The Doctor will see you now [Azilys]

Past, Present, Future.

Le monde a changé.
Encore.

New York a subi ces dernières années un nombre abominable de crises et de difficultés – et rien n'est terminé ; cela continue. Cela empire.
Cela se prolonge... et cela plonge la Grosse Pomme dans une situation abominable, étouffante.

HYDRA est de retour.

L'organisation issue de l'Allemagne Nazie est réapparue soudainement, alors que l'Humanité la croyait disparue... ou au moins en souffrance, après la chute de la corruption du SHIELD et l'emprisonnement de ses meneurs.
Hélas, non.
HYDRA est revenue – et son plus grand dirigeant avec elle.

Red Skull.

Le monstre, le premier adversaire de Captain America ; le fléau de la Deuxième Guerre Mondiale.
Revenu. Ressuscité. Ramené.
… directement au cœur de New York. A la tête d'un commando agressif.
Les événements se sont précipités, alors. Et ils n'ont sincèrement rien de positif, ou de constructif.

Une partie de New York est sous le contrôle d'HYDRA ; des frontières sont installées, des zones sont organisées. Une ambiance abominable s'installe, alors que plusieurs rues sont dirigées et gérées par HYDRA... qui attend.
Qui joue la montre. Qui provoque. Qui défie.
Et nul ne sait quoi répondre.

Le Président des Etats-Unis d'Amérique tempère les volontés guerrières de son Armée ; la Garde Nationale gère les pseudo-frontières.
Les Avengers ont été mandatés – et un plan est prévu ; il va s'appliquer.

Les Avengers vont déclarer la guerre à HYDRA... et ils doivent réussir.
Sinon, l'Amérique fera de même.
Et cela n'apportera que misère, morts et désolation dans New York.

Ce plan va être mené ; il va être appliqué.
Bientôt.
… mais pas aujourd'hui. Pas maintenant.
Bien que tout le Complexe des Avengers se prépare – rien n'est encore lancé.

Spoiler:

Tout est organisé, et tout se prépare.
Mais les Avengers ont encore un peu de temps – et même un peu de temps libre.

Ce dont Dane Whitman entend bien profiter.
Car il a des choses à régler – et une amie à aider. Il ignore s'il pourra encore le faire après l'application du plan... et il veut gérer ça avant.

Dane Whitman paye toujours ses dettes.
Et il ne perd jamais, aussi.

 « Hem. »

Même s'il prend une grande inspiration, et continue à tourner ; encore et encore.

Spoiler:

Devant l'entrée principale ; en civil.
Il attend.
Il attend... quelqu'un. Une amie.

Azilys Dulac.
Qui a des soucis. Qui a des interrogations. Qui a besoin de réponses.
Il peut l'aider ; il va l'aider.
Dane a fait venir un autre, pour cela – qui attend à l'intérieur ; Azilys ne devrait pas tarder. Il l'espère.

Dane est peu patient, et nerveux ; mais ce n'est rien face à la suffisance de l'Autre.
Qui l'exaspère déjà, par ses réflexions.
L'Avenger espère vraiment que son amie ne va pas tarder... car il n'est pas sûr de se retenir face à son autre invité, s'il entend encore ses commentaires de râleur !

Les choses s'étaient enchaînées rapidement depuis leur escapade à Staten Island. À cette époque, elle rentrait juste de son week-end en amoureux avec Drake à Long Island, ils filaient le parfait amour et elle ne savait pas encore que le fruit de son comportement de gamine inconsciente grandissait déjà en elle.

En y repensant, elle avait l'impression que cette magnifique journée s'était déroulée des décennies plus tôt, alors qu'elle ne datait que de quelques mois. Mais tant de choses s'étaient passé entre temps qu'elle avait l'impression que s'était dans une autre vie. Et même si elle avait revu Dane depuis ils n'avaient jamais reparlé des projets qu'ils avaient évoqués ce jour-là.

Il faut dire que les circonstances ne s'y étaient pas prêtés. En fait, s'ils s'étaient parlé régulièrement par sms, ils ne s'étaient pas vus souvent... Deux fois où Dane avait tout lâché pour foncer au chevet de son amie en souffrance.

La première fois, suite à sa rupture avec Drake, où il avait déboulé chez elle, armé d'un énorme pot de glace et où elle avait copieusement inondé son épaule de ses larmes. Et la seconde, après l'incendie, quand il avait déboulé dans sa chambre d'hôpital.

Aucune des deux circonstances ne s'était prêtée à l'évocation des propositions qu'il lui avait faite dans le parc de Staten Island. Elle devait avouer que ça lui était presque sorti de l'esprit. Visiblement, lui ne l'avait pas oubliée.

Elle était un peu nerveuse en se rendant au rendez-vous qu'il lui avait donné, devant l'entrée du Complexe des Avengers. Maintenant, elle n'était plus vraiment très sure d'avoir envie de rencontrer ce fameux Docteur Bizarre, et surtout, elle n'était pas vraiment sure d'en avoir encore besoin. Après tout, maintenant, elle avait les réponses aux questions qu'elles se posaient à l'époque. Elle savait que ce qu'elle avait ressentit pour Drake n'était pas juste un impression, qu'ils étaient vraiment liés.

Mais Dane s'était donné du mal pour organiser cette rencontre, surtout en ce moment, où il avait d'autres sujets d'inquiétude. Et elle appréciait ces efforts à leur juste valeur.

Même si elle avait quelques minutes d'avance, en arrivant sur le parking, elle ne fut pas surprise outre mesure de l'apercevoir en train de faire les cents pas comme un lion en cage devant la porte du complexe. Elle savait que la patiente n'était pas vraiment la qualité la plus développée chez son ami.

« J'espère que le béton du trottoir à été renforcé, parce qu'à force de l'arpenter de la sorte, tu vas finir par l'user. » le taquina-t-elle en guise de salut.

Past, Present, Future.

Dane Whitman relève la tête, alors qu'il erre devant l'entrée du Complexe.
Il entend ; il l'entend.

 « Ha. »

Elle ; qui arrive. Qui s'approche.
Qui s'avance, et qui lui adresse une petite pique.
Elle, oui.

 « Hey. »

Celle qu'il a invitée ; celle qu'il a fait venir.
Son amie.
Azilys Dulac. Agente du S.H.I.E.L.D. ; infirmière. Mutante, aussi.
En couple avec... quelqu'un que Dane n'aime pas, même s'il en vient à le respecter ; l'estimer. Qui l'a mise enceinte, d'ailleurs.
Drake.
Un dragon ; littéralement.
Avec qui elle pourrait avoir un lien... encore plus profond. Encore plus intense.

 « C'est mieux que du béton armé, Lys : du béton Avengers.
Il se rassemble à chaque fois qu'on marche dessus ! »

Il sourit, puis s'avance vers elle ; la blague est mauvaise, mais elle a l'habitude de son humour.
Ça passera. En principe.

 « C'est... ça va ? »

Dane se penche en avant, claque la bise, comme on dit en France ; il sourit.

