Un homme en détresse

L’air de la mer à quelque chose d’étrange, instinctivement je touche la peau de ma joue. Elle est fraîche, légèrement salé par le sel qu’emporte la brise. « Tu ne dors pas ? murmure Davan à mon oreille, déposant un petit châle de laine sur mes épaules en s’installant prêt de moi, sur le perron, face à la mer. « Non, je pense avoir dormis pour bien des semaines. Puis il n’est que 21h » Je lui offre cependant un sourire, lui montrant que je le prends à la légère. Je n’ai simplement pas envie de dormir, pleinement éveiller. Je lève la tête pour regarder les étoiles, la cherchant toujours. La main de Davan entoure mes épaules pendant qu’elle dépose un baisé sur ma tempe. « A moi aussi elle me manque… Si seulement elle pouvait voir ou comprendre ce que j’ai vécu. Ma sœur qui la vue en vie, profiter d’elle tant d’année. Je n’ai pu profiter pleinement de maman qu’à ma mort, pendant quatre mois qui ne me parut qu’une fraction de seconde. Mais je la voyais, pour de vrai, sans photo, à travers mes yeux et non les souvenirs de ma fratrie ou de mon père. Elle prenait soin de moi jusqu’à ce que je revienne. Oui, j’aurais peut-être préféré rester dans ces bras pour toujours mais… elle avait raison, une longue vie m’attend encore ici. « Je vais aller faire un tour, j’ai besoin de prendre l’air… » Mais ma sœur ne semble pas d’accord avec cette idée et attrape mon poignée. « Wilh … ce n’est pas une bonne idée, papa va être fou de rage s’il voit que tu n’es pas là. Et qu’est-ce que tu vas faire ? Je tire mon bras vers moi avec fermeté sans vouloir la repousser ou lui faire du mal. « C’est pas grave, tu lui diras que je suis une grande fille et que je suis parti au Cinéma, au bowling…. je n’en sais rien. J’ai juste envie … envie de partir d’ici quelques heures et penser à autres choses… Viens Orion. » Le félin, endormi sur le toit, s’étire en grattant quelques tuiles avant de sauter à mes pieds.

Je n’ai pas entendu les derniers mots de ma sœur alors que je franchissais un portail de téléportation pour me rendre à New York. J’avais juste envie… de voir de la vie ! Des gens … l’été s’installe et les bars sont ouverts, il y a de la vie et je n’ai pas du tout envie de rester enfermer dans ma maison de 400m² pour que l’on me protège de la vie… Habillé d’un chemisier rouge et d’une jupe noir et de bottine en cuir je me balade, mon sac en bandoulière ballotant à chaque pas de gauche à droite. retrouvant petit à petit le goût de la vie, le sourire aux lèvres. C’est ça que je veux ! Des gens qui me bousculent en s’excusant, une bière à la main, des étudiants, des couples, la vie, New-York ! Ce n’est rien quatre mois… mais j’ai tant l’impression que la ville a changé, ce magasin n’y était pas… et celui-ci à fermer.

Bien que j’ai déjà dîner, j’ai envie de manger une glace, comme celle que papa me prenait quand j’étais enfant. Je me souviens du chemin vers Little Italy, avec les beaux jours et les touristes, la glacerie artisanale était encore ouverte. Je commande un pot de glace à la noisette, je connais un petit square pas très loin. J’y serais bien pour manger ma glace tranquille, sans personne pour m’embêter. Orion me suit à la trace, s’avançant devant moi pour être sûr qu’il n’y est personne, et grimpe dans l’arbre. Je m’assoie au pieds de l’arbre, sur un rocher de décoration, les jambes croisées, dégustant ma glace. Pas un bruit, personne à l’horizon, c’est mon sifflement et la cuillère rempli de glace qui fait descendre Orion au prêt de moi pour laper la cuillère. Je sais qu’il adore lui aussi la glace à la noisette. On entend du bruit dans une ruelle voisine. Je pose ma glace, et m’enfonce dans le petit bosquet pour voir ce qu’il se passe en poussant quelques branches, le museau d’Orion juste en dessous, tout aussi curieux que moi. On dirait que ça se dispute dans une maison, genre meuble qui se casse, bagarre à gauche et à droite. « Meow Je baisse mes yeux vers Orion en souriant « Oui, même à la maison c’est plus calme… C’est pas normal, je devrais peut-être appeler la police tu ne crois pas? » Une voiture arrive au même moment, trois types en sortent pour entrer dans la maison. Il ne fallu que quelques secondes pour que tout ce beau monde sortent de la maison avec un homme un peu amocher. Je ne peux pas le laisser mourir devant moi c’est horrible… « Meow » Je lève les yeux aux ciels… je sais que c’est dangereux mais… J'aurais aimer que quelqu'un puisse me sauver moi aussi. Je me mord la lèvre, je ne sais pas quoi faire et je suis quoi moi ? Une gamine de 18 ans... et eux... des mercenaires qui savent tuer des gens et se servirent d'armes.

