N-Y, Juin - Août 2019
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From Dusk till Dawn

Némésis Knight
– Gardien de la Galaxie –
Némésis Knight
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» ma tête : Adelaide Kane

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Dans sa chambre flottait une odeur inhabituelle de rose, de violette, de sueur.

À travers les épais rideaux de cette petite chambre d'un hôtel italien, un rayon de lumière parvint à percer et à déranger la jeune femme allongée sur le lit. Il chauffa tout d'abord sa joue ce qui arracha un grognement à la brune étendue là puis il parvint à monter jusqu'à son œil. Ce satané rayon de soleil était si têtu, que même en protégeant son globe oculaire de sa main, Némésis ne parvint pas à faire taire la gêne qu'elle ressentait. Elle avait alors ouvert les yeux en continuant de grogner, s'était redressée et avait constatée plusieurs choses. Tout d'abord, elle avait un mal de tête époustouflant. Le genre qu'on a qu'une seule fois dans sa vie, le genre particulièrement arrosé d'alcool. La télépathe qui prenait d'ordinaire tant soin de cerveau se maudit mille fois pour cette imprudence. D'habitude, elle ne buvait pas autant. Pas suffisamment en tout cas pour souffrir à ce point. Les mains sur les tempes, elle remarqua alors le deuxième point qui faisait que ce réveil était indubitablement différent des autres.

Elle était nue.

Rien de grave donc, mais Némésis n'avait pas tout à fait pour habitude de s'endormir dans son plus simple appareil. C'était même plutôt le contraire, frileuse comme elle était. Ensuite, elle remarqua les diverses marques sur son corps qui témoignaient toutes que cette nuit avait été agitée. Très agitée, à en croire la morsure passionnée au coin de son sein droit. C'est à ce moment là, qu'elle commença à avoir peur de tourner la tête.

Dernier et plus important des éléments classés "franchement inhabituels" : Kara était dans son lit.

Ça faisait un moment maintenant qu'elles voyageaient ensemble. Elles passaient d'ailleurs de très bonnes vacances, avaient parcouru de nombreux villages italiens, quelques grandes villes et s'étaient récemment arrêtées en plein cœur de Rome. De fantastiques vacances dont Némésis s'était servie pour découvrir ses origines. Grâce à une longue et pénible étude, elle avait pu comprendre qui était la femme à côté de son arrière grand père sur la photographie retrouvée dans son grenier. Elle avait identifiée cette femme, découvert les grandes lignes de son histoire et son identité secrète : Némésis.

Sacrément ironique, pas vrai ?

Ce qui l'était aussi grandement, c'était son atout majeur. Son épée, l'arme d'Onyx sobrement nommée Scell. D'après diverses archives, le dernier endroit où avait été aperçue son ancêtre, c'était ici, à Rome. Némésis voulait mener l'enquête, la retrouver elle et si elle n'y parvenait pas... retrouver au moins son épée. Elle voulait savoir ce que ça lui ferait de la porter, à quel point cela la transformerait. Elle espérait naïvement y trouver un but.

Mais heureusement, elle n'était pas venue que pour cette raison.

Non, elle était venue pour Kara. Pour la retrouver, pour passer du temps avec elle, pour rattraper le temps qu'elles avaient perdu en se boudant bêtement. Et ça n'avait pas loupé, les deux amies passaient d'excellentes journées italiennes, d'excellentes soirées, d'excellentes vacances. Les jours ici étaient rythmés par les glaces à l'italienne et le parfum irrésistible d'une pizza qui sort tout juste du four. Leurs soirées se poursuivaient jusqu'à tard et étaient souvent synonymes de folies faites avec pour seul témoin la nuit. Cette nuit révélait Némésis et la rendait plus libre, plus jeune, plus insouciante. Si ça n'avait pas été aussi cliché, elle aurait pu dire qu'ici, aux côtés de Kara, elle vivait pour la première fois.

Mais ça... ça c'était bien la première fois que ça arrivait.

Lorsqu'elle aperçut le corps de Kara étendu là, quelques images brèves lui revinrent en tête. Il en fallait désormais beaucoup pour faire rougir Némésis et ces souvenirs la transformèrent instantanément en tomate séchée. Si Kara était pourpre, Némésis était désormais cramoisie de la tête aux pieds.