 « Viens. Mieux vaut rentrer. »

Black Knight ouvre la porte, et guide Azilys à l'intérieur ; à l'intérieur du Complexe des Avengers.
Impressionnant.

Spoiler:

Rempli de gadgets ; et d'éléments technologiques surprenants.
Bien que l'ensemble soit froid et lourd.

 « Excuse le bordel... on est sur le pied de guerre. Enfin... »

Dane soupire, et grimace.

 « Mauvais jeu de mots. Pardon. »

Il s'en veut ; la tension est palpable, désagréable.
Dane n'a jamais aimé ça.
Même à l'époque des Croisades – même dans ses six années passées dans le passé ; il n'aimait pas ça. Cette attente avant la fureur... cette quiétude insupportable, avant le pire.

 « On... c'est compliqué, en ce moment. »

L'Avenger baisse légèrement les yeux, mais guide encore Azilys.
Ils s'enfoncent dans la base.

 « Là... on arrive. »

En effet ; ils débarquent dans le lieu voulu pour ce fameux entretien.
Une salle privée.

Spoiler:

Un peu renfermée ; un peu repliée.
Assez agréable.

 « Il... notre rendez-vous n'doit pas être loin, j'pense qu'il est pas l... »

 « Une première erreur, Dane Whitman ; je suis présent.
Ne multipliez pas les faux-pas. »

Une voix sèche se fait entendre ; des pas claquent sur le sol, et une forme approche.

Spoiler:

Une silhouette ; massive et charismatique.
Qui lance un regard acéré vers le duo d'amis.

 « Bonjour ; je suis le Docteur Stephen Strange.
Dane Whitman m'a indiqué que votre situation pourrait relever de mon domaine de compétences. J'entends en apprendre plus, et rapidement. Pour déterminer si Dane Whitman me fait encore perdre mon temps. »

Dane grimace ; il soupire, et serre discrètement les poings.
Il se contrôle. Il se maîtrise.
… pour l'instant, au moins !

Dane et son humour. Lys le gratifia d'un petit sourire en secouant la tête avant de lui rendre son baiser.

« ça va. Je te remercie. » répondit-elle en le suivant à l'intérieur.

C'était la première fois qu'elle venait au Complexe des Avangers. Elle avait parfois eu l'occasion de visiter la Tour Stark qui leur tenait lieu de QG à l'époque, mais jamais le nouveau complexe. Elle du bien reconnaître que s'était un endroit impressionnant, bien qu'elle le trouve froid avec ses matériaux modernes et ses lignes épurés.

Elle hocha la tête quand Dane s'excusa du désordre qui y régnait, en expliquant bien inutilement les raisons. Même si Lys n'était pas en première ligne, Seth veillant à ce qu'elle ne soit pas impacté par les évènements actuels, c'était même tout juste s'il l'autorisait encore à sortir seule, elle savait ce qui se passait. Elle avait entendu parler de Crane rouge et de ses sbires qui avait pris possessions de certains quartiers de la ville.

Et ici plus qu'ailleurs, la tension était palpable, Lys avait l'impression que même l'air était épais, lourd, presque malsain. Lys ressentait désagréablement la tension. Elle se sentait inquiète, inconsciemment, elle se rapprocha de Dane, glissant son bras sous le sien, cherchant du réconfort dans sa présence rassurante.

« C'est gentil à toi d'avoir organisé cette rencontre, j'imagine bien que vous devez avoir bien d'autres chats à fouetter. » le remercia-t-elle alors qu'il la guidait vers une pièce plus petite. Enfin, tout était relatif dans l'immensité de cet endroit, ce « petit salon » était probablement aussi grand que l'appartement de Drake.

Mais l'endroit était quand même plus accueillant et intime que le hall d'entré. Elle laissait errer son regard sur l'endroit, l'immense baie vitrée au fond donnant sur un petit jardin. Des canapés et fauteuils était disséminés ici ou là autour de petites tables basses, formant des ilots espacés les uns des autres.

Pour le moment l'endroit était vide, mais elle devinait que même lorsqu'il était occupé, on devait avoir quand même une impression d'intimité.

Dane regarda autour de lui, commençant à dire que leur rendez-vous ne devait pas être bien loin, et Azilys sursauta, et plusieurs chaises à roulettes heurtèrent le mur opposé, lorsqu'une voix cassante et autoritaire lui coupa la parole. Elle se mordit la langue pour ne pas jurer. Il y avait bien longtemps que sa télékinésie n'avait pas fait des siennes. Enfin, encore heureux, les chaises avaient foncée dans le sens opposé à la voix. Elle était presque sure que le fameux docteur n'aurait pas apprécié de se prendre une chaise à roulette lancé à pleine vitesse dans les genoux.

Lys eut l'impression de sentir un désagréable frisson courir sur son échine. Elle n'aimait pas le ton de cette voix, elle n'aimait pas l'impression de dédain qu'elle dégageait. Elle réprima l'envie de faire un pas en arrière quand elle vit une silhouette s'approcher d'eux.

La silhouette était à l'avenant de la voix, immense, raide. Elle se refusa à détourner le regard quand il posa sur elle son regard acéré, vert mêlè de bleu, mais elle dut bien reconnaître que l'exercice lui demanda beaucoup d'efforts. Elle se dit qu'il était heureux qu'elle soit accoutumé aux regards glaciaux que Seth lui lançait parfois. C'était un bon entrainement. La différence étant que malgré la froideur des yeux de son compagnon, elle y percevait quand même l'amour qu'il éprouvait pour elle. Les yeux de cet homme était juste froid, scrutateur. Il posait sur elle un regard clinique. Elle avait l'impression d'être un insecte sous la lentille d'un microscope.

Enfin, il se présenta, mais ne poussa pas la politesse jusqu'à lui tendre la main. Ce qui arrangea bien la jeune femme, elle n'était vraiment pas sure du tout qu'elle aurait apprécié les visions que sa clairvoyance aurait pu lui envoyer en touchant les doigts de cet homme.

« Enchantée de vous rencontrer. Je suis Azilys Dulac. Je vous remercie d'avoir accepté de me rencontrer. » répondit-elle d'une voix qu'elle s'efforça de garder douce malgré son stress. « Je n'ai pas l'intention de vous faire perdre votre temps. » ajouta-t-elle avec un sourire. « Demandez-moi ce que vous voulez, dites-moi ce que je dois faire pour vous aider. » conclut-elle, souhaitant montrer toute sa bonne volonté.

Past, Present, Future.

Dane Whitman esquisse un léger sourire, en accompagnant Azilys Dulac au cœur du Complexe des Avengers, et en entendant ses mots.

« T’inquiète. »

Il sent bien qu’elle se sent gênée d’apparaître ici, de le rejoindre ; la veille d’une opération. Quelques heures avant que l’équipe, et toute l’organisation derrière, se lance dans une contre-attaque face à HYDRA.
L’Avenger comprend son trouble ; mais il refuse d’en tenir compte.