Mais c'est plus fort que moi. Je sors de mon troue à reculons, et je ne suis pas discrète, j’ai fait du bruit dans les feuillages. « Va voir ce que s’est ! Je ne veux pas de témoin… » Le temps que je fasse le tour, Orion avait rejoint les assaillants. Je peux les entendre dire, « Oh… ce n’est qu’un chat patron. – Alors liquidez-moi cet anormal qu’on en finisse ! » Et là je vois rouge. Je me stoppe dans ma sortie du Square. Des chasseurs d’anormaux ? Non mais on est dans quel siècle là les gars… Je sors du square, je me cache derrière le muré et je le vois pointer son arme sur le pauvre homme dans les vapes. Ni une, ni deux, je tant mes mains dans sa direction est crée un bouclier d'énergie entre lui et l'arme à la seconde même où il tire. Au son j'ai fermé les yeux... la peur. D'avoir échoué et ce son qui résonne encore dans mon crâne quand je me réveil. J'ai le cœur qui tambourine, et j'ouvre un œil. Mon dieu j'ai réussi ! Je repousse mes mains pour évacuer l'énergie du bouclier sur les mercenaires, les faisant tomber à la renverse. Je sors de ma planche, Orion faisant le tour de la scène pour se placer entre moi et les assaillants. « BOUGE DE LA GAMINE ! Tu vas nous le payer ! » s'écrit un des soldats, visiblement très remonté d'avoir été propulser un à deux mètres en arrière. Je m’arrête de marcher, une fois que je suis devant le pauvre homme assis sur le sol. J'éclairci ma voix en disant doucement et sur un petit air enfantin. « Non...! Pouvez-vous partir s’il vous plait ? » Les hommes se regardent, puis leur patron. Comme si j’avais dit quelques choses d’étonnant et puis finalement d’hilare au vue de leurs façons de rire. « Écoute princesse, tu es plutôt mignonne alors…, tu vas finalement venir avec moi, je t’apprenne les bonnes manières. Attrapez-moi là, je m’en occuperais plus tard. Et tuer-moi ce fils de p*te au sol. » Mais quel gros pervers malpoli, je grimace. « Hum … je ne crois pas non, vous êtes répugnants. » D’un petit tour de doigt je fais perdre l’équilibre au dit chef, celui-ci tombe sur les fesses. Orion commence à gronder en s’avançant vers les hommes, il a déjà grandi d’une fois sa taille, son regard est noir et il feule. « Laissez-nous tranquille ou vous allez le regrettez, je ne le redirais pas une seconde fois. »

Je ne sais absolument pas ce que je faire, j’ai 18 ans, je ne suis pas ce genre de héros ou de gens ?!… en général je calme les petites frappes du lycée… pas ce genre de truand. Et qu’est-ce que je fais s’il dit non ? Je ne vais pas lui prendre son arme et la déclencher sur lui quand même… Oh mon dieu mais je ne veux tuer personne… Du coup je fais ce qu’il me semble le plus logique et le plus approprier… Je me concentre, lève mes mains à hauteurs de mon visage et commence à répéter les incantations que j'avais appris... les secondes passent et RIEN ne se passe et je commence à paniquer car ils se rapprochent avec des couteaux. Mince, mince, c'est quoi déjà la formule qu'Ophelia m'avait apprit.... «Meoooow!» Mais oui c'est ça, merci Orion ! Et en quelques secondes, je serre les poings et leurs respirations se coupent... plus je serre, plus ils ne peuvent plus respirer. « Je vous ai dis... de partir ! Maintenant ! » Je desserre ma main, et tous les hommes sans exceptions tombent à genoux le souffle court. je peux entendre leurs murmures, c'est une anormal, elle est comme eux, c'est un monstre. « Tu peux les manger Orion si tu veux... » Il n'en fallu pas plus pour qu'ils partent tous dans leurs véhicules blindés et le chef suprême de ces imbéciles dans son beau break aux vitres tintés. « On se retrouvera ! T'es un homme mort Little Dead ! » Quand à Orion, qui n'a pas du tout l'envie de manger ces charognard, me regarde du coin des yeux. « Ca va ... j'ai juste dit ça pour leur faire peur, c'est tout. » Ce chat est susceptible, il ne mange pas n'importe quoi, croyez-moi ! Je me précipite enfin vers l’homme au sol pendant qu'Orion fait le guet, s'assurant qu'il n'y a pas de retour en force … « Monsieur … Monsieur, vous allez bien ? » Je pose mes mains sur son visage pour qu'il essaye de me regarder... « Vous pouvez vous lever ? Appuyez-vous sur moi, on va aller juste à côté... » Je ne vais pas le laisser là en plein milieu de la rue. Alors j'essaye du mieux que je peux de l'aider à se relever pour faire juste quelques pas, se mettre dans le petit square, au moins à l'abri des regards.