Mais qu'avait-elle fait ?

Ça, c'était vraiment une bonne question. Pour l'instant, rien d'autre ne lui revenait. Rien. Pourtant, elle sentait bien qu'il y avait autre chose. Que ce n'était pas juste du sexe. Malgré son mal de crâne fulgurant, la brune se releva et enfila une chemise suffisamment longue pour cacher ce qu'il y avait à cacher. La vision qui s'imposa à elle n'était pas plus correcte une fois debout et semi-habillée. Elle passa ses mains à la naissance de ses cheveux, tira légèrement dessus en s'interrogeant sur la façon dont elle devait procéder. Devait-elle s'en aller pendant que Kara dormait encore et faire comme si rien ne s'était jamais passé ? Mais dormait-elle encore ? La voix légèrement hésitante et surtout rocailleuse à souhait, Némésis l'appela.

- Kara ?

Et maintenant, il ne restait plus qu'à prier pour que la Killgrave n'ait rien entendu.

- Je crois qu'on a fait une bêtise...


Peut-être même plusieurs en vérité...
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Kara Killgrave
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From Dusk till Dawn: Killgrave's Nyx


La tempête éternelle des Ombres et de la Dame Pourpre renaissait de ses cendres : pire, elle devenait immortelle à présent. La tragédie de leur histoire brûlait de nouveau, dévoilant lors de la mort de la nuit une aurore des plus pourpres. L’obscurité et les premiers rayons tentaient de vaincre l’un et l’autre –l’un refusant de mourir et l’autre refusant de vivre. La guerre continua longuement puis fut abandonnée quand les deux opposants s’unirent dans une danse des plus étranges.


En sueur, paniquée, Kara avait lancé un énième hurlement au cœur de la nuit. Son pied avait défoncé la porte de la chambre d’hôtel comme si elle avait oublié l’usage de ses mains tremblantes : son père revenait. Il était là, quelque part. À regarder dans un coin de la pièce, à attendre qu’elle soit endormie afin de…Kara courait dans le couloir, voulait s’enfuir, voulait aller le plus loin possible au nord, au sud, à l’est, à l’ouest même…


Rien ne pourrait la sauver de ce cauchemar plus vivant, plus ardent que n’importe quel incendie. Or, Némésis se tenait là, sous l’encadrement de sa porte, frottant ses yeux et baillant devant le cinéma de la jeune Killgrave. Aussitôt, le souvenir de son père s’effaça quand Kara repoussa ses boucles de son visage, élargissant ses lèvres couleur sang de chaque côté de ses tempes.


Persuasion était en Italie avec sa meilleure amie, sa seule et véritable amie : des mensonges sur son identité, sa petite sœur était son bourreau de prison, la mort de Dane les avait séparées, et…tant d’autres aventures digne des pires voyages hallucinogènes possibles. Il y avait même un Dragon dedans. Le rire éclata de sa gorge quand Kara regarda sa peau pâle, lilas qui prenait des tournures bleutées à ses articulations. Vêtue de pourpre et de rouge, la mutante enlaça son amie par la taille – n’ayant aucun doute que ce chaos post-sieste donnerait naissance à la nuit la plus mouvementée de toute sa vie :



« Ne m’abandonne jamais. Je t’en prie, Némésis. »


Et le Destin frappa brutalement cette nuit douce, naissante.



***



Frappée des spasmes et de crispations, le corps de Kara était conscient de son état d’éveil, mais ne pouvait pas se permettre de bouger. Paralysée et les yeux entrouverts, la Killgrave tentait de se libérer de la prison de son corps sans y parvenir. Éprise de l’inaction, ses yeux se refermèrent dans l’espoir de trouver le sommeil et l’oubli. Contrairement à son amie, les événements impulsifs de la nuit précédente lui revinrent une minute à la fois : une torture lente et exquise à la fois. Par contre, elle tut sa Raison, son Tempest et se jura de ne jamais mentionner la nuit précédente à nouveau entre elles. Quelques heures plus tard, Kara écouta Némésis se réveiller, grogner, se tirer du lit et se vêtir. Toujours immobile, la mutante entendit les paroles de son amie sans dévoiler un seul frisson qui pouvait dévoiler son état d’éveil.