« J’préfère m’occuper de toi et te voir… que d’assister encore aux briefings du SHIELD et du reste. Ça a jamais été ma passion, et ça change toujours pas. »

Il adresse un petit clin d’œil complice à l’infirmière, et continue son avancée ; jusqu’à l’arrivée.
Jusqu’à destination.
Le fameux salon où l’entretien est prévu. Où l’autre membre du groupe improvisé se tient déjà… et apparaît, dans son style caractéristique.

« Hrm. »

Un léger grognement s’échappe de sa gorge, alors que ses paupières plissent ; foutu Magicien.
Dane ne les a jamais aimés – ni aux Croisades, ni maintenant. Stephen Strange ne change pas l’a priori négatif qu’il a pour eux, bien au contraire.
Surtout s’il compte à lui parler ainsi… surtout s’il provoque des réactions aussi sèches chez Azilys qui, troublée, ne peut maîtriser sa télékinésie ; il le remarque. Et il n’aime pas voir cela.

La jeune femme prend cependant sur elle, et va se présenter.
Avec plus de politesse et d’égards qu’il n’en aurait mis, personnellement.

« Ha. »

Les yeux du Docteur Strange deviennent perçants, et il hoche lentement la tête.

« Je vois. »

Il tourne la tête vers Dane, et reprend d’une voix neutre et directe.

« Vous auriez dû me dire plus tôt que vos proches sont charmantes et bien élevées, Dane Whitman. J’aurais échangé avec elles, et notamment Mademoiselle Dulac, plutôt que de perdre mon temps avec vous. »

Dans son esprit, Black Knight glousse alors – et bondit sur Stephen Strange, pour le faire tomber et lui écraser son talon sur le visage ; et ça fait du bien.
Mais ce n’est que dans son esprit.

« Il m’faut bien des défauts, n’est-ce pas, Doc ? »

Il se contrôle, pour l’instant ; notamment via des répliques comme ça, qui provoquent une grimace chez Stephen Strange.
Qui ne goûte guère une telle réponse, mais la tolère. Pour l’instant, aussi.

« … soit. »

Le Magicien soupire, théâtralement, et se tourne vers Azilys.

« Dane Whitman a tenté de m’expliquer votre difficulté, Mademoiselle Dulac, mais je pense qu’il est plus pertinent que vous repreniez entièrement.
Dane Whitman a évoqué une éventuelle problématique de… réincarnation. Et j’ai également entendu que vous nourrissez une relation avec un dragon. »

Stephen Strange lève la main, et deux chaises approchent ; d’elles-mêmes.
Il présente l’une à Azilys, pour l’inviter à s’assoir.
Il fera de même, après elle. Politesse oblige.

« Un choix audacieux. »

Il sourit, et l’invite à continuer ; en ignorant complètement Dane Whitman.
Qui boue, encore. Mais prend sur lui, encore.
Pour l’instant, toujours !

L'ambiance était... Électrique.

Il était clair que Dane détestait profondément Strange... Et la réciproque semblait également vrai. Sans s'en rendre compte, Lys s'était crispée. Elle n'était vraiment pas sure d'avoir envie d'étaler sa vie privée et ses doutes face à un personnage aussi imbu de lui-même. Aussi méprisant. Elle n'avait pas envie de s'entendre faire la morale sur ses goûts douteux en amour.

Mais Dane avait pris sur lui pour organiser cette rencontre, et qui plus est à un moment où les états d'âme amoureux d'une obscure petite infirmière étaient vraiment le cadet de leurs soucis. Elle se demandait aussi pourquoi Strange avait accepté. Il était clair qu'il ne l'avait pas fait pour faire plaisir à Dane. Alors, pourquoi perdre du temps avec une histoire aussi périphérique.

La petite passe d'armes entre les deux hommes fit monter d'un cran son stress. Elle perçut la crispation des poings de Dane, et la lueur assassine au fond de ses prunelles sombres. Une étrange sensation de chaleur glissa sur ses doigts et figea un peu plus son cœur. Ce n'était vraiment pas le moment que son nouveau pouvoir fasse des siennes. Sans un regard à sa main, elle savait ce qu'elle y verrait, quelques flammèches s'enroulant autour de ses doigts, elle s'efforça de les contrôler avant de glisser sa main dans la poche de sa veste, glissant un regard vers son ami, tentant de deviner s'il avait surpris cette manifestation incongrue.

La dernière remarque du Docteur concernant sa relation avec Drake la piqua au vif, mettant à rude épreuve sa tentative de contrôler sa pyrokinésie capricieuse. Elle y vit une réprobation déguisée. Sa réponse fut peut-être un peu plus sèche que ce que la politesse exigeait, et plus spontanée aussi.

« Je doute qu'on puisse parler de choix quand on parle d'amour. » Repondit-elle en prenant place sur la chaise qu'il lui avait avancée.

Une fois assise, elle s'efforça de prendre une grande inspiration, pour calmer la nervosité qui la gagnait, replaça une de ses mèches de feu derrière son oreille, prenant quelques secondes pour réfléchir.

Elle ne savait pas bien par où commencer.

« Le début me semble être une entrée en matière plus qu'adapté. » dit Strange avec un sourire ironique qui arracha une moue boudeuse à la jeune femme.

Pas de magie dans cette déclaration, il n'y avait pas besoin d'être devin pour deviner quelles questions s'agitaient sous son crâne.

Elle jeta un coup d'œil à Dane. Elle aurait aimé savoir ce qu'il avait dit au sorcier la concernant, elle regretta de ne pas avoir pensé à l'interroger avant.

Elle se lança, racontant la rencontre, mais passant sous silence la vision qui l'avait tant remuée, expliquant timidement le coup de foudre, la violence des sentiments, si perturbante pour elle qui avait toujours été plutôt pragmatique et raisonnable. Elle raconta aussi la vision qu'elle avait eu en touchant le pendentif acheté dans une brocante, Hortense et un homme ressemblant étrangement a Drake, 70 ans plus tôt, quelque part en Europe. Et, après une hésitation, elle parla aussi de la visite de l'avocate du Diable dans sa chambre d’hôpital, et du document qu'elle leur avait présenté.

Se raconter ainsi face à un parfait inconnu lui coûtait, la mettait extrêmement mal à l'aise, et lui provoquait aussi une certaine honte, qui la mettait en colère. Elle n'avait pas à avoir honte de ce qu'elle ressentait !

Pour contrôler le tourbillon d'émotion désagréable qui menaçait de la submerger, elle baissa le nez, masquant ses joues empourprées derrière un rideau de boucles, focalisant son regard sur ses mains, posées sur ses genoux.

Elle ne savait pas si Dane avait parlé de sa grossesse, elle espérait que ce n'était pas le cas. Elle n'était vraiment pas sure d'avoir envie de livrer son intimité à ce point, même si elle se doutait qu'à un moment ou à un autre, le sujet se présenterait.

