méritait pas la mort. J’ai traversé des siècles et bien des batailles. J’ai bien eu des enfants qui ne sont jamais venus au monde, qui n’ont vécu que quelques heures avant de s’éteindre, mais c’est la première fois que je perds un enfant. Elle avait 17 ans et le monde s’offrait à elle. Elle avait 17 ans et à payer le prix de mes choix en tant qu’homme. Je les ai tous préparé à affronter les mondes occultes. Je n’avais pas pensé à une arme. Une arme bruyante et sale. Une balle qui l’a pénétré en plein coeur, ne lui laissant pas le choix de la vie ou de la mort. Maintenant la maison est vidée de ses cris, même si nous n’avons rien touché. Elle reviendra d’entre les Morts, je m’en suis fait le serment. Je n’ai pas réussi pour leur mère, aujourd’hui il est trop tard. Pour elle, je n’ai plus une seconde à perdre.

« Nikolai, qu’est-ce que tu fais à cet arbre ? » « Je sais je sais, je ne devrais pas lui faire du mal, mais Siobhán notre fils va naître, il lui faut un lit où il pourra dormir, où nous pourrons le bercer. Cet arbre, est son berceau je le sais ! Il me l’a dit ! »

Je revois son sourire, sa main se poser sur l’arbre avant qu’elle ne m’attire à elle, sa main posée sur mon visage. Elle est tellement belle que je me noie dans ses yeux bleus et me laisse faire. Ma main se pose sur son ventre arrondi. Dans quelques heures, quelques jours notre premier enfant viendra au monde. Je n’ai pas encore 26 ans, elle n’a pas encore 21 ans mais nous sommes les parents les plus heureux du monde. Tout se déroulera bien, les esprits veillent sur nous. Nos ancêtres aussi. j’habite Salem, une petite ville dans laquelle j’ai moi-même grandi, où je l’ai rencontré elle, où nous nous sommes mariés et où nous allons élever nos enfants. Nous sommes vu comme un couple “gentil” mais étrange. Nous nous entendons bien avec ceux qui nous entourent. J’ai suivi des études, et à cette heure je vais devenir avocat. Je suis la fierté de mon père et ma jeune épouse me supplie déjà de ne défendre que des innocents pour ne pas souiller mon âme qu’elle juge bien plus pure que la sienne. Elle est mon rayon de soleil, ma lumière et mon paradis. Alors je lui obéis aveuglément. Mes parents sont de son avis. Ils savent détecter cela. Nous avons un don en commun Siobhán et moi. Nous sommes ce que nous appelons des Sorciers. Elle est issue d’une famille de druides, la mienne manipule les arts mystiques depuis des générations. J’ai fini mon anciennement à Kamar-Taj auprès de l’Ancienne il y a de cela 6 ans. Elle a dit que j’avais appris ce que j’avais à savoir, que je ne pouvais pas rester là. J’ai cru lire de la peur dans ses yeux, mes parents ont simplement dit que tous ne devenaient pas disciples. Qu’autre chose m’attendait. Autre chose ? C’est elle et ce ventre rond qui se contracte sous mes mains. Je ne regrette pas d’être parti de là-bas, je n’aurai pas rencontré Siobhán sinon. Je rentrais chez moi. Des hommes avinés voulaient s’en prendre à elle. Je n’ai pas détourné le regard, j’ai frappé malgré leur force à eux. J’ai récolté une épaule démise, et son amour inconditionnel. Aujourd’hui nous allons mettre au monde notre premier enfant, ensemble, chez nous, parce qu’il doit en être ainsi.

« Tu penses qu’il sera condamné à quoi » « Perpétuité incompressible au mieux pour nous. Trente ans au mieux pour lui. » « On devrait habité en Idaho ou je ne sais pas où. Il serait déjà mort à cette heure. »

Il a le regard de sa mère, et ma cruauté parfois. Je sais que c’est devenu un homme bon, comme sa mère. Seules ses pensées s’autorisent à de telles espérances, cette nuit il priera probablement ses ancêtres pour demander pardon. Matthias. Mon seul et unique fils. Bercé par un arbre est devenu un homme juste. Il a suivi les pas de sa mère, et préserve son héritage. Il n’a pas choisi le droit comme moi, mais la médecine. Il dit qu’on ne peut ramener les morts à la vie. Je sais que c’est un message qu’il me lance. Mon pouvoir ? Il ne l’aime pas, il n’y voit que le funeste, “on ne peut pas lutter contre la mort,one ne doit pas lutter” ce sont ses mots. Je ne les aime pas. La Mort est une notion abstraite que lui même a déjoué, certes il n’a pas le choix, mais c’est ainsi, nous sommes la preuve que la Mort peut être défiée.  Je l’observe silencieux et le revoit enfant. Il riait tellement. Aujourd’hui il ne rit presque plus. Ou alors je n’y fais plus attention. Je m’en veux.