Je glisse mon bras entour de lui pour l’aider à se lever, le soutenant du mieux que je peux je le guide vers le square à quelques pas de notre position. Je le laisse s’installer au sol. Je pose mon sac au sol, et je sors du square, veillant à ce qu’il n’y ait personne. Orion qui revient de son petit tour me faire comprendre qu’il n’y a personne dans les environs en miaulant. Il s’approche de Mike, le reniflant, j’en oublie par moment qu’il peut voir un comportement de véritable chat. Il décide enfin de sauter dans l’arbre, et de s’y installer confortablement pour surveiller les alentours. Je retour auprès de ma victime au sol, posant mes genoux au sol pour être à sa hauteur. Mais à sa question, je hausse simplement les épaules. « Cela me semblait logique … Vous aviez visiblement besoin d’aide et puis … je n’aime pas que l’on face du mal à quelqu’un parce qu’il est anormal. C’est méprisable. » Oui je pense vraiment que ces hommes lui voulait du mal parce qu’il était un anormal. Comment imaginer que cet homme est un tueur à gage ?

Très délicatement, je retire le long collier que j’ai autour de mon cou, pour avancer mes mains pour le mettre autour de Mike. « Faite-moi confiance, Mike… » Je viens délicatement faire passer la chaine autour de sa tête, gardant l’amulette dans mes deux mains. « Je m’appelle Wilhelmina, détendez-vous. » L’amulette dans ma main gauche, ma main droite recouvrant ces deux. Je ferme les yeux, murmurant des phrases presque inaudibles pour l’homme en face de moi. Mais petit à petit, il doit se sentir mieux, reprendre de la force et ne plus souffrir de ses brûlures de taser dans le dos. Je ré-ouvre les yeux, pour le regarder. C’est maintenant moi qui suis tendu et crispé par ma concentration et l’adrénaline de ce que j’ai fait il y a quelques minutes… je n’aurais jamais imaginé sauver quelqu’un ce soir, surtout comme ça. Voilà quelque chose à ne surtout pas raconter à mon père sous peine d’être enfermé dans ma chambre et surveiller à la minute.

« Vous ne me devez rien Mike. » Lui dis-je en souriant. Un sourire tendre et bienveillant. Je lâche le médaillon pour le laisser se poser doucement contre son ventre, le laissant agir pour calmer ses douleurs. Avec toujours des gestes très délicats, je viens chercher un mouchoir dans mon sac pour essuyez le peu de sang qu’il a au coin de son arcade. J’essaye de ne pas lui faire mal, ma main gauche déposé sur sa joue pour qu’il ne puisse pas bouger, l’autre tamponnant. Mes yeux se portent alors sur lui et je lui souris naturellement et avec bienveillance. Je ne suis pas là pour lui faire du mal, bien au contraire il peut être détendu. Il semble si tortoré et en même temps il a quelque chose de … je ne sais pas … rassurant. Ce genre d’homme qui impose le respect et qui veille sur vous à corps perdu. « Vous vous sentez mieux ? »

Toute naïve que je suis, je lui offre un sourire amusé. J’aime beaucoup sa vision d’être uniques et spécial. Cela change radicalement du terme anormal. Comme si je n’étais pas normal. Oui en quelques choses je ne le suis pas, j’aurais tendance à dire que je suis mieux mais papa dit que ce n’est pas politiquement correcte de dire ou même de penser ça. « J’aime bien… ! et … Qu’as-tu de si spéciale ? » Si ces hommes ont voulu lui faire du mal pour sa différence, il doit avoir un pouvoir spéciale, quelque chose d’hors du commun. Et j’ai toujours été un peu trop curieuse. Puis je me dis qu’en lui parlant, il ne pensera pas à ses douleurs et me laissera le soignée. Je me suis même mise à le tutoyer, comme il faisait avec moi.

Comme attendu, il recule quand j’essaye de lui mettre mon collier mais je lui explique je ne veux pas lui faire de mal. Et visiblement il m’écoute et m’accorde sa confiance. Je ne pense pas avoir l’air très menaçant comme jeune fille. Il s’apaise, je peux le sentir via mon amulette tout comme sur son visage. Il se détend, ses muscles se relâchent et sa douleur s’apaise. Je suis moi-même soulagé d’avoir réussi. Je m’atèle à soigner sa blessure superficielle sur l’arcade. Magique ? « Oui … en quelques sortes, c’est magique. » Dis-je en souriant. Je n’allais pas dire de but en blanc, je suis une sorcière.