Emmitouflée dans les draps, ses boucles de feu éparpillées en éventails derrière elle, la Killgrave pensait sans parvenir à s’affranchir de la douleur qu’elle ressentait – résoudre ce problème s’avérait impossible. Leurs vacances si légères venaient de s’estomper, de se terminer brutalement avec la force du Destin. Le miracle se produisit, Kara ouvrit enfin les yeux et se tourna vers Némésis. Le regard bleuté de violences pourpres, la Killgrave tourna aussitôt sa tête vers la porte de la salle de bain qui s’ouvrit sur un jeune homme à la musculature prononcée, et dont le teint basané dévoilait une profession sur les voiles.


Le sursaut de Kara fut grand quand elle plaqua son dos au mur du lit, plongeant l’oreiller sous son postérieur qui s’avérait aussi lilas et nu que le reste de sa silhouette menue. L’image de leur troisième parti lui revint en tête. Vêtu d’un jean dont il renfilait rapidement la ceinture, les attraits les plus dérangeants de son apparence étaient…une ressemblance frappante au cousin de Kara qui s’avérait être un ami étrange de Nyx. Lorsqu’il releva son visage, la vraisemblance de ses traits avec ceux de Drake étaient exactes. Cependant, sa coupe de cheveux négligée et son teint bronzé le différenciait cruellement de son sosie. Kara devint bleue sous la timidité, et demanda d’une voix tremblante :



« Drake? »
« Non. Andrew. »
« Mais…tu…Attends. »



Aussi, le trentenaire parlait avec un accent italien, suave – un accent qui puait le charisme et la luxure- que Kara crut apercevoir une illusion pure et dure. Le dénommé Andrew plaqua ses yeux rubis, inspirant une glace effroyable et éternelle, contre Némésis puis la fille Pourpre avant de prendre un chandail très usé au pied du lit – comme si celui-ci aurait vécu cent décennies. En effet, la chemise enfilée par Némésis lui appartenait et sentait l’eau salée.


Or, le jeune homme n’allait certainement pas lui retirer du dos. De ses poches, il tendit une carte à l’effigie d’un voilier à la Killgrave et déposa un baiser sur sa main qu’elle retira dans un dégoût des plus évidents, mais dont elle retint le plus fort des gémissements car quelque chose de magnétique avait retenu son attention au milieu de tout ce cirque. Car l’esprit de Kara eut un frémissement épouvantable : une avant-première d’amnésie fatale, très fatale. À l’instant, les souvenirs de la jeune femme s’envolèrent complètement de son enveloppe charnelle. Était-ce un tour de leur étrange compagnie?



« Venez faire un tour sur mon voilier cet après-midi si l’idée vous plaît. Je vous remercie pour la nuit fabuleuse : vous êtes des femmes formidables. J’ai été ravi de vous rencontrer. »




« Attends. »
Murmura la voix agonisante de la Killgrave qui se replia davantage sur elle-même quand elle remarqua la chemise de l’italien sur le corps à demi-nu de sa meilleure amie. L’étranger au visage si familier leur adressa un clin d’œil ravisseur, donjuanesque, avant de s’évader des lieux avec un air canaille. Non sans courber le dos devant Némésis qu’il nomma : « Sa Reine des Ombres. » Aussitôt, la Killgrave se projeta hors du lit dans sa nudité pourpre et poignante, dans ses cicatrices meurtrières et son passé houleux, pour retenir à temps le drap blanc qui tentait déjà de s’enfuir de ses chairs horribles.


Courant à sa perte à la poursuite de l’étranger qui avait peut-être participé à leurs ébats ou à une partie de leur nuit mystérieuse, Kara sursauta une deuxième fois quand elle trouva le corridor vide sous ses yeux pourpres. Seule une odeur acide demeurait, plongeant la jeune femme dans un interrogatoire intérieur plus profond que les divisions des plaques tectoniques sur la surface terrestre.  Pourquoi pensait-elle à cette référence naturelle et imprévisible? Parce que le lien avec l’étranger existait encore, elle le traçait se déplacer à une vitesse épouvantable – ne doutant guère de capacités étranges.