« J’ai si mal Nikolai ! » « Pousse une dernière fois Sio’ je te jure que je vois sa tête ! »

J’entends son cri se mêler à celui de notre nouveau-né. Matthias dort dans le salon. A l’étage j’aide ma jeune épouse à mettre au monde notre second enfant. Une petite fille. Elle a le plus beau visage qui m’est été de voir, son regard est déjà si sombre mais une réelle douceur se dégage d’elle. Même son pleure n’est qu’un murmure. Neuf mois la différencie de son frère. Nous ne l’attendions pas, mais comme son frère je l’aime d’un amour profond et sincère. Je suis là, épaté de pouvoir mettre au monde cet être si parfait. Mon épouse elle me sourit. C’est contre son sein que je dépose Saoirse, mes lèvres sur le front de Siobhán je souris, heureux et épuisé à la fois. Une nuit de pleine lune, en Mai, elle dit que c’est le meilleur des présages. Je la crois, de tout mon être. Dans le salon notre fils pleure à son tour. Il veut retrouver la chaleur de sa mère, rencontrer sa soeur. Depuis lors on ne les a plus jamais séparés.

« Papa ! papa ! Tituba a été arrêtée !! » « Quoi ? » « Ils ont arrêté Tituba. La petite Parris hurle partout que c’est une sorcière. Nikolai s’ils découvrent… » « Ils ne découvriront rien » « Mais si elle parle ?! » « Sio’, on connaît Tituba, tu sais qu’elle préférerait mourir plutôt que de dire que nous sommes des mages. Reste à nous de garder le silence, et d’éviter de faire voler des papillons de papiers partout dans cette maison ou dans la rue, compris vous deux ? »

Sur mes genoux Saoirse rit de ce rire de bébé, doux et songeur. Matthias lui se blottie contre sa mère. Le procès de Salem vient de commencer, nous sommes à l’aube d’un tournant dans nos vies. Une véritable chasse dont nous sommes sortis, non sans mal.
Voilà deux ans qu’un mal commence à ronger Siobhán. Elle disait que son âme n’était pas pure, Aujourd’hui son corps s’en imprègne, avec lenteur. Elle va mourir, elle le sait, elle ne sait pas quand c’est là toute la question. Moi je refuse qu’une telle chose lui arrive. Alors je ne dis rien, mais je me détourne de la magie blanche, j’apprend d’autres arts. La Mort m’obsède et m’attire. Je veux la guérir, je veux vaincre cette maladie qui va m’enlever à elle. Je refuse que cela arrive. Mais avec l’arrestation de Tituba, et les déclarations de la fille et de la nièce du révérend Parris, mes projets doivent se stopper. Je dois protéger les miens. Je dois aussi défendre ma communauté.

« Maître Allister, nous avons besoin de vous. »

Besoin de moi ? ils veulent que je confirme que les crises de convulsions de ces fillettes ne sont pas le fait de maladie mais bel et bien de sorcellerie. Nos sorts ne causent pas cela, Je le sais. Je ne veux pas y aller, mais ma jeune épouse, bien plus raisonnable que moi me demande de le faire. Je dois m’assurer que Tituba ne prononcera pas nos noms. Lorsqu’elle me voit entrer dans la salle d’interrogatoire elle me regarde et baisse la tête. Elle lit dans l’avenir et dans les âmes. Je crois maintenant qu’elle savait ce que j’allais devenir. Que je lui faisais peur. A l’époque j’ai cru qu’elle voulait me protéger. Mais ce n’était pas moi qu’elle protégeait, c’était ma femme et nos enfants. Mon nom lui brûlait probablement les lèvres. Elle en a donné d’autres et s’est sacrifiée. Elle mourra sept mois plus tard. J’étais présent au tribunal quand Elizabeth et Abigaël simulèrent leurs crises de transes et de convulsions. Mon regard s’est posé sur cette femme qui a rit. J’ai alors compris que la folie allait éclater en ville. On m’a demandé de défendre les enfants. J’ai refusé. On a mis cela sur le compte de ma jeunesse, de mon inexpérience, on a dit que je ne voulais pas défendre les innocents. Mais elles n’étaient pas innocentes. Je l’ai vu dans leurs yeux. Tout cela n’était qu’un jeu, elles voulaient se divertir et sortir de leur ennui. Siobhán fut soulagée de savoir que je ne prendrai pas part à tout cela. Mes mes ambitions étaient toutes autres. Je voulais nous sauver, protéger ma famille. Je devais faire revenir le gouverneur Phips. Il en était de l’avenir de ma famille. De la sienne aussi. Sa femme était accusée et cette fois on allait juger une vraie sorcière. Personne ne le savait.