Le monde est ouvert, mais est-il assez ouvert pour connaitre l’existence de sorcier, de vrai sorcier… Je ne sais rien de cet homme, je préfère le laisser penser que je suis une mutante, ou simplement très doué ! Il me propose alors un restaurant italien pour me remercier. Je ne m’y attendais pas à vrai dire. Je pensais qu’il allait simplement me remercier, et puis s’en aller. Mais bon … il parle de pizza à tomber par terre, et je reste une adolescente dans mon esprit qui aime un peu trop les pizzas. Je penche ma tête à gauche, puis à droite en réfléchissant, laissant échapper un petit « huuummm » entre mes lèvres. « Pourquoi pas ! » En plus si c’est juste à côté, pourquoi pas deux fois ! « Meow » Je lève ma tête vers Orion. « C’est juste une pizza Orion, et Mike à l’air très gentil… Il est jaloux. » Dis-je finalement à Mike. Orion quant à lui, sur son arbre, se redresse, fixant de ses yeux bleus perçant Mike. Il ne lui fait pas confiance. Je devrais faire confiance à Orion, plus que je ne le fais déjà mais je connais aussi son caractère sur protecteur et jaloux.

J’approche mes mains du cou de Mike pour récupérer mon médaillon qui retourne autour de mon cou. Je récupère mon sac et tend mes deux mains vers lui pour l’aider à se relever. « Fait doucement… » Je n’ai pas envie qu’il se lève trop vite et est la tête qui tourne. C’est impressionnant la magie pour la première fois quand on n’est pas habitué. Je le regarde, m’assurant qu’il tient bien sur ces jambes, mes mains sur ses bras au cas où. Et puis je suis en train de me dire pourquoi je fais tout ça ? Lâche-le voyons ! Il a l’âge d’être ton père ! Ce n’est pas un bébé fait de sucre. Je retire mes mains un peu gênées et lui dit « Je te suis … Mike. » Orion saute de son arbre, marche derrière mes pieds avant de se mettre entre Mike et moi, la tête fier, il jette de petit regard en direction de mon nouveau compagnon de route, collé contre moi. En marchant, je glisse ma main le long de son dos jusqu’à sa queue. Il est content.

Et comme l’avait dit Mike, le restaurant était vraiment tout prés. On doit être sur le dernier service, il n’y a plus qu’un petit groupe d’ami au fond du restaurant. Le serveur nous propose une petite table dans un coin tranquille. Orion est obligé de rester dehors, je peux l’entendre grimper pour se poser dans un coin tranquille, je lui ai promis de lui garder des pepperonis. Je m’installe en face de Mike, il est sympa ce resto, tout petit et charmant. Je regarde un peu la déco, à gauche à droite puis je jette enfin un coup d’œil rapide à la carte mais j’avais déjà repérer ce que je voulais… une pizza pepperonis, ma préférée. « Merci encore pour le restaurant. Il faut que je sauve plus souvent des vies ! » dis-je ironiquement. C’est loin d’être une passion, mais si ça me rapporte une pizza à chaque fois ça peut devenir un marché intéressant. Je suis horrible et je ris de ma propre bêtise.

Il a l’air de fuir, de se cacher derrière des banalités, des phrases toutes faites pour fuir le regard et les paroles des autres. Il se place au-dessus, rien ne peut le toucher. C’est ce que je ressens en l’entendant parler de son pouvoir « …et puis c’est tout. » Ça doit être une personne très torturé ou qui a peut-être du mal avec son pouvoir et le regard de l’humanité sur lui. Toujours en m’occupant de lui, j’acquiesce d’un sourire « C’est très pratique, jamais de coup de chaud ou de froid… » Oui, serte ça doit être vraiment pratique, ou utile ! Qui ne rêverait pas partir au pôle nord sans avoir froid ou dans les îles sans mourir de chaud. Mais l’heure des questions se retourne quelques minutes plus tard en ma direction. Reprenant possession de mon amulette, je la regarde instinctivement, glissant mon pouce sur les runes gravées dans l’or avant de regarder de nouveau Mike, comme sortant d’un songe éveillé. « Euh … pas vraiment. Il ne fait que canaliser les énergies terrestres que j’utilise pour… » Mon don comme il dit si bien est tellement plus étendu que ça, tellement plus… ! Comment expliquer ? Ou simplement comment le dire ? Alors je me tourne et retourne l’esprit, faisant tourner mes yeux une fois à gauche, puis une fois à droite en pinçant les lèvres. Je suis tiraillé entre dire la vérité et ne rien dire. Il m’a bien parlé de lui, de sa mutation. Je le regarde, dans les yeux et je n’arrive pas à y voir de mal. Vraiment du plus profond que j’essaye… Je ne peux pas me méfier de lui, que ce soit par son sourire, ou ce que j’ai ressenti par l’amulette, beaucoup de chagrin, des regrets, de la tristesse et de force aussi. Et puis bon, je l’ai sauvé d’un tueur d’anormaux, il ne devrait pas me faire de mal parce que je suis une sorcière. « … pour faire simple … Je suis une sorte de … Je suis une sorcière. Mais je ne te changerai pas en grenouille si ça t’inquiète. » On imagine très vite la vieille femme en noir et ces crapauds en bocaux. J’essaye de faire un peu d’humour dans le cas où l’annonce serait un peu mal pris.

