N-Y, Juin - Août 2019
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Unholy, Fiery Destiny [Azilys Dulac] [18+]

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Seth Drake
Seth Drake
GÉNÉRAL
» communications : 276
» ma tête : Cillian Murphy
» association : Indépendants.
POUVOIR
Feuille de personnage
» classe: 3 - Pouvoir en développement
» appartenance: 6 - Humain avec aptitude magique
» pouvoirs:

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Black as your soul
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Bow down before the one you serve
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You're going to get what you deserve » (NIN → Head like a Hole)
Unholy, Fiery Destiny: may fire and blood lust us to War; or who knows, Truth




À la suite d’un dîner d’affaires durant lequel l’alcool fut sa principale source de nutriments, c’est-à-dire aucune, Drake passa à son bureau pour échanger son complet pour une tenue civile des plus banales. Le traditionnel chandail blanc avec les jeans déchirés agrémenté d’une veste de cuir. Porter un complet lui était très inconfortable avec ses pansements. L’Anglais regarda par la fenêtre, soupirant devant la pluie torrentielle qui tombait en ce mercredi des plus ennuyeux. Il indiqua à sa nouvelle secrétaire son départ puis s’aventura dehors. Au bout de dix minutes, l’homme-dragon se retrouva complètement détrempée. Sous l’enseigne d’un bon restaurant italien, il se boucha le nez en sentant le parfum trop épais des pâtes et du parmesan. Regardant son téléphone intelligent, il essaya une fois encore de rejoindre sa cousine : Kara Killgrave, sur ses quinze faux numéros qui n’envoyaient que des messages textes codés. Une voix féminine lui répondit, lui indiquant que son état déplorable n’avait pas changé depuis hier. Elle lui raccrocha au nez, digne de la véritable Jessica Jones. Irritable depuis les récents événements, Drake jeta l’appareil au bout de ses mains et les pièces éclatèrent sur la voie passante.


Promenant ses yeux azurés contre les mortels qui croisaient sa route, il s’aperçut de la chance qu’il eut de rencontrer des gens exceptionnels au cours de son existence. Même si chaque personne qui l’approchait décédait ou devenait malade, Seth conservait chaque pincée de bonheur dans une partie de sa mémoire : mais, le Mal grandissait de jour en jour. Son contrat avec le Démon s’amincissait. Le soif de sang et de chaos le titillait à tous les instants. En dehors de son travail très accaparant, il se dorlotait sous sa forme bestiale dans des montagnes d’or. Il se détournait du Mal pour agrandir sa nature avare, accumulant plus d’or qu’aucun homme ne pourra trouver au cours de son existence. Il fuma la moitié d’un paquet de cigarette puis se jeta sous la pluie battante pour prendre deux bouteilles de Bourbon. Buvant une gorgée de la première, Drake avait une vision trouble sous toute cette eau.


C’est ainsi qu’il percuta de plein fouet une rousse qui circulait nonchalamment. Bien malgré lui, il sut que cet impact caressa son endurance qui avait peut-être blessé la dame. La main sur son épaule le fit frémir, tel un mauvais pressentiment. Par contre, Drake ne parvenait pas à ce qui clochait dans ce contact. Il échappa son alcool parterre, libéra un grognement insatisfait avant de demander à l’inconnue :


 
« Je suis désolée, Madame. Êtes-vous blessée? »


Demanda-t-il avec un accent londonien, de ceux qui irritent et ont cet air de prétention. Ce qu’ignorait le dragon, c’était la vision qu’avait la jeune dame à ses côtés. En vérité, elle put voir le pire souvenir du Dragon : celui du suicide de sa femme. Alors qu’il rentrait chez lui, une boîte-cadeaux en main remplie de souliers identiques pour des couples de jumeaux – des quadruplés, Drake appelait sa femme avec douceur et la cherchait dans toutes les pièces de leur maison. Il commença par la chambre des enfants, prête à les accueillir et remplie d’un environnement chaleureux. Le salon immense puis la bibliothèque pleine de livres sur la maternité. Chaque pièce possédait des rambardes, des indications en braille et des haut-parleurs. Il manqua de tomber en arrivant derrière le comptoir de la cuisine, et échappa son cadeau. Les souliers tombèrent de tous les côtés, et lorsque l’homme se pencha pour les cueillir : il put voir une dizaine de couteaux tranchants cachés sous la table à dîner. À partir de cet instant, il se releva au pas de course en appelant sa femme beaucoup plus fort.