J’ai longtemps correspondu avec lui, les autres sorciers de la ville et des villes voisines elles aussi frappées par cette folie. Nous n’avons pas besoin de nous le dire, nous nous reconnaissons. Nous savions que des sacrifices étaient fait à cause de notre immobilisme, mais nous n’avions pas le choix. Et pour une fois peu importait les arts qui étaient les nôtres, blancs, noirs, maléfiques ou bénéfiques, nous étions tous d’accord. Nous devions y survivre pour éviter que cela ne recommence. Nous avons survécu, et nous traverserions les siècles pour en témoigner. Notre descendance aussi. La Malédiction de Salem venait d’être lancée sur nous et les nôtres. Nous n’avions pas le choix, et en un sens, cela a permis à Siobhán de survivre un peu plus longtemps.

L’année qui a suivi, j’ai participé sans crainte au contre procès. Cette fois je défendais les réelles victimes, les accusés de sorcellerie, morts ou vivants, et prouvait combien les erreurs commises avaient été énormes. Je permettais à 150 personnes de retrouver la liberté, innocentées des crimes dont on les avait accusé, blanchis parce qu’il n’y avait que cette vérité, mais cela ne suffisait pas. Ces enfants avaient fait tuer trente personnes. Elles devaient, elles et le révérend Parris payer pour cela. Il a été exclus de sa communauté religieuse, et nous avons tous participé à l'indemnisation des victimes. Je m’étais battu pour cela aussi. Nous sommes restés à  Salem jusqu’en 1715. Davan est la dernière de mes filles à y être née. La graine de la méfiance avait germée dans cette ville autrefois si paisible. Nous n’étions plus vus comme les “gentils voisins avec leurs si adorables enfants”. J’étais devenu “celui qui m’était battu pour les sorciers”. Il était temps que nous partions.

« Elle est si petite et ses cheveux sont si clairs. Tu crois que maman… »« Arrête tes idioties Davan ! »

Leurs rires se mélangent, je les ai entendu et si cette conversation est absurde, leur complicité m’amuse. Mon épouse est installée dans notre lit. Entre ses bras Nya vient de naître. Cela fait cinq mois que le Traité de Paris a été signé, nous sommes indépendants, nous ne sommes plus des Irlandais immigrés, nous sommes autre chose. Un autre peuple, un nouveau peuple. Matthias et moi nous étions engagés dans ce conflit pour notre liberté. Nous étions des Insurgés mais nous nous battions pour quelque chose qui nous dépassait. Je voulais la liberté pour mes enfants, je voulais qu’ils aient une belle vie. Et ces taxes ne m’y aidaient pas. Nous avions pour nous nos sorts et la magie. C’est à cette occasion que mon fils a découvert sa vocation, sa véritable vocation : soigner et sauver la Vie. Moi je m’enfonçais un peu plus dans les méandres de la Mort pour tenter de la dompter et de la combattre. Nous combattions côte à côte, même si nos idées étaient éloignées. J’étais son père. Nous avons tous les deux survécus, et à cette seconde Nya est le symbole de notre liberté. De mes enfants elle est la première à être une réelle “Américaine”. Je vois le sourire de Siobhán, mais je devine que le mal la ronge. Elle ne veut pas en parler. Je sais qu’elle porte un lourd secret comme je porte les miens. Elle continue de jurer que mon âme est pure. Comment peut elle l’affirmer alors que dans le secret de nos nuits je suis presque à implorer l’Enfer pour qu’il la sauve. L’Enfer… C’est ce que nous avons traversé avec cette guerre, avec les suivantes aussi. A chaque fois nous y répondions par la vie. A chaque fois je me battais pour ce que je croyais juste. Je sais ce que vous vous dîtes à cette seconde. Comment un homme tel que moi a-t-il pu basculer dans de telles extrémités ?