Strange ne l'interrompit pas, ne l'interrogea pas, ne demanda aucune précision. Silencieux et immobile, il se contentait de la fixer de ses yeux perçant, même si elle gardait les yeux baissés, elle pouvait presque sentir la brûlure de son regard braqué sur elle. Il lui laissa dérouler son histoire comme elle l'entendait, jusqu'à ce qu'elle se taise, et qu'elle hausse les épaules en guise de point final.

Le silence s'étira.

Jusqu'à en devenir inconfortable.

Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus faire autrement que de relever le nez vers son interlocuteur, cherchant sur son visage une expression, un indice, quelque chose.

Past, Present, Future.

Les premiers moments de la discussion ne sont pas agréables.
Tout le contraire, même.

Dane Whitman prend beaucoup sur lui, afin que tout se passe au mieux ; mais tel n’est pas le cas de Stephen Strange.
Le Magicien réserve ses plus belles piques au Black Knight, mais n’est pas le plus agréable et sympathique des interlocuteurs avec Azilys Dulac. Enfin ; au début.
Car… cela change, ensuite.

« Mmh. »

Un léger soufflé s’échappe des lèvres de l’ancien chirurgien, alors que la jeune femme termine son exposé ; ses explications.

« Je vois. »

Il plisse légèrement les paupières.

« Cela correspond grosso-modo aux éléments développés par Dane Whitman. »

La voix du Docteur paraît différente, soudain ; changée, même, après son long silence.
Plus douce. Plus… gentille, presque.

« Je l’en remercie. »

Même en évoquant directement l’Avenger, qui rôde autour du duo.
Les mains dans les poches, Dane fronce les sourcils en entendant ces mots… gentils, oui ; vers lui.
Ça le surprend, il n’y est pas habitué. Mais… ça n’est pas forcément désagréable, bien qu’il craigne encore le pire, venant du Magicien.

« Heu… bah, de rien. »

Le Docteur Strange hoche la tête vers lui, puis reconcentre son attention sur Azilys ; il sourit, encore.
Et se met définitivement à l’aise sur sa chaise.

« J’ignore ce que Dane Whitman vous a dit de moi… mais je suis Magicien, Mademoiselle Dulac. »

Son sourire s’étend.

« Non pas un amateur de prestidigitation… mais un manipulateur des forces vives de l’Univers. »

Stephen lève sa main, et sa cape s’anime ; sans lui.
Le tissu se détache de ses épaules – et s’élève dans les airs. Pour flotter, et venir se placer dans un coin.
Seule.
Sans aucune aide – sans aucun support, en apparence.

« Je suis donc pleinement… versé dans le domaine occulte ; et je connais les principes de la réincarnation. Qui me semblent intéressés à votre situation, en effet. »

Ses paupières se plissent, encore, et ses mains commencent lentement à bouger.
Ses doigts forment des figures étranges, lentement ; poétiquement.

« Il peut m’être… possible de fournir les réponses que vous attendez ; de déterminer si votre âme a déjà connu ce plan physique, et si elle est liée à votre conjoint.
J’ai cependant besoin de votre… accord, pour cela.
Il s’agit d’un trajet mystique dans votre esprit, Mademoiselle Dulac. Une plongée dans votre inconscient, en forçant une porte qui devrait rester close – mais semble s’entrouvrir, pour troubler votre temps ici.
Je n’agirais qu’avec votre accord. Le voyage peut être… intense. »

Strange lève les yeux, et les fige sur le visage de Dane.

« Vous pourrez l’accompagner ; si tel est le souhait de chacun. »

Plus de pique ; plus d’attaque.
Le Docteur est en pleine opération – et l’heure n’est plus aux plaisanteries.
Stephen Strange est un professionnel.
Jadis de la chirurgie, maintenant de la Magie !

« Qu'est-ce que je fais là ? » « Pourquoi j'ai accepté de rencontrer ce type ? » « Est-ce que je peux encore me tirer, prendre mes jambes à mon cou ? »

Les questions se bousculaient dans son esprit, les doutes aussi. Lys se sentait vraiment très mal à l'aise. Elle regrettait sincèrement d'être venue. Elle ne rêvait que de pouvoir aller se blottir sur le canapé, sous le vieux plaid un peu pourri qu'elle avait imposé dans le somptueux appartement de Drake, une loque au milieu des œuvres d'art, mais qu'elle adorait, et que Trésor et Cerbère appréciaient aussi.

Son esprit trouva un peu de réconfort au souvenir des après-midi qu'elle avait passé confortablement pelotonnée sur le canapé, enroulée dans cette pièce de tissu issus de son ancienne vie, et qui lui permettait de ne pas perdre de vu ce qu'elle était et d'où elle venait. Trésor et Cerbère aussi adoraient cette couverture sur laquelle ils pouvaient se vautrer allégrement sans encourir les foudres de son maître. Le souvenir de ses après-midi tranquille, un bon livre dans les mains, le husky allongé de tout son long sur ses jambes, l'Abyssin, ronronnant de tout son cœur, pétrissant son ventre en posant sur elle un regard mi-clos énigmatique. La tension s'évapora un instant. Jusqu'à ce que la voix du Docteur la ramène brutalement au présent.

Elle sursauta légèrement, ramenant sur son interlocuteur un regard empreint de tristesse.

Mais, le ton de l'homme avait changé. Moins cassant, plus chaleureux, même si elle n'était pas sure que la chaleur soit due à une quelconque empathie. C'était plus comme si, ayant découvert que le « sujet » devant lui pouvait être potentiellement intéressant, il cherchait à le rassurer.

L'image du serpent du Livre de la jungle, sifflant « Fait moi confiance. » s'imposa à son esprit, la faisant pouffer de rire. Elle plongea à nouveau le nez vers le sol, confuse, marmonnant une excuse.

Quoi qu'il en soit, sa réaction ne sembla pas avoir troublé Strange outre mesure. Ignorant sa réaction, qu'il ne l'ai pas remarqué ou qu'il ai décidé de ne pas en tenir compte, il se lança dans une explication sur les arts mystiques, précisant, comme s'il en était besoin face à une femme vivant au quotidien avec un l'incarnation de l’âme d'un dragon, démon et sorcier, que son art n'avait rien à voir avec les illusionnistes. Elle se sentit sourire. Visiblement, lui aussi pouvait ressentir le besoin de se justifier, pour un peu ça lui donnait un air plus humain.

La cape vivante lui rappela un livre qu'elle avait lu quelques semaines plus tôt, sur le canapé, devant l'âtre, sous sa couverture... sauf que dans cet ouvrage le vêtement animé était une écharpe ayant assez mauvais caractère. Elle suivit des yeux la cape, se demandant si elle était aussi volage que l'écharpe de l'héroïne de son roman.