Mais visiblement ça n’a pas l’air de lui faire peur, ou alors il pense que je me moque de lui. Ce qui est peut-être plus probable, je suis jeune. Mes pouvoirs ressemble à de la magie et il doit me prendre pour une sorte de gamine un peu stupide et idiote. Mais finalement qu’importe ! Ça ne l’empêche pas d’être gentil et de m’inviter au restaurant pour me remercier. Sur le chemin, je remarque le regard de Mike envers Orion. Il a son petit caractère et j’en oublie qu’il a des comportements de chats comme il a son propre caractère bien loin d’un animal lambda. Nous arrivons tous les deux dans le restaurant, on est placé à une petite table sympathique. Orion a réussi en montant sur les toits à se poster sur une fenêtre pour garder un œil sur ce que je fais et surtout sur Mike. Et quand il dit que je suis sa belle héroïne, instinctivement mes joues sont devenues légèrement rose, lui offrant un petit sourire en coin timide. « A ton service Mike. » Répondis-je, imitant un petit salut militaire avec ma main. Je rêve ou… il flirt avec moi ? Mais non. Je pense qu’il essaye simplement d’être gentil avec moi. Puis après tout, c’est un fait, je suis plutôt mignonne. J’aurais pu le remercier pour le compliment ! Mais il prend la parole pour me parler d’Orion. Je ne peux retenir un rire cristallin sortant de mes lèvres. Je n’avais jamais imaginé Orion comme le Parain mais ce rôle lui va terriblement bien ! C’est un mafieux, il y a des chances qu’il fasse le fourbe avec les autres animaux de la maison pour avoir ce qu’il veut. Je lève mon regard en direction d’Orion qui tourne la tête, comme s’il ne savait pas que l’on parle de lui, léchant sa patte.

Mon attention se reporte sur Mike, sourire aux lèvres et lui répond, me rapprochant de la table pour être sûr qu’il n’y est que lui qui puisse entendre. « Effectivement, ce n’est pas un chat… comme les autres. C’est un familier, un Esprit venu au monde sous une forme animal sur terre pour protéger et guider un être unique. Chaque sorcier en possède un. Orion est venu à moi quand j’avais cinq ans… et depuis on ne se quitte jamais. » Dis-je, terminant ma phrase en regardant celui-ci. Ses yeux bleus tournés dans ma direction, avant de reprendre sa toilette du haut de sa fenêtre. C’est à ce moment que le fameux Luigi entre en scène, saluant son vieil habitué et prenant notre commande. Mike me fait alors savoir qu’il apprécie ma compagnie. Instinctivement je me tourne, comme s’il parlait à quelqu’un dans mon dos. Je pose ma main sur plexus. « Moi ? Je ne pensais pas être d’aussi bonne compagnie. » Je dis cela en riant légèrement. Après tout je ne suis qu’une enfant pour lui. Je suis loin de me penser aussi intéressante ou de bonne compagnie. « Parle-moi un peu de toi, histoire de savoir si je suis également en bonne compagnie ? » Oui Mike ne parle pas beaucoup, du moins de lui. Et j’aimerai en savoir un peu plus sur lui, je suis curieuse. Savoir ce qu’il fait dans la vie, ces hobbits. Oui ce sont des discussions de gens ordinaires, des banalités mais qui nous apprennent tellement de chose sur les gens. Je lui ai sauvais la vie, j’ai bien le droit de savoir ce qui le passionne dans sa vie, ce qu’il fait, s’il est marié, des enfants etc… Voir même pourquoi ces étranges hommes lui voulaient du mal.