Salem avait été un avertissement pour les miens, mais les guerres qui ont suivi ont réduit notre nombre. Quand est arrivé à la Seconde Guerre Mondiale, j’ai voulu mettre mes enfants à l’abri. Eilis, huitième de mes enfants n’avait leur qu’à peine dépassé sa première année, mais tout s’est accéléré.

« Ils ont attaqué Pearl Harbor, plus de 2000 hommes sont morts Nikolai ! » « Je sais ! Je sais ! » « Je ne veux pas que Matthias y aille pas cette fois ! Saoirse et Géiléis veulent le suivre pour porter secours aux victimes. Je mourrais s’il leur arrivait quelque chose »

L'ultimatum était lancé. J’ai tout essayé, j’ai échoué. Kamar-Taj ne répondait pas à mes appels, l’Ancienne m’avait abandonnée lorsqu’elle m’avait fermé les portes de son foyer. J’ignorais ce que j’avais fait pour mériter cela. Je pensais être un bon disciple. J’étais persuadé d’avoir suivi les règles. Apparemment j’avais eu tort, et mes apprentissages des arts mystiques noirs ne m’avait pas aidé dans ma quête d’aide. Je ne pouvais pas laisser Matthias y aller, j’ai profiter de notre “équitable” jeunesse. J’ai pris sa place, je pourrais ainsi veiller sur mes filles. Je pourrais lui éviter les horreurs de cette guerre. C’est là que j’ai changé, quand j’ai compris que la nature profonde de l’homme n’était pas bonne, quelle était remplie de haine et de violence. Les criminels fuyaient, des couards qui refusaient d’assumer les monstruosités accomplies. J’ai aidé à soulever le corps d’hommes qui pesait à peine le poids de ma dernière née. J’ai enterré des femmes au ventre arrondi, j’ai vu des enfants pleurer en silence. plus un son ne pouvait sortir de leur bouche. Quand nous sommes rentrés j’avais fait mon choix, je ne voulais plus défendre mais juger, je voulais m’assurer que les morts seraient vengés, je voulais m’assurer que les criminels seraient punis, quoiqu’il m’en coûte. Saoirse avait été renforcée dans son désir de suivre la lumière, et l’espoir, le doute habitait Géileis, Matthias ne m’en voulait pas. Il avait appris à pardonner auprès de sa mère, son âme était sauvée. La mienne s’enfonçait dans les méandres de l’obscurité. Ce que j’avais vu marquait mes nuits et hantait mes jours. Ma femme tentait de me faire garder un pied dans la lumière. Eilis était le meilleur des arguments pour elle. La guerre l’avait fragilisé… Non mon absence l’avait fragilisé, son frère en avait fait une rêveuse, elle avait évité la violence en imaginant un monde que seuls nous pouvions entretenir.

« Papa, papa, je crois qu’il est l’heure du thé. Mais je n’arrive pas à retrouver ma montre. Il ne faudrait pas être trop en avance, ni trop en retard. L’heure c’est l’heure et avant l’heure ce n’est pas l’heure. » Je regarde ma montre à gousset que je replace ensuite dans ma poche « Nous sommes parfaitement à l’heure parfaite Eilis, ne t’inquiète pas, le temps de faire trois pas et le lapin blanc nous dépassera même, comme à son habitude. » « Sommes nous attendus dans le salon ? » « Aujourd’hui c’est à Géiléis qui devait le préparer, alors je suppose que oui. » « Maman arrivera-t-elle à se joindre à nous, je crois que sa grossesse la fatigue trop, elle ne participe plus à notre thé de 17h » « Tu semble inquiète Eilis »