Elle était consciente qu'elle fuyait, que son esprit s'attachait à toute idée lui permettant d'ignorer la vraie question. Celle que Strange venait de lui poser et qu'elle aurait pu reformulée par « Jusqu'où êtes vous prête à aller pour avoir des réponses. »

Elle regrettait de ne pas avoir parlé de ce rendez-vous avec Drake. De ne pas lui avoir demandé son avis. Même si, connaissant sa méfiance, toute légitime, envers les organisations gouvernementales ou non, et les sorciers, elle se doutait qu'il n'aurait probablement pas apprécié sa démarche. Ça ne l'aurait pas empêchée de venir. Elle n'était pas du genre à se soumettre, mais pour le coup, elle réalisait qu'en cherchant des réponses pour elle, elle parlait aussi de lui, et elle se sentait un peu coupable.

Les longues mains fines de Stranges commencèrent à danser, élégantes, hypnotiques, parcourus d'arabesques de fines cicatrices nacrées. Son regard s’absorba dans leur mouvement, jusqu'à voir apparaître quelques lignes lumineuses, esquisses de ce qui ressemblait à un Mandala, pendant que sa voix, à présent douce, presque rassurante, lui expliquait ce qu'il pouvait faire pour elle.

Elle leva les yeux, et à présent sans crainte, les planta dans le regard hypnotique de l'homme. Il pouvait lui offrir les réponses à toutes ses questions, même si à présent, elle n'était pas très sure d'avoir envie de les connaître. Surtout que le prix à payer serait énorme. Tout ce qu'elle découvrirait, il le découvrirait aussi. Même si elle avait toujours considéré qu'elle n'avait rien à cacher, là, mise au pied du mur, elle devait bien admettre qu'elle avait quelques pensées qu'elle aurait préféré garder bien au chaud au fond de son âme.

Mais, il n'était plus temps pour ça. A présent, elle ne pouvait plus se contenter de faire l'autruche, elle n'était plus seule, elle avait besoin de connaitre son passé pour accepter son avenir. Inconsciemment, sa main vint se poser sur son ventre et son regard se tourna vers Dane.

« Je sais que ça peut être perturbant » commença-t-elle, ramenant son regard sur les yeux de Strange « Les visions que j'ai parfois, et même si elles ne me concernent pas, le sont souvent. Et dans ces cas-là, je suis seule pour les affronter. » Elle serra les paupières en repensant à ce qu'elle avait ressentit quand elle avait eu le pendentif d'Hortense entre ses doigts. « La porte a déjà commencé à s'ouvrir. Et je crois qu'il serait plus prudent pour moi de voir ce qu'elle cache en étant guidée par quelqu'un ayant l'expérience de ce genre de situation. Mais... il y a quelque chose que vous devez savoir. » commença-t-elle « Je suis enceinte. Et si la procédure présente le moindre danger pour mon enfant, je ne prendrais pas le risque. »

Elle détourna le regard pour chercher celui de Dane qui naviguait autour d'eux, et leva la main pour saisir la sienne.

« Dane, t'es pas obligé. » Elle savait ce que Dane avait vécu, son retour dans le passé et tout ce qui en avait découlé, elle devinait que l'idée de plonger dans des souvenirs, même si ce n'était pas les siens et  que se n'était que pour les regarder comme on l'aurait fait d'un film pouvait être perturbant pour lui... Surtout qu'elle ne savait pas ce qu'ils pourraient découvrir. Elle ne lui imposerait rien. S'il préférait s'abstenir, elle ferait se "voyage" seule. Mais elle espérait de tout son cœur qu'il accepterait. Elle était terrifiée à l'idée de ce qu'elle pourrait découvrir, et elle savait que la présence de son ami pourrait l'aider à surmonter l'épreuve qu'elle s'apprêtait à subir.  

Past, Present, Future.

Stephen Strange leur laisse le temps.
De réfléchir. De comprendre ce qu’il leur propose ; d’envisager toutes les options.
Il ne dit rien. Il reste silencieux.
Il les laisse faire.

Même s’il n’aime pas ça. Même s’il n’est pas quelqu’un de patient. Même s’il a surtout envie de s’emporter, pour les forcer à agir ; à réagir.
A dire quelque chose, enfin.
Pour qu’il puisse s’échapper d’ici – et reprendre ses activités. Par principe bien plus importantes que les leurs.

Mais le Docteur ne dit rien ; il prend sur lui.
Et se surprend même à sourire, doucement, quand Azilys Dulac parle.

« Je vois. »

L’ancien chirurgien hoche lentement la tête.
Ses mains continuent de bouger, doucement ; le processus hypnotique commence, et il doit surtout mobiliser de nombreuses énergies pour réussir l’impossible.
Il préfère commencer tôt ; pour gagner du temps.

« Tout d’abord, je vous présente mes félicitations pour cet événement… et je vous propose également mes services, Mademoiselle Dulac.
Dane Whitman l’a peut-être évoqué, mais j’ai été chirurgien, avant de devenir Sorcier Suprême ; mon titre officiel. Il me semble donc pertinent que je sois intéressé à votre grossesse, au regard de… l’identité du père. »

A nouveau, Stephen Strange adopte un ton condescendant, arrogant ; mais il veut bien faire.
Il est sincèrement intéressé par l’état d’Azilys – et entrevoit déjà de nombreuses possibilités pour que cela se passe mal. Il veut empêcher cela.
Autant pour la jeune femme, que pour la beauté de l’étude de l’enfant qu’elle porte.

« Nous en reparlerons. »

Le Docteur sourit, pour conclure ce moment.

« Mais… pour vous rassurer, votre enfant ne risque rien. Il s’agit d’un voyage intérieur, Mademoiselle Dulac ; une plongée dans votre psyché.
Votre corps ne risque rien. »

En principe ; même si Stephen se garde bien de le dire.
Il a conscience qu’il ne faut jamais inquiéter une femme enceinte.

« D’autant que j’viens avec. »

Dane Whitman intervient, à nouveau, et pose sa main sur l’épaule d’Azilys ; il sourit, autant à la jeune femme qu’au Magicien.

« Et… j’sais que j’suis pas obligé ; mais j’le veux.
J’te laisse pas toute seule. »

Il lui adresse un clin d’œil complice – et tout change, alors ; tout change.
Très vite.

« Parfait. Allons-y. »

Les mouvements des mains du Docteur s’amplifient… et tout se transforme.
La salle du Complexe des Avengers disparaît.
Un flash lumineux intervient.
Dane Whitman tient plus fort l’épaule d’Azilys – mais il est aveuglé, un instant ; un instant seulement.

Sa vue revient… mais il prend conscience des changements.
Autour d’eux.

« Ho. »

Azilys Dulac n’est plus assise ; et ils ne sont plus dans la salle.
Ils sont… ailleurs.

Spoiler:

Dans un autre monde.
Bien surprenant… bien troublant.

« Vous êtes dans les Limbes ; les confins de l’esprit. La frontière de votre âme, Mademoiselle Dulac. Chaque lieu, chaque zone donnera accès à des souvenirs – à des portes, sur votre vie ; et d’autres, antérieures. »

La voix du Magicien résonne, mais il n’est pas présent.

« Vous pouvez agir, mais je ne peux être à vos côtés ; physiquement. Appelez, et j’agirais cependant. »

… au mieux de ses capacités ; mais il ne le dit pas, non plus.
Stephen Strange les laisse alors agir – et plonger dans l’inconscient de la jeune femme !

