Ludmila Adamovitch ▲ « Il ne te suffit pas de te mettre une plume dans le cul pour ressembler à un coq ! »

« Hey Orlov, t'as pas du feu ? »

Un long soupire s'échappa de la bouche de la brune qui tenait fermement son arme, observant dans le viseur depuis dix minutes.

« Putain Nik, tu pense vraiment que c'est le moment de fumer ? »

Elle tourna la tête vers son compagnon de route qui souriait de toutes ses dents. Tête de con, pensa la russe alors qu'un fin sourire s'étira sur ses lèvres.
Ils se connaissaient depuis tellement d'années que la demoiselle ne saurait dire à quelle date précisément, elle se souvenait juste qu'ils étaient enfants. Parents amis depuis toujours, forcement, ça aide.

« Si je reste cinq minutes de plus sur ce toit sans avoir ma dose de nicotine, je tire sur tout ce qui bouge en bas. » répondit-il en donnant un coup de tête à droite, montrant ainsi la foule de russes qui marchaient dans les rues de Moscou.

Ludmila roula des yeux, comme toujours et daigna enfin sortir son zippo. Malgré les apparences, les deux chasseurs de primes étaient comme cul et chemise, de véritables inséparables, cherchant la petite bête l'un à l'autre sans cesse. L'amour vache comme on dit, « qui aime bien, châtie bien ! » telle était leurs politique d'amitié et très franchement, cela n'avait jamais été aussi soudé entre eux.
Nickolaï était un gamin de bourge, pourri-gâté qui croyait connaître tout, sur tout. Ludmila était elle aussi une gosse de riches, prétentieuse et arrogante. En somme un beau duo d'emmerdeurs et de « je pète plus haut que mon cul » comme il est rare d'en voir. Des rôles tout simplement, deux rôles que chacun jouait avec joie, paraître aux yeux de tous comme des raclures de la société afin d'être moins harcelés.

La chasseuse lança son zippo en direction de son ami qui le réceptionna aussi sec et alluma rapidement sa cigarette, poussant au passage, un long râle de contentement.

Perchés au sommet d'un building de la capitale, ils en observaient les ruelles bondées, attendant. Attendre, toujours attendre.. difficile lorsqu'on est hyperactif et qu'on a un problème de vessie. Ludmila et Nickolaï étaient ce que l'on appelle des chasseurs de primes. Traquant des malfaiteurs à travers le pays, ils étaient rémunérés en apportant le recherchés ou, sa tête qui avait été mise à prix, mort ou vif, en fonction du contrat. Celui-ci aurait du être bref et simple à accomplir, sans accrochages, sans blesser (hormis, bien sur, la cible) ... oui, il aurait du être simple comme le banal bonjour d'un gosse de six ans...

Tout alla très vite a partir du moment où la Mercedes attendue tourna au croisement, s’engouffrant dans la ruelle où la cible devait-être exécuter. Jamais, les informations des deux tourteaux n'étaient faussées, en règle général ils s’efforçaient de toujours vérifier à plusieurs reprises afin de ne pas être doublés, ou pire, éliminés. Malheureusement, cette fois, Ludmila et Nickolaï n'avaient visiblement pas suffisamment observer, ils n'avaient pas suffisamment vérifier leurs sources...
L'homme qui sortit de la grosse voiture noire n'était pas celui qu'ils attendaient.

« Bordel ! Ça veut dire quoi ça ? » pesta la demoiselle, folle de rage et dans l’incompréhension la plus totale.

Ludmila se tourna vers son coéquipier et lui lança un regard réprobateur, entre-ouvrant la bouche, prête à lui dire quelque chose. Soudain, la porte du toit claqua, et des hommes en costards sortirent en masse, fusils aux poings, hurlant des mots en russe et se formant en demi-cercle autour des deux chasseurs. Nikolaï, ayant flairer le danger, attrapa son amie par le bras et la conduisit rapidement derrière un conduit avant que les hommes en noirs ne les prennent au piège complètement. Les premiers coups de feu retentirent, puis d'autres, ripostant.

« Promet moi que t'as rien avoir là dedans Nik. » dit-elle, essoufflée, plantant son regard inquiet dans celui du jeune homme qui semblait le fuir. « Regarde-moi bordel ! » hurla-t-elle alors qu'une balle frôla son épaule.

Il leva les yeux vers ceux de la brune, se mordant la lèvre inférieure.

« Y avait un contrat sur ta tête.. » chuchota-t-il, à peine audible, tenant toujours le bras de Ludmila, dont les yeux s'emplissaient de désarroi. « Ils disaient que t'était devenue dangereuse.. que t'avait pété les plombs.. »

La joue du garçon claqua. Adamovitch, blessée, trahie, pointa son arme vers lui, tremblante.

« Bonne moi une putain de bonne raison de pas appuyer ! » hurla-t-elle de nouveau. « Réponds-moi sale con ! »

Il basse la tête, accablé de honte. Elle, partagée entre la haine et le tristesse ne savait quoi faire. En temps normal elle aurait sans doute tirer, mais cette fois, c'était différent. Ludmila avait toujours beaucoup aimé Nikolaï, et il lui rendait d'ailleurs bien l’appareille, elle n'aurait jamais été capable d'appuyer sur la détente, de lui ôter la vie, à lui... Pourtant, il l'avait trahie et ça, c'était impardonnable.

« Agent Petrovitch ? Agent Petrovitch, l'avait vous neutralisée ? » gueulait un type dans l'oreillette de Nikolaï.

Ludmila serra le poing, et décrocha une grenade de sa ceinture qu'elle balança au dessus du conduit d'aération derrière lequel ils étaient cachés. Rapidement, elle saisit un câble gisant par terre et l’attacha à un mousqueton, lui même rattaché à une sangle. L’extrémité du câble fut lui aussi solidement fixé à un anneau en métal implanté dans le béton du sol.
En deux-temps trois mouvements, la brune s'était rapprochée du vide, prête à faire le saut de l'ange, lorsqu'une main lui faisant le bras gauche.

« Pardonne-moi Ludmi.. Je.. J'avais pas le choix.. Essaye de comprendre.. » balbutia Nikolaï les yeux larmoyants.

D'un bref et sec coup, elle se débarrassa du bras « encombrant » et saisit le câble de ses deux mains, se mettant dos au vide et face au traître.

« Crève Nikolaï. » dit-elle sur un ton étonament calme avant de lui cracher sur les pieds et de sauter dans le vide..



Après cet épisode décevant, Ludmila s'enfuie de la Russie où elle était désormais en danger. Son oncle Yuri, tenait un échange commercial fluvial avec l’Amérique du Nord et la fit s'évader de son pays natal. C'est ainsi qu'elle observa ses terres s'éloignées.. sans le moindre regrets si ce n'est celui de n'avoir pas eu le cran d'appuyer sur la détente face à Nikolaï..

Une larme roula sur sa joue et vint s'écraser sur le petit morceau de feuille que lui avait donné son oncle avant qu'elle n'embarque. Papier sur lequel il était écrit clairement un nom; Nicholas Joseph Fury..