Elle me sourit et je comprend qu’elle n’en dira pas plus. Pour elle je parviens toujours à stopper ce que je fais, je sais combien sa journée doit être rythmée par les mêmes rituels, Son équilibre est fragile. Nya dit que nous la berçons dans sa folie, j’éprouve trop de culpabilité pour remettre ses rêveries en cause. J’y prend même part plus que de raison. Sa folie doit probablement emporter la mienne dans son sillage. En douceur je pose ma main sur sa tempe et l’attire à moi. Je la blottie contre mon torse et me raccroche à ses rêves d’Alice aux Pays des Merveilles. Elle se serre contre moi et ferme les yeux l’espace d’un instant. Je sens et j’entends son soupir d’enfant malgré son âge. Lorsqu’elle ouvre les yeux un sourire s’étire sur ses lèvres. « Papa le voilà ! Tu avais raison ! » Je souris et vois un lapin blanc en veston et montre à la main courir près de nous en répétant qu’il est en retard. Je souris et tourne la tête pour voir sa soeur dans le coin du couloir manipuler l’illusion. La main blanche de Eilis se saisit de la mienne « Vite vite suivons le !» Nous arrivons dans le salon. La baie vitrée illumine la pièce du soleil de 17h. Nous sommes à l’heure, et dans le salon tout est prêt. Géilis s’est donné du mal. Mais mon regard se fige. Une bouffée de bonheur m'envahit quand je la vois assise là. Mon épouse a pu quitter son lit par cet après midi de Septembre. Ses mains sous son ventre tendu elle me sourit même si son regard est plus épuisé qu’à l’habitude. Je me précipite vers elle et me fait une place entre ses jambes. Je l’embrasse avec passion sous le regard amusé de nos enfants. Mes mains se posent sur son ventre et j’embrasse nos enfants à naître. Quand elle est là je suis toujours cet homme de 25 ans qui est tombé amoureux en un regard. Sa main se glisse entre mes cheveux et je m’apaise instantanément. Je pose ma tête sur son ventre, près de sa poitrine pour entendre les battements de son coeur. Jalousement j’entoure sa taille et l’effleure, ses doigts entre mes cheveux noirs. Je me souviendrai toujours de cette sensation. Cette plénitude. Cet instant à marquer un tournant dans nos vies, mais je l’ignorais encore.

Les années avaient passées depuis la Guerre. J’avais gagné mes galons en tant que juge à la Cour Suprême. J’ai participé aux grands procès de Nazis que nous avions pourchassés. Je m’étais assuré de leur condamnation. En cette année 2000, j’étais devenu “Le Juge” celui que les victimes rêvent d’avoir, que les coupables craignent. D’avocat à procureur puis juge, j’avais parcouru mon chemin, et l’Ombre qui m’entourait s’étendait. J’entraînais malgré moi certains de mes enfants dans mon sillage, Davan et Ophélia souhaitaient savoir ce qui m’arrivait. La naissance des jumelles et l’épuisement de leur mère n’avait fait que renforcer mon désir de comprendre et de vaincre cette mort inéluctable. Siobhán et moi n’avons jamais rien caché à nos enfants. Nous avons pensé qu’il était normal qu’ils sachent tout de nos vies, de nos choix. Enfin dans la limite du raisonnable cela s’entend. Davan voulait m’aider mais Ophélia… Je crois qu’elle me ressemble plus, elle est attiré par cela, c’est comme si cela était normal pour elle comme pour moi. Comme sa fratrie elle a eu les préceptes de Magie Blanche, mais les arts mystiques obscures l’intéressent bien plus. Elle est celle qui travaille à mes côtés et comprend d’avance ce que je veux tenter, elle est “mon apprentie” et je sais que comme moi, elle préserve sa mère en jouant toujours avec les arts blancs. Nous savons que le temps joue contre nous

2001, un avion vient de percuter les tours en pleins coeur de New-York. Au milieu des décombres rien est visible. J’étais là, dans ce tas de cendres. J’étais non loin des tours, Matthias, Saoirse, et Aileene m’accompagnaient. C’est là qu’ils ont vu l’ampleur de mon pouvoir pour la première fois. Des débris avaient menacés de s’effondrer sur eux. Je ne pouvais pas le permettre. Les “déjà morts” se sont relevés pour les protéger. Au centre de cette armée de réincarnés, je me tenais debout et sombre. Le sceau des non-vivants m’entourait. « Oh papa, qu’est-ce tu as fait… » Mon regard sombre se posent sur mes enfants. Il n’y a pas de déception, un mélange de peur, et d’admiration probablement. A cette heure je suis devenu cette partie sombre que je m'efforçais de cacher. Mais je ne suis pas encore celui que je deviendrai.
L’horloge du temps vient de s’accélérer pour mon épouse, je viens de le provoquer en usant de magie noire. Je l’ignore à cette seconde. Elle ? Elle devait le savoir. Elle savait que ses jours étaient comptés.