Je pose mes bras contre la table, croisant mes doigts, y déposant mon menton pour l’écouter passionnaient. Sans même remarquer les jeunes du fond, sans même jeter un coup d’œil à Orion. C’est Luigi qui nous sort de notre tête à tête en déposant nos pizzas. « Voilà pour vous mademoiselle et pour toi. Buon appetito les amoureux. » Je manque de faire tomber ma fourchette, la rattrapant de peu du bout des doigts. Je me sens très gêné et j’ai les joues qui rougissent de nouveau. Nous ne sommes pas ensemble, non pas qu’il me repousse mais je ne pensais pas que nous ressemblions à un couple.

Alors qu’on est dans un restaurant plutôt cool, je ne me rends même pas compte que je continue de me tenir droite dans ma chaise, les jambes croisées, découpant ma pizza avec mes couverts sans faire de bruit, des mouvements toujours délicats, silencieux et maîtriser. Nous avons une éducation stricte et bourgeoise à la maison… Ce qui m’a valu très souvent les moqueries et la haine de mes camarades d’école. Mais je n’y peux rien, j’ai été élevé ainsi. Pourtant je ne suis pas austère, je lui souris, lui offre des regards tendre et plein de petite étoile. « Elle est vraiment délicieuse ! » Finis-je par dire après mes trois premières bouchers. Mike ne m’avait pas menti, elles sont à tomber par terre.

Je n’en dis pas plus, un simple hochement de tête pour lui donner raison. Une sorcière de Salem, une vraie. Et Dieu sait que j’aurais aimé vivre à cette époque, pour comprendre tellement de chose mais je ne suis que la dernière, c’est à nous aujourd’hui de continuer à faire vivre et transmettre les légendes et les traditions de nos ancêtres wiccans. Je suis très attachée à mes traditions et ma culture, certainement parce que j’ai été élevé ainsi, entourer de ma famille et de ces rites. Je ne peux retenir un pouffement quand il me demande de ne pas le transformer en grenouille. Sa volonté sera alors faite.

Le temps passe, et partout il me semble ne durer qu’une infinie seconde. Je prends le temps de l’observer, à chacun de ces mouvements, de ses paroles ou même de ses regards. Il est sur le qui-vive. Il vient de se faire attaquer, c’est des plus normal que de veiller à ce qu’on ne l’attaque pas une fois de plus dans le dos. Alors non, je ne souligne pas ce passage et partout je reste surprise quand il m’assure que je suis quelqu’un de formidable du peu de temps qu’il a passé avec moi. J’ai peine à le croire. Ce qui me rend si merveilleuse c’est la magie entourant le mystère autour de ma personne, rien de plus. C’est ce que je pense au fond de moi. S’il savait que j’avais fait un petit tour dans le royaume des morts … ?!

Je lui demande alors simplement de me parler de lui. Et ce qu’il fait, très simplement en quelques mots. Mon ressentie envers lui était vraie, quelqu’un de seul, une profonde solitude et une tristesse constance. J’ai un peu de peine mais il ne semble pas affecter, il semble même bien le vivre, satisfait de ce qui l’entoure. Et je ne peux que comprendre ce qu’il ressent en parlant de différence. On m’a tiré dessus. « Je comprends, ce n’est pas toujours facile de se faire accepter des autres. » Nos pizzas face à nous je reprends mon contrôle pour attaquer à manger. Après ma réaction, je remarque qu’il sourit et même qu’il mange avec les mains. Je me sens alors stupide de manger comme à la maison, il n’a pas l’air de se moquer de moi. Je pose mes couverts proprement prêts de mon assiette et me redresse pour regarder ses mains. Le copiant par mimétisme. « C’est amusant ! » Oui manger avec les doigts c’est amusant pour moi… c’est tout le contraire des ordres, de la discipline et de ce que papa nous apprend chaque jours. Je souris tout en mangeant ma pizza comme Mike. Oui j’ai un peu de mal à faire comme lui n’étant pas habituer à manger ainsi. « On peut aller se promener si tu veux après … » Proposais-je.

Histoire de terminer la soirée, je pourrai le raccompagner chez lui. Non … il risquerait de le prendre mal et je froisserai son égo masculin. « J’ai bien envie d’aller danser ou de bouger, tu m’accompagnerais ? » Puis je me rends compte que Mike est plus âgé… il n’en a peut-être rien à faire d’aller en boite de nuit avec une gamine de 18 ans ou même d’aller se promener en ville. Après ce qu’il lui est arrivé, même avec le pouvoir de mon médaillon il a peut-être envie de se reposer chez lui, tranquille sans personne. Je baisse les épaules alors après avoir réfléchit et lui dit. « Je suis désolé… je m’emballe un peu, depuis quelque temps… j’ai… on va dire envie de profiter de la vie à fond, à 200%. Ne te sens pas obliger de me suivre si tu n’en a pas envie. Je ne le prendrais pas mal Mike. » terminais-je par un clin d’œil bienveillant. Bien qu’il vive seul, il doit avoir des obligations, comme un travail par exemple. J’entends les griffes d’Orion contre la vitre, relevant la tête je ne le vois plus à la fenêtre mais je sens sa queue s’enrouler autour de ma jambe.