Ce fut à cet instant que Kara releva sa main gauche pour en voir l’alliance sans y porter plus d’attention… Seulement, une robe de mariée blanche traînait au sol en compagnie d’une jarretelle – l’étiquette à plusieurs zéros encore cachée à l’intérieur de la dentelle fabuleuse et faite à la main au niveau de l’aisselle. De l’autre côté, ce qui ressemblait à un costard déchiré à la cravate rouge scindée en deux par une force sombre, obscure. La migraine commença à ravager Kara qui se plia en deux, avant de regarder Némésis en murmurant :



« Je ne comprends plus rien... Je crois même que je suis en train d'oublier tout...Mais, je crois que nous devons trouver ce fichu voilier pour élucider la nuit dernière. »



Une main sur la tempe, des larmes brûlantes et vives sur les paupières, Kara ouvrit un tiroir pour en prendre des fringues avant de les jeter sur son corps meurtri sans se soucier du regard de son amie. Une robe dentelée de noir et de pourpre, des Doc Martens volés à Desdemona dans les pieds, la fille Pourpre se lança corps et âme dans le passage pour retrouver cette personne…ou pour fuir celle qui avait empli ses jours et ses nuits depuis leur première rencontre.



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Némésis eut envie de vomir lorsqu'elle découvrit qu'elle avait en effet commis plusieurs erreurs. En fait, c'est ce qu'elle fit dans un coin de la chambre. La silhouette qu'elle découvrait mais qui lui rappelait pourtant d'étonnants souvenirs d'alcôve n'avait absolument rien de dégoûtant, c'était même plutôt le contraire. C'était davantage l'alcool et peut-être la surprise qui l'avait ainsi fait rendre son dernier repas. La surprise de s'être tout d'abord réveillée au lit avec sa meilleure amie et celle de découvrir son cousin qui sortait des toilettes. Donc, elle avait eu une expérience avec plusieurs partenaires sexuels qui avaient des liens familiaux. Une partouze incestueuse quoi. Génial, elle qui aimait tant Game of Thrones pouvait désormais tenter de devenir une Targaryen ou peut-être une Lannister, elle avait coché au moins l'un des critères. Ses inquiétudes concernant l'identité de ce charmant inconnu furent néanmoins brutalement tues par la révélation de son prénom. Visiblement, elle n'avait pas été seule à se méprendre et elle n'avait pas non plus perdu la vue. Ou alors, elle rêvait. Ce n'était pas très rassurant qu'elle fasse des rêves pareils, mais c'était déjà plus rassurant si tout ça n'était pas réel. Après avoir essuyé le coin de sa bouche avec la manche de la chemise qu'elle portait, elle se pinça très discrètement pour vérifier qu'elle ne dormait pas. Elle recommença trois fois.

Si la présence de ce curieux jeune homme semblait disperser ses souvenirs de plus en plus loin d'elle, des bribes lui parvenaient de temps à autres. De sensuelles images qui lui donnèrent l'impression que sa peau brûlait agréablement. Rien de précis cependant, elle se souvenait simplement d'une promesse qu'elle avait faite bien avant que tout ceci-ci n'arrive. Quand elle avait senti les bras pourpres de Kara enlacer sa taille.

« Jamais. »

N'était-il pas temps de le prouver ? Celui qui prétendait s'appeler Andrew se rhabilla en vitesse et Némésis comprit très que c'était sa chemise qu'elle portait. Bah, il lui devait bien ça non ? Non ? Surtout qu'elle était persuadée qu'elle lui allait bien mieux à elle qu'à lui. Les bras croisés, Némésis le toisait de toute sa petite hauteur avec suspicion. Elle ignorait pourquoi mais elle ne lui faisait pas confiance à celui-là, pas confiance du tout.

- Ouais, on sait merci. Au revoir.