A nouveau le ton du médecin se fit condescendant en lui présentant ses félicitations. À nouveau elle eut l'impression d'être un spécimen particulièrement intéressant entre les griffes d'un chercheur quand il lui proposa ses services le moment venu.

Elle espérait bien qu'elle n'aurait pas besoin d'un chirurgien, ça serait signe que les choses ne se passait vraiment pas bien. Mais...

Mais, elle était bien placé pour savoir qu'effectivement son cas est intéressant, inédit, et qu'effectivement, bien des choses peuvent mal se passer. Un chirurgien, un des meilleurs de sa génération qui plus est, même s'il n'exerce plus cette profession pour l'instant, ce n'est pas une proposition qu'elle peut se permettre de repousser, surtout quand le médecin en question cumule avec la pratique de la magie. Il était probablement la personne la plus compétente en ce monde capable de s'occuper d'elle, de sauver leurs vies en cas de pépin.

Alors même si l'idée que cet homme arrogant et méprisant puisse la voir dans une situation aussi intime n'est pas vraiment une perspective agréable, elle hocha la tête.

« Je vous en remercie. Effectivement, je crains quelques petites complications qui risqueraient de beaucoup perturber les médecins classiques. » répondit-elle dans une tentative d'humour refroidie par un petit sourire forcé.

Strange la rassura sur les conséquences que le « voyage » pourrait avoir sur son enfant. Expliquant que seul son esprit serait impacté et en aucune façon son corps ne risquait de blessure. Mais, elle ne fut néanmoins pas dupe. Elle était bien placé pour savoir que l'esprit pouvait avoir des répercussions non-négligeables au niveau physique. Mais, au vu de tout ce qu'elle avait vécu depuis quelques années, et surtout depuis quelques mois, elle se pensait capable d'y faire face.

Après tout, il ne s'agissait que de visiter quelques souvenirs anciens, des choses que de fait, elle avait forcément déjà vécu et d'une certaine façon surmontée. Elle ignora la petite voix moqueuse au fond de son esprit qui tentait de lui rappeler qu'en l'occurrence, rien n'était moins sur, qu'il ne s'agissait pas de souvenirs classiques, mais de souvenirs de vies antérieures, ce qui voulait bien dire ce que ça voulait dire... Les histoires qu'elle risquait de découvrir avait forcément mal fini.

Dane posa sa main sur son épaule, l'assurant qu'il venait avec elle, qu'il ne l'abandonnerait pas. Sa tension baissa un peu. Ce contact la rasséréna, la rassura. Elle tourna la tête vers lui, levant le nez pour poser sur le visage de son ami un regard plein de reconnaissance. Sa main vint se poser sur la sienne.

« Merci Dane. » souffla-t-elle

Les mouvements hypnotiques des mains du sorcier n'avaient pas cessés pendant toute la durée de leurs derniers échanges, rendant le Mandala de plus en plus visible de plus en plus brillant. Une fois leur accord donné, il sembla se déployer, s'intensifier, au point de blesser les yeux de clair de la jeune femme qui tourna la tête pour masquer son visage contre le torse de son ami à coté d'elle.

Puis la voix de Strange raisonna à nouveau, mais de façon étrange. Comme si à présent, ils n'étaient plus dans une pièce fermée, mais dans un espace beaucoup plus ouvert. Il leur expliqua qu'ils devraient accomplir se voyage seuls, qu'il ne pouvait pas les accompagner « physiquement », mais qu'en cas de besoin, il leur suffirait d'appeler.

Peu à peu, la jeune femme retrouva l'usage de son regard, et resta bouche bée. Ils se trouvaient dans ce qui semblait ressembler à une clairière sombre. Entouré d'arbres inquiétants. Au centre, se dressait une étrange cabane sur pilotis, et à une branche basse d'un des arbres à la lisière des bois pend une corde retenant un pneu en guise de balançoire.

« C'est glauque quand même. Je sais pas, j'imaginais que mon esprit était peut-être un peu plus gai, plus coloré. » dit la jeune femme d'une voix légèrement tremblante, tout en observant cet endroit qu'elle ne connaît pas. « Et puis, je pensais que ce serait un endroit que je connaissais déjà qui servirait de cadre à mes souvenirs. » Elle se tourna vers Dane, inquiète. « Je sais pas du tout où on est là. » précisa-t-elle inutilement, le cœur déjà serré par l'angoisse alors qu'elle devinait que le voyage n'avait même pas encore commencé.

Théoriquement, c'était elle qui devrait les guider dans cet environnement, mais elle ne savait absolument pas par où commencer. Le sorcier avait dit que chaque lieu lui donnerait accès à des souvenirs de cette vie ou de celles d'avant, mais elle aurait préféré quelque chose de plus logique, genre un couloir avec des portes numérotées dans un ordre chronologique, ça aurait été parfait. Là, elle ne savait pas, elle était littéralement perdue dans ses souvenirs. Sa main chercha celle de Dane.

Mais, il fallait bien commencer quelque part. La balançoire de fortune était l'élément le plus proche d'eux, et malgré l'ambiance glauque qui régnait ici, c'était ce qui lui paraissait le moins inquiétant. Un jeu d'enfant.

Elle fit un pas dans cette direction, tenant toujours la main de Dane dans la sienne. Et le paysage commença à changer. D'abord discrètement, par le chant joyeux d'un oiseau dans la canopée. Un autre pas, et la lumière se modifia, passant de celle, froide, d'un étrange clair de l'une en hivers, à celle dorée d'un soleil d'automne. Les couleurs apparurent, l'herbe de la clairière, vertes, parsemée de quelques fleurs sauvages jaunes ou blanches, le tronc des argenté des boulots, leurs feuillage d'automne, camaïeu d'ocre, de marrons de vert et de j'aune d'or.

Spoiler:

Lys se sentit sourire, envahie par un étrange bien-être. Elle lâcha la main de Dane pour courir vers la balançoire, comme l'aurait fait une gamine joyeuse, en lui lançant :

« Le dernier arrivé à la balançoire est une patate ! »

Past, Present, Future.

Dane Whitman ne peut cacher sa surprise, en arrivant à destination.
Enfin.
En arrivant à l’étrange endroit où le Docteur Strange a décidé de les envoyer.

« Heu… »

Une grimace de surprise glisse sur son visage, et il a toutes les peines du monde pour l’enlever.

« Et bien… heu… je… »

Il passe sa main dans ses cheveux ; et se crispe.
Il ne sait pas.
Il ne sait pas où ils sont. Il ne sait pas pourquoi ils sont arrivés ici. Il ne sait pas pourquoi l’ancien chirurgien a jugé bon de les envoyer dans ce lieu étrange, sans leur explication comment ça allait se passer.

Il ne sait pas, surtout, pourquoi cette zone est si… sombre.
Si glauque.
Si… désespérée, même.