Je recule mon siège et le voie sortir de sous la table, le dos rond et les poils droits. Il s’est téléporté près de moi. « Orion… qu’est-ce qu’il ne va pas. » Murmurais-je en approchant ma main de lui, malgré ma caresse il feule, ses yeux sont féroces, il n’est pas content. « Ils te cherchent… » Orion est venu nous prévenir que deux des mercenaires de tout à l’heure sont à notre trousse.

Malheureusement, Orion nous sort de notre projet d’aller en boite de nuit pour nous rappeler la réalité de ce monde dur et impitoyable. J’ai à peine dit à Mike qu’on le cherchait qu’il se lève en toute hâte, attrapant ma main et part en courant. Je le freine, juste pour avoir le temps de récupérer mon sac. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe mais je me contente de courir, d’essayer de le suivre, il court vite et j’ai du mal à suivre la cadence. Je repense à cette liasse de billet sur la table… soit ce Mike cache bien son jeu et il est un homme avec de l’argent soit … la situation est tout autre. Et allez savoir pourquoi mon instinct me dit que je me suis peut-être mis dans un drôle de pétrin. Oui je sais, j’aurais dû écouter Orion.

Nous grimpons dans un immeuble, a aucun moment il ne lâche ma main, jamais. Il la tient fermement pour être sûr que je le suive. Quelque part c’est touchant. Il ferme la porte derrière moi dans son studio, tout petit, impersonnel, quelques plantes donnant un peu de vie dans ce lieu monotone. Instinctivement je regarde autour de moi, je sens Orion s’enrouler autour de mes jambes, se frottant le dos, ronronnant. Le danger est passé. Me tournant vers Mike, je vois une arme dans sa main… je ne me sens pas bien, je ne me sens pas à l’aise du tout. Orion capte ma nervosité et feule en direction de Mike. Notre dernière mésaventure avec une arme m’avait couté la vie. Orion fait un pas dans sa direction, le dos rond et feule de nouveau en fixant Mike droit dans les yeux. « Pose … pose ton arme, s’il te plait Mike… » Murmurais-je timidement, ma main se resserrant contre la hanse de mon sac.

Je peux encore entendre ce coup de tonnerre, ressentir cette vive brûlure et l’odeur du sang. Et avec gentillesse il dépose son arme et me demande en flirtant ce que je veux boire. « Un verre d’eau … s’il te plait. » Je dépose mon sac au sol, déposant délicatement mes genoux au sol pour prendre Orion dans mes bras, calmé à la seconde où Mike avait déposé son arme. Il vient frotter sa tête contre ma joue et mon menton et à mon tour je viens embrasser son nez, caressant son dos délicatement. Mes deux mains viennent gratouiller ses deux joues et profite de ce petit moment juste lui et moi pour lui montrer ma reconnaissance pour ce qu’il fait pour moi.

Mike revient avec mon verre, et il …trinque ? Je l’imite sans vraiment comprendre et bois une gorgée d’eau. Il avait l’air d’attendre quelque choses… certainement toutes les questions au quel je me posais à ce moment précis ?! Je fais le tour, silencieusement… son appartement doit faire … peut-être la taille de ma chambre ? Oui à peut-près. « Pourquoi ces hommes te cherche-t-il ? Tu sais je ne suis pas si stupide et naïve que j’en ai l’air. » Pas la peine de me raconter des histoires. Je suis recherché parce que je suis un super-héros ou un truc du genre ça ne marche que dans les films ou avec les Avengers. Il est quoi ? Un espion du gouvernement ou quelque chose du genre. Il est sûr de lui, il s’est se protéger, il a une arme chez lui, veille à la fenêtre comme s’il était habitué de ce genre de situation. « Qui es-tu Mike, pour de vrai ? »

Pourquoi je demande ? Dans le fond je devrais m’en ficher. Prendre mon sac et rentrer chez moi avec mon familier. Mais quelque chose me pousse à rester ici, rester là. Comme s’il avait besoin de moi, comme si j’avais besoin de lui. Et ça m’énerve de ne pas comprendre, de ne pas savoir.