« Tu crois qu’elle est celle qui lui ressemblera le plus ? » « Je ne sais pas Matthias. Je crois que vous lui ressemblez tous un peu à votre manière » « Parle pour les filles. Quand je me regarde dans le miroir… » « Physiquement tu me ressembles. Non tu ressembles à ton grand-père. Mon père avait tes yeux. Mais ton âme Matthias. Ton âme et la sienne ne font qu’une. » « Papa ce sont vos âme… Les vôtres ne font qu’une. » « Et c’est ce qui l’a tué. » Trois siècles, trois siècles à s’acharner à dire que mon âme était pure, à la nettoyer inlassablement pour que je ne sois pas avalé par l’Enfer. Elle a perdu son combat. Je suis son assassin et personne ne pourra me juger pour ce crime si ce n’est moi. Dans mes bras dort notre dernière née. Elle n’a pas un an, elle ne se souviendra de sa mère que par les récits des siens et les photos que nous avons prises. Je bénis Saoirse d’avoir immortalisé tous ces moments. Nous sommes tous vêtu de noir, nous portons son deuil. Dans les bras de Matthias et Saoirse dorment Cailin et Salomée. Elles aussi oublieront la chaleur de leur mère. Je m’en veux. La Mort… Je n’ai pas su la combattre, j’ai perdu cette bataille là. Je ne perdrais pas cette guerre. Je m’en fais le serment. La colère me ronge et m’imprègne. Ophélia, Davan et Nya me regardent. Elles savent quel dessein est le mien. Je veux faire revenir leur mère d’entre les morts. Je veux qu’on me rende mon épouse. Je paierai le prix de mon âme s’il le fallait. Matthias à celle de sa mère bien au chaud contre la sienne. Même si il l’ignore. Je perds pied. Wilhelmina est mon dernier lien avec Siobhán. Elle est encore imprégnée de sa chaleur, de son parfum, de sa peau. Je ne la quitte pas, ou uniquement pour travailler. Je la surprotège. Elle comme son frère et ses soeurs. Je ne sais pas si ils ne partent pas parce qu’ils ne le veulent pas ou parce qu’ils ne veulent pas me laisser seul. Je crois que notre lien est plus fort que ce que j’imagine. La malédiction de Salem probablement.
Dans le secret de mon laboratoire je deviens le Nécromancien. Et si l’attaque Chitauris n’a été qu’un test pour mes dons, la Purge s’est révélé le meilleur des défis.

« Eilis, protège tes soeurs, vous trois vous restez à l’abri à la maison. Vous écoutez votre soeur compris ?! Vous vous venez avec moi. Mais si je vous dit de fuir vous fuyez compris ?»

La rumeur a enflé et nous a rattrapé, nous sommes des “anormaux” les gens en sont sûrs. Cette famille qui habite à l’abri des regards, elle est étrange,” “ils ont tous le même âge là-dedans, je suis sûr qu’il cache quelque chose” “Ce juge doit être fou” “je vous dit que c’est une secte” Voilà comment un rumeur née. Vous êtes différents, vous vivez à l’abri des regards pour protéger les vôtres et finalement vous devenez gourou d’une secte. Mais au fond ça m’allait, jusqu’à ce qu’on menace les miens. Ross a envoyé ses chiens de gardes sur notre maison. La plus jeune de mes filles à 13 ans, et je veux la préserver de ce que j’ai vu dans ces camps il y a plus de cinquante ans. Elle ne sera pas une victime, personne ne touche à ma famille. Et là au milieu de ce combat, alors que mon fils et trois de ses soeurs apportent secours et soins aux victimes, aident les autres à fuir, autour de moi, aidé par trois autres de mes enfants, les morts se relèvent. Il n’y a plus de mal ou de bien, plus de lumière ou de ténèbres. Mais juste la violente volonté de vivre et de défendre les nôtres. Dans cette maison de pierres et de verres se cachent nos trésors les plus précieux. L’innocence incarnée en quatre êtres. Mais Salomée est bien plus téméraires et plus proche de moi que les autres, plus encore qu’Ophélia. Elle est tout mon opposé physiquement, mais son âme est à la mienne, habitée de noirceur et de douleur. Et alors que je manque d’être tué c’est elle qui me sauve. Les Morts se relèvent et marchent autour de nous, de notre sanctuaire. Elle a mes côtés je suis bien plus fort. Dans la poussière et les débris un Cerbère émerge. Kamar-Taj ne sera plus jamais de mon côté. L’Ancienne, ou Tituba, c’est probablement cet instant qu’elles ont vu. Siobhán avait lutté en vain contre cela. Les morts marchent et leurs cris sonnent le glas de cette attaque contre nous. Dans la poussière des ossements, et le sang émerge un artefact qui deviendra le mien. Une étoile noire teintée de rouge. Du sang semble l’imprégner, le faire vivre et battre. Certains l’appellent “L'Étoile Noire d’Azura” Je sais qu’elle concentre une force bien plus grande dans les tréfonds de sa fragilité. Sur mes bras le symbole de ma magie se trace. Je suis devenu le Nécromancien.