Son intervention vaseuse avait pour but de le faire fuir. C'est ce qu'il fit mais elle n'était pas bien sûre que c'était de sa faute. Némésis avait essayé de sonder ses pensées dès qu'il était sorti de là où il se cachait, mais elle ne parvenait qu'à entendre un bruit de fond insupportable qui ne ressemblait à rien à des pensées. Elle mis ça sur le compte de l'alcool et de sa tête qui la faisait atrocement souffrir, ce qui empira encore un peu lorsque son regard glissa sur la silhouette recroquevillée de sa meilleure amie. La culpabilité lui prit la gorge sans crier gare. Que lui avait-t-elle fait ? Elle ne se souvenait pas de grand chose mais elle savait assurément que ça... Kara n'en avait pas besoin. Leurs vies respectives étaient assez mouvementées sans rajouter quelque chose de ce genre là, quelque chose d'aussi dangereux et qui avait à coup sûr perturbé la Killgrave. Peut-être que cela l'avait même perturbé elle. Perturbée au point qu'elle ne put détourner le regard lorsque la jeune femme se leva, qu'elle fut ensorcelée l'espace d'un instant par le galbe d'un sein si parfait dont elle en sentait encore le goût sur ses lèvres. La brune secoua la tête vivement, tentative désespérée pour se débarrasser de ces pensées embarrassantes.

- Mais...


Pliée par la douleur, Kara semblait visiblement vivre les choses bien plus difficilement que la télépathe qui malgré cette migraine qui brouillait complètement ses pensées... allait physiquement plutôt bien. Ses nausées avaient également disparues et pour cause, elles étaient répandues sur la moquette. Son amie enfila vivement des vêtements en marmonnant qu'elles devaient retrouver ce voilier, ce que Némésis ne saisit pas au premier coup. Et voilà qu'elle s'en allait désormais. La brune attrapa un jean dont elle ignorait toujours la provenance, l'enfila sans prendre le temps de boutonner sa chemise et chaussa des escarpins qui eux en revanche, étaient bien les siens. Miracle, il restait donc quelque chose de ses vêtements.

- Mais Kara ! Attends moi !

On aurait dit une petite fille qui chouinait après sa mère, mais cela lui importait peu sur le moment. Elle n'eut pas à chercher bien loin puisque la jeune femme était simplement dans le couloir adjoint à leur chambre.

- On ne sait rien de ce gars ! Si ça se trouve il est dangereux et...

Elle se tut, brutalement consciente de la stupidité de ses propos. Si cet homme était vraiment dangereux, alors il aurait pu leur faire du mal mille fois. Et puis ce n'était pas comme si elles étaient d'innocentes petites demoiselles en détresse.

- Bon d'accord, c'est vrai t'as raison. Il faut qu'on y aille. Et qu'on se prenne un café sur la route.

Parce qu'elle avait très, mais alors très mal à la tête. Pour la première fois, elle n'osait pas regarder Kara plus longtemps que dix secondes. Elle fuyait son regard parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle pourrait trouver à l'intérieur. Elle n'osait pas la réconforter car elle se savait en partie responsable de ce qui venait d'arriver, même si elle ignorait de quelle façon. Alors elle prit simplement la jeune femme par la main et appela l'ascenseur. Plus vite cette histoire serait éclaircie, plus vite elles pourraient en parler et régler ce différent. Une fois les lourdes portes ouvertes, Némésis se rua à l'intérieur en n'hésitant pas à pousser ceux qui en sortaient et en profita pour recoiffer ses cheveux courts dans le miroir. C'est à cet instant qu'elle vit l'alliance qui brillait à son doigt.
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Némésis poursuivait Kara : Kara poursuivait l’ombre d’Andrew. Comment le pouvait-elle? Ses champignons pourpres toujours présents dans l’organisme de cet être vivant, la mutante prenait les bonnes directions – osant parfois forcer Némésis à tourner avec elle d’une poigne de fer sur son avant-bras fragile. La Killgrave, dont la mémoire s’effaça, libéra un grognement plaintif ainsi qu’une épistaxis bien forte. Sa main ensanglantée s’empara de celle de Némésis puis la relâcha lorsque le lobby de leur hôtel fut dépassé. Le soleil les frappa : l’air salé les embrassa durement : les résidents des environs commencèrent à pointer les touristes du revers de la main.


Andrew semblait avoir disparu de leur vue, mais Kara le repéra au coin du troisième bâtiment sur leur droite. La vieille architecture prenait de l’ampleur, dévoilant parfois des motifs colorés au fil de leur course. La Killgrave réussit à surpasser les Ombres quand sa maigreur omniprésente lui permit d’exceller grâce à sa légèreté.