Visiblement ça semble l’énervé ma réaction et surtout celle d’Orion. Prétextant qu’il essaye de sauver nos vies à tous les deux. Je devrais peut-être partir dans ce cas ? Mais il range son arme sans vraiment attendre une autre réaction de ma part. Je ne réponds même pas à son interrogation sur Orion. Me contentant de garder le silence, Orion calmé, dans mes bras. Je glisse mes genoux de côté pour avoir les fesses aux sols, les jambes de côté. Viens le moment où je demande enfin à Mike la raison du comment et du pourquoi de cette étrange aventure. Ayant l’intime impression qu’il me mène par le bout du nez malgré moi. Finalement Mike se pose dans son canapé, sa bière en main et semble chercher ses mots. Après avoir bu une seconde gorgée d’eau je dépose mon verre sur la table basse. Mes deux mains occupées désormais à câliner et gratouiller le pelage noir et brillant de mon animal à quatre pattes.

De ce que je peux comprendre… du peux qu’il dit, c’est un ancien militaire. Ce qui explique son allure toujours droite et direct tout comme un tas d’émotion que l’amulette a pu me faire ressentir. La frustration, la droiture, l’ordre tout comme cet appartement. Tout est parfaitement ranger, à sa place. Comme un appartement témoin, rien ne dépasse. Même s’il a fait une erreur il a changé de camps et avec ces répercutions. Ce n’est jamais facile et comment le lui blâmer. Je fais une petite moue triste quand il m’avoue avoir vrillé après la disparition d’un être proche. D’une petite voix je dis simplement : « Je suis désolé… » Que dire de plus ? Quand on est entre deux mondes ce n’est jamais facile de trouver sa place. Surtout quand chacun des groupes nous veux du mal. Je reprends ma respiration avant de lui dire. « Et … du coup ? Tu … n’es pas un militaire à la retraite… du moins pas vraiment… »

Je n’ai pas envie de dire le mot meurtrier. Ou même mercenaire, assassin. Pourquoi ? Car je n’aimerai pas avoir de jugement trop rapide, peut-être que je fais fausse route, me trompant ouvertement et je risquerai de le blesser. Même si tous les signaux sont dans ce sens… quelque chose au fond de moi me pousse à voir autre chose, plus loin que les signes évident. Il a une dette de vie envers moi… alors j’ose espérer qu’il ne me tuera pas. Et puis il n’aurait pas ranger son arme, je serais déjà morte.

Et moi ? Je me redresse sur mes fesses pour me tenir droite, mes mains toujours occupées à caresser Orion assit contre moi, ronronnant, détendu mais le regard toujours tourné vers Mike. « Mon histoire ? … » Je ne sais que dire. Tout me semble banale et à la fois magique pour le commun des mortels. Mais alors très soudain je réponds « J’ai peur des armes… On m’a tiré dessus… en février et je suis morte. Mon père a tout fait pour me sauver jusqu’à aller en enfer ramener mon âme dans mon corps. » Je suis sûr, même certaine qu’il ne me croira jamais. Qui voudrait croire ça ?! Avec ma main je baisse le col de mon chemisier pour montrer la cicatrice sur ma peau, à la naissance de ma poitrine, droit dans le cœur. Personne ne survie d’une telle blessure sans aucune protection. Mon Orion ne laissera plus une telle chose se produire. Il finit par se lever en s’étirant, je pense que l’appel du canapé est bien trop fort. Il saute et vient s’installer tranquillement sur une place du canapé. « La malédiction de Salem nous permet de traverser les âges, figeant nos physiques à un moment clé de notre vie… du coup… j’aurais éternellement 17 ans. » Je hausse les épaules. Oui c’est bien… mais quand j’aurais une centaine d’année je devrais toujours montrer ma carte pour acheter de l’alcool parce que j’aurais une tête d’enfant juvénile.

En regardant autour de moi dans le studio, je m’aperçois qu’une des plantes près de la fenêtre est fanée. Je tends ma main en sa direction pour que celle-ci vole à travers la pièce pour se poser dans ma main. « Je te propose un marché Mike… » C’est bien comme ça que fonctionne les tueurs à gage non ? Ou alors je regarde trop de film à la télévision. « Mon père n’accepte pas que je fasse tout et n’importe quoi. Mais depuis mon … incident j’ai besoin de vivre et de bouger, voler comme un oiseau et goûter à la liberté. Il a peur qu’il m’arrive de nouveau quelque chose. Alors ton rôle c’est de me protéger ! Je sors, je m’amuse et toi tu me protèges un peu comme un garde du corps et moi … je mets un peu de couleur dans ta vie et je fais en sorte qu’on ne t’embête pas non plus. » Pendant ce temps, je mets mon index dans la terre. Lorsque je me tue enfin, je souffle sur les feuilles fanées, qui se redressent doucement, retrouvant leur couleur verte. C’est facile sur une plante verte ! Je pose enfin la plante de nouveau en vie sur la table basse. Que pense-t-il de mon marché ?