« Je prend la chambre du fond avec vue sur la piscine ! » « Elles ont toutes vue sur la piscine Salomée ! » « Je prend celle du fond quand même ! »

Le procès de l’ancien Président Ross commence dans une semaine. Nous devions repartir à zéro. Nous sommes partis dans les Hamptons, à l’abris de cette bataille que nous avions mené. Nous traînons avec nous cette rumeur. Nous ne sommes pas une famille, je suis le gourou d’une secte. Une chance pour moi que je fasse bien mon job. Une chance pour moi j’ai accepté d’être le juge de ce procès hors normes. Une chance pour nous, le coeur de la bataille dans New-York a attiré les regards et les caméras. Cette nouvelle maison marque notre changement de vie. Encore une fois je scelle le destin de ma famille malgré moi. Le malheur frappera des années plus tard, sans prévenir.
En attendant nous traversons les mois et le temps avec une certaine plénitude. Je continue mon travail qu’il soit celui de juge de Nécromancien. J’aide mes enfants à développer leurs dons quelque soit leur choix. Je me souviens des sorts blancs, et maîtrise les Ombres. J’apprend toujours plus sur mes propres arts mystiques. Je n‘ai plus besoin de l’Ancienne ou de Kamar-Taj, je me moque de ce “Docteur Strange” surgit de nulle part. Je n’ai qu’une obsession, faire revenir Siobhán. Je me moque de cette nuit sans fin, elel m’était utile plus qu’autre chose. On oublie ma “secte” pour se pencher sur ces extra-terrestres. Le Wakanda nous sauve ? Tant mieux, moi je plonge dans les arcanes sombres du pouvoirs. Jusqu’à ce jour de février 2019.

« Monsieur Allister, police de New-York, nous souhaitons vous parler. »

Voilà les mots qui ont scellé mon destin. Ceux de ma famille. Un homme, partisan de Thunderbolt Ross vient de tuer ma fille dans une rue de New-York. Une balle en plein coeur. Je sais qu’elle n’a pas souffert, je l’ai vu. Dans ces minutes avant sa mort. Je sais qui il est, du moins j’ai vu son visage à travers ses yeux. Aujourd’hui moi et les mien réclamons vengeance. Mais si je suis homme de justice je préfère la faire moi même dans ce cas si particulier. Je m’enfonce dans les ténèbres des ruelles de New-York, dans ces clans qui se forment et profitent du chaos. Je veux retrouver l’assassin de ma fille. Si il est trop tard pour mon épouse, mon nouveau désir est de faire revenir notre dernière fille. Elle n’avait que 17 ans. Elle ne méritait pas cela. Dans la noirceur et la crasse de rues je rencontre des âmes perdues, faibles. De celles qui méritent d’être sauvée. Némésis est l’une d’elle. D’autres deviennent des pions sur mon échiquier… Pauvre Seth qui ignore ce qui l’attends. Dans ces rues noires je perd mon âme. Elle n’a pas su me sauver, il a toujours été trop tard pour moi… Siobhán, je suis ton assassin, tu es morte en vain… Je n’ai pas su protéger notre fille. J’ai tout fait pour y parvenir… Mais j’ai échoué…

« Depuis quand est il là ? » « Je crois qu’il n’est pas sortie depuis qu’on l’a mise là. Elle lui manque. »