« Arrête! »
s’époumona Kara pour la première fois de sa vie dans un lieu public. Aussitôt, tous les hommes s’immobilisèrent à des kilomètres à la ronde. La violette jeta un regard furieux à sa meilleure amie avant de se diriger vers le dos du jeune homme qui semblait légèrement courbé vers l’avant, et même vouloir cacher son visage.



« Regarde-moi. »




Le visage de Drake la cingla toujours, particulièrement lorsqu’il soupira dans un accent italien en gesticulant des mains pour se moquer du duo étrange qui le poursuivait. Pourtant, il regarda la Killgrave sans broncher – pire en lui envoyant un bisou du revers de la main. Pendant ce temps, aucun humain n’osait bouger – ne pouvant entraver les ordres de la fille de l’Homme Pourpre dont la rumeur commença à naître dans les bouches. Kara gronda une seconde fois, leva sa paume pour gifler le malpoli de toutes ses petites forces et fut attrapé plein vol comme un oiseau.



La main rude de l’italien sur la sienne, obstinément plus forte, plus endurante, plus meurtrière. Andrew leva ses iris rouge sang pour défier Némésis du regard puis tira la Killgrave contre lui pour l’assommer d’un poignet qui semblait plus dur que l’acier. Elle était bouillante de rage, de haine pure et glacée d’orgueil. Écroulée sur une épaule, les résidents des alentours continuèrent de demeurer immobiles – toujours sous l’ordre de la Killgrave. La tête d’Andrew pencha de gauche à droite, alors qu’il indiqua à la jeune mutante de le suivre sur le côté – à l’égard des indiscrets.



« Némésis. À votre honneur. »



Se doutant qu’elle pourrait l’attaquer, leur ancien collaborateur d’une nuit oubliée marcha derrière Sa Reine des Ombres puis déposa Kara dans ses bras pour la secouer comme une poupée. Bientôt, elle se réveilla aussi troublée qu’au départ. Certes la proximité de ce visage familier sembla mettre sur la glace sa colère impulsive et incontrôlable. Kara débattit des bras et des jambes et se récolta la tonicité, pire l’amusement de l’étranger. Soudain, ces traits si narquois, si indifférents, affirmèrent un sentiment de dédain – de trahison profila la Killgrave.



« Mesdames, je croyais être votre ami. Nous avons festoyé ensemble, nous avons partagé moult tragédies autour d’un verre. Je croyais mériter votre amitié. »




Les seuls détails qui le différenciaient du Drake original étaient son bronzage – même s’il avait un teint vert par endroits, ses cheveux sales en bataille et son accent charismatique à tout casser. Il haussa des épaules, resserra son emprise sur la Killgrave pour la restreindre comme si son toucher lilas lui était agréable. Elle tenta d’en placer une, mais Andrew plaqua un baiser sur la bouche rubis de la jeune femme qui devint encore plus émotive. Les yeux humides, elle hurla presque de dégoût en provoquant un sourire chez leur prétendu ami. Ce dernier réitéra son geste précédent puis laissa enfin Kara lui échapper. Celle-ci courut se cacher derrière Némésis – plus rouge qu’une tomate et plus fébrile qu’une feuille de soie.



« Allons au petit-déjeuner maintenant... sauf si vous désirez retourner au lit. Je meurs de faim. »



Décidément, il était le seul à ressentir l’appétit : Kara revint aux côtés de son amie puis lui demanda en tenant son ventre creux qui gronda pour une raison mystérieuse : « Ném? Qu’est-ce…?»



« Ce sera mieux qu’un combat à mort devant des innocents. Non? »
Trancha Andrew qui roula ses yeux au ciel en passant une main sur sa taille avec des yeux tenaces dans leur direction.



***

Voilà, les trois ennemis étaient désormais en train de prendre un petit-déjeuner massif dans un restaurant trois coins de rue plus loin. Andrew pointa Némésis du bout des doigts puis la laissa élaborer ses interrogations la première –recevant toujours des regards timides d’une Killgrave de plus en plus étrange - anormale. Puis Andrew leva son mimosa en l'honneur de la Reine des Ombres et de sa femme. Que de surprises encore à venir.



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