« C’est… ouais. C’est… glauque. »

Dane soupire, et se tourne vers Azilys Dulac.

« Tu… j’sais pas. Je… j’suis pas télépathe, même si… même si j’en connais ; un peu. »

Mais Némésis Fallen ne lui a jamais parlé de tels endroits.
Il faut dire que Ném’ ne lui a jamais vraiment parlé de ses capacités ; aussi.
Cela n’aide pas, il faut bien l’avouer.

« Mais… mais p’têt que c’est que… la salle d’attente ? En gros ?
Je… j’sais pas, hein. Je… j’suis pas Magicien. »

Black Knight soupire, et secoue la tête ; la Magie, pense-t-il.
Foutue, fichue Magie.
Il n’a jamais aimé ça – et il n’aimera jamais ça.
Même s’il faut bien y passer par là pour régler quelques problèmes… et notamment les interrogations de son amie.

« Et… hey ! »

L’Avenger se tourne vers sa camarade – mais elle est déjà plus loin.
Une course, donc.
Elle lui lance un défi… à la course.
Elle.
Avec lui.

« Mais… »

Dane fronce les sourcils ; avant de glousser.

« T’es… »

Un gloussement qui devient rapidement un rire.

« T’es dingue ! »

Il court, alors.
Dane Whitman se lance, et court. Vite.
Sa condition physique n’est pas améliorée comme Captain America – mais il est en très grande forme, et ça se sent ; ça se voit.
Il remonte rapidement la distance le séparant d’Azilys, et parvient même à la dépasser.

Black Knight arrive à la balançoire avant elle ; mais il ne la touche pas.
Déjà, parce qu’il est un peu troublé par l’apparition des couleurs – même si elles le rassurent, et le sortent de cette ambiance glauque et désagréable.
Ensuite… parce qu’il laisse Lys toucher la balançoire ; gagner.

Un peu de triche, donc.
Mais c’est pour la bonne cause.

« C’est… ça te dit quelque chose ? »

Dane tourne sur lui-même, et fronce les sourcils ; il essaye de comprendre, de détecter un élément qui lui ferait saisir ce qu’il se passe.
En vain.

« Je… je n’connais rien, ici, mais c’est biz… »

« B’jour. »

Une voix se fait entendre, soudain, et l’interrompt.
Une voix douce. Une voix tendre.
Une voix… enfantine.

Spoiler:

La voix de la petite fille qui vient d’apparaître et s’approche.
Les mains dans les poches. Le visage un peu surpris, un peu timide ; mais familier.
Et pour cause.

« Mais… c’est… »

« Tu… tu connais ma maman ? J’l’ai perdue… tu la connais ? Tu peux m’aider ? »

Dane Whitman entrouvre la bouche ; stupéfait.
Il ne sait pas comment. Il ne sait pas pourquoi – mais il sait.
Il sait qui est cette petite fille rousse.
Il sait… que c’est Azilys Dulac, toute jeune !

Dane n'eut pas de mal à la rattraper et à la dépasser. Il faut dire que la jeune femme, malgré une bonne constitution et les entrainements imposés avec Martin ne s'entretenait pas particulièrement. Surtout les derniers temps.

Mais, il était beau joueur. Arrivé le premier près du pneu, il s'arrêta sans le toucher. Et Lys comprit ce qu'il faisait.

« Tricheur ! » déclara-t-elle en le rejoignant, avant de réaliser qu'il n'était pas seul.

En face de lui se trouve une petite fille, 5 ou 6 ans tout au plus, un minois mutin, couvert de taches de rousseurs, des yeux curieux, et une chevelure écarlate retenue en une natte quelque peu mal mené.

Surprise et interloquée. Lys, écarquilla les yeux en s’accrochant au bras de Dane. Bien sur, elle avait vu des photos d'elle petite, mais c'est bien différent de se trouver face à elle même en chair et en os. Elle se trouvait toute mignonne, et c'était assez perturbant.

L'enfant détourna son regard de Dane pour le poser sur elle, curieux, interrogateur.

« Et toi ? Tu sais où elle est ma maman ? » demanda-t-elle à nouveau.

Lys se sentit pâlir au fur et à mesure que les souvenirs remontait. Elle avait totalement oublié cette journée. A présent, elle comprenait pourquoi la balançoire était là. Pourquoi elle l'avait tant attirée. Quelques bribes de souvenirs lui revenait, principalement des sensations, des émotions.

Elle avait 7 ans. C'était une belle journée d'automne, et ses parents avaient décidé de profiter du week-end pour quitter la ville et faire une petite escapade à la campagne pour un pique-nique. Elle se rappelait la clôture et les chevaux, la vieille ferme qu'elle apercevait à quelques centaines de mètres de là, et le vieux pneu attaché à un arbre par une corde en guise de jeux pour les enfants. Pour elle, à cet age là, c'était le paradis.

Après le pique nique, elle avait profité d'un moment d'inattention de ses parents pour aller faire de la balançoire, mais elle était trop petite pour l'atteindre. Elle avait voulu faire demi-tour, mais s'était égarée au milieux des buissons.

Maintenant elle le savait, ses parents n'étaient qu'à quelques mètres d'elle, mais elle ne pouvait plus les voir. Elle se rappelait sa terreur, de se croire perdue, seule au milieux des bois, elle se rappelait ses hurlements, son soulagement quand son père l'avait rejointe et prise dans ses bras.

La quadragénaire s'agenouilla devant son double enfant en lui souriant.

« Ne t'inquiète pas. Dans quelques minutes Papa va arriver. »

L'enfant hocha la tête en souriant. Et effectivement, peu de temps après, un homme apparut, qui ne remarqua pas les deux intrus et pris la fillette dans ses bras, la grondant gentiment de s'être éloignée seule.

Lys sentit les larmes perler sous ses yeux. Il y avait bien longtemps qu'elle n'était plus capable de convoquer le souvenir de son père de façon aussi précise.

« Lissy ! Je t'ai déjà dit de ne pas t'éloigner toute seule ! Ta curiosité te jouera des tours un jour ! »

Elle se demanda si le fait d'être tombé sur ce souvenir précis en premier était vraiment un hasard. Ne devait-elle pas y voir une mise en garde ? Ce voyage dans ses souvenirs, sa recherche de ses vies antérieures était-elle vraiment une bonne idée ? N'était-ce pas plus de la curiosité déplacée qu'une vrai nécessité ?

Elle se tourna vers Dane alors que le souvenir de cette belle journée d'automne s'estompait déjà et qu'autour d'eux, l'ombre et la grisaille reprenait leurs droits.

« Honnêtement, Dane, tu crois que c'est une bonne idée de vouloir à tout prix connaître le passé ? T'as pas l'impression que ce souvenir sonne comme une mise en garde ? » demanda-t-elle.

Past, Present, Future.

Une grimace glisse sur le visage de Dane Whitman.

« Heu… »

Il passe la main dans ses cheveux, et les gratte un peu ; vieux signe d’inquiétude et de détresse.
Ce qui n’est jamais bon signe, le connaissant.