C’est là qu’il la trouva, enfin. Dans le bain. Dans un océan de sang et de désespoir. Brisé. Décomposé. Le cœur de l’Anglais battit si fort qu’il en tomba sur ses genoux. Il hurla si fort que ses cordes vocales se brisèrent en un bruit guttural : un cillement draconien. Près de son cadavre, il l’enlaça – embrassa son ventre éminent rempli de mort lui aussi. Il la berça, longtemps. Avant de la quitter, définitivement. Les vêtements se déchirèrent sous une mutation intense quand l’homme se jeta par la fenêtre du deuxième étage: bien assez tôt, le corps enflammé devint un immense reptile sifflant aux crocs acérés. Il beugla un incendie sur l’entièreté de sa demeure avant de disparaître dans les nuages parmi une noirceur d’âme des plus rares…
L’Anglais saisit l’inconnue par le coude pour l’emmener hors de la voie passante, et trouver refuge dans l’entrée d’un petit restaurant italien. Passant une main rapide dans sa chevelure pour en retirer l’excès d’eau, il tira aussi sur son chandail pour le tordre. Sa peau était très pâle –livide, de même que des cernes creuses se trouvaient sous son regard trop clair, trop bleu pour être ordinaire : des cieux enflammés de rage et de violence.



« Est-ce que ça va? »


Certes il parlait d’une voix respectueuse, calme. Presque froide pour l’organisme brûlant qu’il avait : la chaleur semblait se dégager de sa personne comme d’un calorifère.




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Azilys Dulac
– Defenders –
Azilys Dulac
GÉNÉRAL
» communications : 460
» ma tête : Audrey Fleurot
» association : S.H.I.E.L.D
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Feuille de personnage
» classe: 3 - Pouvoir en développement
» appartenance: 4 - Humain sur entraîné / Mutant 1&2
» pouvoirs:

Unholy, Fiery Destiny



Little-Italy.

Azilys aimait ce quartier de New-York, elle le trouvait dépaysant, il suffit d'en franchir les limites pour avoir l'impression de se retrouver dans le sud de l'Europe. La jeune femme avait eu l'occasion de visiter la Toscane avec des amis quand elle était plus jeune. Elle en gardait un souvenir très vivant d'odeur de lavande, de champs de cigale et d'une certaine douceur de vivre. Elle avait toujours rêvé d'y retourner, mais faute de mieux, elle se contentait de venir flâner de temps à autre à Little-Italy.

Quoi qu'il en soit, en cette après-midi pluvieuse et froide, elle n'était pas là pour le plaisir, mais pour une mission. Il n'était pas courant qu'Azilys quitte son infirmerie pour des missions sur le terrain, mais ce n'était pas non plus rare, surtout lorsque le boulot venait à domicile et que les cibles n'exigeait pas des capacités exceptionnelles. Elle venait de terminer la mission qu'on lui avait confiée et rentrait au QG pour faire son rapport.

Elle trottinait sur le trottoir, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger de la pluie, serrant les pans de son manteau autour d'elle et pestant de ne pas avoir pensé à prendre un parapluie en direction de la station de métro la plus proche, lorsqu'elle percuta un mur. Pour éviter de partir en arrière sous le choc, elle se raccrocha à la première chose qu'elle put attraper.

La vision que ce contact provoqua dans son esprit ne fut pas à même de l'aider à reprendre ses esprits. D'habitude, ses visions étaient assez précises, mais celle-là lui laissa un souvenir décousu. Des chaussures de luxe au milieu de couteaux, une femme enceinte dans une baignoire pleine de sang, un hurlement bestial, du verre brisé, des flammes rageuses, la peur, la douleur, un immense désespoir et... Un dragon ?!

