Je t'aime plus que trois fois mille — Tony

J’étais dans mon bureau, j’avais mes pieds sur le meuble fait de bois. Un bois qui avait l’air assez expansif, mais robuste dans le même sens. Je regardais de côté, je cherchais à voir s’il avait une faille, ou une amélioration à faire. Quelque chose à redire. Il y avait toujours quelque chose à redire sur tout. Quelque chose qui pouvait être meilleur. Mais à première vue, ce bureau en faisait exception. Je me redressais donc, et commençais à tapoter sur mon clavier présent. Je parcourais les dossiers, des dossiers d’affaires classées. Des choses que je ne suis pas censé réellement voir, mais qu’importe, si je voulais le voir, je le regardais. Mais yeux passaient d’un bout à l’autre de l’écran, occultant quelques données, mais laissant plus d’importance à d’autres. Je ne cherchais pas grand-chose en réalité. J’épluchais plus histoire de savoir ce qui se tramait. Mais j’arrêtais vite, la porte s’entrouvrait.

Emma était là, la douce Emma. La jeune femme qui me servait d’assistante maintenant que Pepper ne pouvait le faire. Cette dernière jugeait que je ne pouvais pas me garder seule, ce qui admettons le, qu’un tantinet vrai. Elle avait donc engagé cette fille. Au tout début, ce n’était que la remplacent de Potts, mais très vite, un lien plus particulier s’installait. Entre les épreuves, le temps et ce que j’apprenais d’elle, cette relation virait plus à une relation similaire entre un père et sa fille. Loin de là l’idée que je le sois pour elle. Je tentais juste de faire ce qui était juste pour elle. Elle le méritait, c’était une brave fille, courageuse. Mais aussi perdue. Il fallait que je l’aide.


Mes pieds toujours à leur place, je la voyais entrer et commencer à me baratiner avec un dossier que je lui avais filé plus tôt, mais je connaissais Emma, je savais lire sur son visage que quelque chose la préoccupait, et ce n’était pas quelques feuilles qui se trouvaient dans ses mains. L’air un peu plus sérieux, je rabattais mes jambes au sol ferme, avant de tourner la chaise, pour lui faire face. Elle continuait de s’approcher, jusqu’à être assez proche pour déposer sur le bois une petite clef. Clef que je lui avais donnée, pour un appartement, un endroit où elle pouvait vivre. Un peu surpris, je regardais une ou deux secondes l’objet, avant de remonter à son visage. « Tu es sûr ? C’est les voisins ? Ils font trop de bruit ? Je passe un coup de téléphone et... »  Alors que je commençais à faire le geste, elle reprenait. Et ma mine passait de la surprise à la lassitude. Steve. Encore Steve. Toujours Steve. Quoi qu’il fasse, il était toujours en travers de mes pattes. Une vraie épine dans les fesses ce vieil homme. Mon visage affichait mon regret d’apprendre ça. Avec une voix plus sérieuse, mais douce, et tout en contournant le bureau assis sur ma chaise, j’arrivais à ses côtés. Et alors que je lui prenais la main, je continuais. « Tu es sûr ? Tu peux prendre ton temps, bien réfléchir. Tu sais ce que je pense de Steve, mais mis à part ça, c’est à toi que je pense. Tu es certaine que c’est la bonne décision ? » ajouté d’une petite caresse à sa main. Mon regard passait à la fenêtre. « Et moi qui pensais que tu étais anxieuse pour m’annoncer ta démission... » avec un petit sourire, tentant de rendre l’atmosphère un peu plus léger.

Mais quand je sentais que ça ne retombait, et qu’en prime Emma avait quelque chose d’autre à me dire, je déglutissais avant d’ancrer mon regard dans le sien. « Emma, si c’est pour nous rabibocher, je te l’ai déjà dit, c’est pas aussi simple... » Mais je voyais que ce n’était pas ça, quelque chose lui tournait dans la tête, et ce n’était qu’une question de minute avant qu’elle ne lâche la bombe. Mais j’étais prêt pour ça, du moins, je le pensais.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR Gaja and pillsnpotions