« Je… j’sais pas. »

L’aveu de son ignorance non plus n’est pas vraiment positif.

« Je… j’y connais rien, mais… »

L’Avenger regarde autour de lui ; les éléments ensoleillés, doux et positifs s’évaporent.
Le sombre revient.

Spoiler:

Le sombre… et l’inquiétant.

« Ouais.
Ouais, c’est clair que… c’est pas très engageant, tout ça. »

Il s’avance, et pose sa main sur le bras d’Azilys ; il sourit, pour la rassurer.
Mais doute que ça puisse pleinement fonctionner.

« P’têt… p’têt qu’on devrait part… »

« Le message avait été passé, Dane Whitman. N’avait-il pas été clair ? »

Une voix terrible se fait entendre, soudain ; et Dane blêmit.
Littéralement.
Une vague de pure frayeur glisse sur lui… et le fait trembler.

« Je… j… non… »

« J’avais prévenu le Magicien ; je refuse toute entrée dans le psychisme par ses soins.
Ses agents sont également refusés dans ce domaine. »

Une forme apparaît, soudain ; une forme se découpe depuis les ombres.
Une forme féminine… et terrible.

Spoiler:

Qui intensifie encore la terreur de Dane.

« N… non ! NON ! »

Il se tourne vers Azilys, et la prend dans ses bras.

« Strange ! STRANGE ! SORS-NOUS D’ICI ! MAINTENANT ! »

Un rire terrible accompagne la peur panique de Dane Whitman ; la créature rit à gorge déployée.
Cela ne dure pas ; ou, plutôt, ni Azilys, ni Dane ne restent pour l’entendre.
Ils disparaissent.

Un nouveau flash lumineux intervient. Un nouveau souffle intense se fait sentir.
… et ils reviennent.

« Je vous présente toutes mes exc… »

« ESPECE DE MAGICIEN DE PACOTILLE ! »

Dane est encore troublé ; ses sens sont gênés par tout ça.
Mais il bondit quand même, et essaye de prendre Stephen Strange au collet.

« TU L’ENVOIES LA-BAS ALORS QUE CAUCHEMAR Y RÔDE ! ELLE EST ENCEINTE, PUTAIN ! C’EST MON AMIE ! »

« DU CALME ! »

L’ancien chirurgien lève une main, et l’énergie magique fige Black Knight ; toujours plein de colère.
Mais Strange lui-même n’est pas à l’aise.

« Je… je suis confus.
Mademoiselle Dulac, c’est… un regrettable accident. La créature que vous avez croisée se nomme Cauchemar ; elle dirige le Monde des Rêves, mais aussi l’inconscient des êtres vivants. C’est un adversaire.
Je… je l’ai croisé dans l’esprit de Monsieur Whitman, avec Mademoiselle Romanoff. Il… il semble que Cauchemar s’intéresse particulièrement à vos proches, Monsieur Whitman. C’est une donnée troublante. »

Stephen soupire.
Sa cape revient sur ses épaules, alors qu’il s’entoure d’une aura puissante.

« Je… ne peux poursuivre dans ces conditions ; je me retire.
Mademoiselle Dulac, je vous informe qu’une autre tentative sera possible – chez moi. 177A Bleecker Street ; Greenwich Village. Wong nous fera du thé. Ce sera délicieux, j’en suis persuadé. »

Il lui adresse un hochement de tête – et s’évapore ; sans portail, sans attendre.
Par magie.

« Rah ! »

Dane retrouve sa mobilité, et se crispe ; il cherche le Magicien un moment, puis soupire.
Et se tourne, les épaules voutées, vers Azilys.

« Je… j’suis désolé, Lys. C’est… »

Il soupire encore ; ne dit rien.
Sa faute. C’est de sa faute, il le sent. Cauchemar le hante lui, et menace maintenant Azilys ; il ne le supporte pas.

« Je… j’dois filer. Faire des examens, et… et gérer les trucs, ici. »

Black Knight est atteint par cette révélation ; cette crainte de causer du tort à ses proches.
De les mettre en danger par sa seule présence.
Il fuit le regard d’Azilys, et l’aide à récupérer ses affaires.

« Je… un agent va t’emmener. On… on s’appelle, okay ? On reste en contact. Fais… fais gaffe à toi. Passe le bonjour à Drake. »

Dane sourit ; sans joie.
Il a peur. Il a peur pour Lys – et pour tous les autres ; tous ses proches.
Tous ceux qui approchent Dane Whitman.
… et qui risquent maintenant le pire, aux mains d’une foutue entité cauchemardesque ; littéralement.

Il accompagne encore Azilys jusqu’à la sortie, puis s’évapore rapidement ; en silence.
Rongé par la peur. Hanté par ce qu’il a vu.
… et se demandant si ses proches ne seraient pas mieux, s’il limitait leurs contacts. Au moins le temps de régler ce problème avec ce monstre.

Dane ne semblait pas plus emballé qu'elle par la poursuite de cette visite de ses souvenirs. Il faut dire que la « salle d'attente » n'était pas des plus engageantes. La main de Dane sur son bras la réconforta un peu, mais pas très longtemps.

La voix qui s'éleva autour d'eux lui glaça le sang dans les veines, la peur lui coupa le souffle. Et la réaction de Dane n'était pas pour la rassurer. Lui-même semblait terrifié quand il se jeta sur elle pour la prendre dans ses bras. Même terrifié, c'est elle qu'il cherchait à protéger.

Elle eut juste le temps d'apercevoir le visage de la créature de cauchemar avant qu'ils ne retrouve l'environnement rassurant de la salle de repos du complexe des Avengers.

En temps normal Lys aurait probablement tenté de retenir Dane quand il sauta à la gorge de Strange, mais là, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était rester assises sur sa chaise, les yeux écarquillés, les joues blêmes.

Elle ne compris pas grand chose des explications que le sorcier lui donna, si ce n'est que cette créature s'appelait Cauchemars... un nom des plus appropriés. A mois que justement ce ne soit cette créature qui ait donné son nom aux mauvais rêves.

Elle éclata d'un rire hystérique lorsque Strange expliqua qu'il ne pouvait poursuivre l'expérience dans ses conditions. Sérieusement, il pensait qu'elle avait envie d'y retourner ? Elle n'eut pas le temps de répondre à son invitation avant qu'il ne s'évapore. Elle doutait vraiment de lui rendre visite. En tout cas, pas avant quelques décennies, si jamais la terreur qu'elle venait d'éprouver pouvait s'atténuer avec le temps, même si elle en doutait.

Dane se tourna vers elle, l'air abattu et vaguement coupable. Elle secoua la tête pour lui faire comprendre qu'il n'y est pour rien. Mais elle n'eut pas le temps d'en placer une. Son regard se fit fuyant, tout comme lui pendant qu'il la raccompagnait vers la sortie avant de l'abandonner à la porte comme pour la fuir.

« Dane, soit prudent. » dit-elle à son dos qui s'éloignait déjà.