Elle était certaine de son choix. Retourner vivre avec Steve était sa dernière parole. Je n’étais pas très joyeux à cette idée, mais elle était grande. Emma pouvait faire ses propres choix, les assumer derrière. J’étais à moitié étonné à vrai dire. Je savais qu’Emma aimait Rogers. Ce n’était peut-être qu’une question de temps avant que tout ne revienne à la charge. Je commençais à froncer les sourcils quand elle me disait que ce n’était pas à propos de notre conflit, que c’était quelque chose d’autre dont elle voulait me parler. Qu’est-ce que pouvait être le fameux sujet ? Il devait être assez important pour la rendre dans cet état. Le fait qu’elle serait de plus en plus ma main, son ton sérieux, son regard qui se posait un peu partout. Rien de grave ? Ma cervelle commençait à partir dans tous les sens, imaginant les pires scénarios. Je n’en pouvais plus, je voulais qu’elle crache le morceau, que je sache finalement. Pour seule réponse, j’entendais son genou tomber sur le sol. De cette nouvelle position, je pouvais plus facilement regarder la femme. Pour qu’enfin sa demande me tombe dessus.

J’étais comme sonné, la bouche un peu entrouverte. Ma voix sèche, sans que je puisse produire de son. Étourdie par sa demande. J’étais tout simplement abasourdi. Mes yeux fixaient quelque chose, sans trop savoir ce que c’était. Mon esprit était saturé, il n’arrivait pas à faire correspondre l’image visuelle à quoi que ce soit. J’étais perdu, comme un vertige qui venait me terrasser. J’essayais de comprendre ce qui venait de se produire, ce qu’Emma venait de dire. Et c’était son second souffle qui venait m’ancrer à la réalité. Qui venait me ramener devant elle, dans cette même pièce. Mes pupilles qui venaient se poser sur la jeune femme. Je déglutissais alors que sa dernière phrase venait presque m’achever. Je me laissais tomber au fond de ma chaise, le regard qui se promenait dans la pièce, ma langue qui venait hydrater mes lèvres si sèches. J’avais un petit souffle qui sortait, avant d’en avoir un second. Mes yeux me piquaient, ils devaient probablement commencer à rougir un peu. Je ne réalisais que maintenant de l’ampleur de ‘je voudrais que tu m’accompagnes à l’autel’.

Une sensation montait en moi, une sensation agréable, qui devenait si bonne, si joyeuse. Le sentiment de fierté, de ce qu’Emma veut faire, de ce qu’Emma est devenue. De ce qu’Emma est tout simplement. Elle a tant grandi, elle a tant changé. Elle veut passer à l’étape supérieure à présent. Et l’idée que je puisse continuer de l’accompagner, de poursuivre ce chemin avec elle, à ses côtés, embaumé mon cœur. Durant ce moment de joie intense, j’en oubliais même mon conflit avec Steve, j’étais si heureux pour Emma que notre querelle en était masquée. Je me rapprochais d’elle, mes doigts bougeaient nerveusement. J’étais à quelques dizaines de centimètres de son visage, tout au plus. Mais quand j’ouvrais la bouche, voulant commencer ma phrase, aucun son ne sortait, ma voix n’était plus là. Je la faisais craquer avec un sourire, alors que mes yeux piquaient davantage.

« Emma, tu ferrais de moi l’homme le plus heureux du monde » finissais-je avec un sourire. Je me laissais retomber une nouvelle fois dans le dossier. Avec un sourire aussi grand que je pouvais l’étirer. « Tu vas te marier ! » C’était une suite logique après tout, mais cette idée me semblait pourtant si lointaine, que j’en avais même pas effleuré l’existence lors des secondes t’attente. « Tu sais déjà quand ? Et où ? Pepper sait ? Tu as besoin d’aide pour organiser ? » Mes questions fusaient, mais c’était plus parce que je rattraper la situation, et que mon côté perfectionniste, à vouloir que tout sois carré reprenait le pas. Mais j’étais fier d’elle, j’avais un peu peur qu’elle ne saute à pied joints dedans par pur aveuglement amoureux, mais c’était Steve en face. Il était beaucoup de choses, mais il n’était pas un menteur. Si Emma lui faisait confiance, et qu’elle lui trouvait quelque chose d’unique, alors je n’aurais aucun besoin de remettre en doute sa volonté. « C’est incroyable. » Disais-je, la voix plus habituelle, avec encore quelques picotements, mais plus léger. Je ne voulais pas évoquer le sujet de Steve, ou du moins pas maintenant pour ne pas briser le moment, mais je n’avais pas encore envisagé la façon dont cela pouvait se produire. Et puis zut, ça pourrait attendre, tout ce qui comptait sur le moment, c’était le bonheur de la jeune blonde qui se tenait assise devant moi.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR Gaja and pillsnpotions