Elle entendit une voix masculine pourvue d'un accent très marqué lui parler, mais elle ne comprit pas. Elle se sentit vaciller légèrement quand la vision céda et que la rumeur de la rue et du réel reprenait ses droits. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas subit une vision de cette violence. Elle était désorientée, encore troublée par les émotions qu'elle venait de ressentir. Une main se glissa sous son coude et elle se laissa faire sans aucune réaction.

Quand elle reprit suffisamment ses esprits pour être capable d'analyser la situation, elle était dans l'entrée d'un petit restaurant, avec un homme qu'elle n'avait jamais vu. Il était un peu plus grand qu'elle, élégant malgré ses vêtements décontractés et trempés.

Il semblait s'inquiéter pour elle. Elle devinait qu'elle devait offrir une bien piètre image avec ses vêtements trempés, ses cheveux qui gouttaient sur ses joues blêmes et son regard affolé. Elle réalisa qu'elle tremblait, malgré la chaleur qui semblait l'avoir entourée et dont elle ne comprenait pas vraiment la provenance.

Elle soupira, ferma un instant les paupières et secoua la tête pour tenter de remettre de l'ordre dans ses pensées avant de relever son regard vers lui en forçant un petit sourire qu'elle espérait rassurant.

« Je... » commença-t-elle, cherchant ses mots « Je crois que ça va aller. »

En fait, elle n'en était pas si sure que ça. Elle avait l'impression d'avoir été renversée par un bus, autant physiquement que mentalement, et le regard qu'il posait sur elle n'était pas pour la réconforter. Il était intense, presque brûlant. Azilys eut un frisson plus fort que les autres. Elle connaissait pas mal d' « Anormaux », dont certains dont le pouvoir s'exprimait par le regard, mais dans ses yeux à lui, il y avait quelque chose de plus ancien, d'étrangement sombre pour des yeux si clairs.

Son sourire fana. Elle ferma les yeux et soupira à nouveau en se passant la main sur le visage.

« En fait non. Je crois que je ne me sens pas très bien. Je crois que j'ai besoin de m'asseoir.  » corrigea-t-elle.

Comme pour confirmer, elle sentit ses jambes se ramollir sous elle, elle n'eut d'autre choix que de se raccrocher au bras du jeune homme.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui êtes-vous ? » souffla-t-elle.


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Seth Drake
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L’état de santé de l’inconnue semblait frêle : une minute, elle prétendait aller bien, la suivante, elle s’accrochait à son bras. Et Drake ne put retenir son premier réflexe qui fut de la retenir. L’Anglais parut intimidé puis afficha un visage complètement rouge devant l’inconnue. Il l’aida à rentrer près de la réception en passant un bras sous sa taille et tenant son avant-bras de l’autre. Une fois la dame assise dans un fauteuil bourgogne, le dragon prit place à ses côtés. Cette mauvaise impression, ce parfum de souvenirs amers lui revint en pleine figure lorsqu’il huma de plus près l’étrangère : une figure de prudence sembla se dresser sur ses traits quand il commença à nourrir des soupçons quant à l’identité d’Azilys, mais tut ses inquiétudes.


« Reposez-vous un moment. Notre altercation a dû vous secouer : je crois que vous étiez en train de tomber. Êtes-vous blessée? »


Heureusement, le personnel en manque d’ouvrage en profitait pour parler au comptoir de la cuisine. Le démon darda ses yeux dans les siens, tout en lui offrant un mouchoir de poche étonnamment sec et même chaud. Le tissu noir possédait un fil d’or brodé, représentant le symbole d’un dragon crachant des flammes.


« Je m’appelle Drake. Je suis conseiller boursier chez Gold Finances près de Wall Street Bank. Ai-je l’honneur de connaître votre nom à mon tour? »


Ironiquement, l’objet griffé qu’il venait de lui tendre et son prénom semblait aller à merveille à cet homme simple, d’une élégance des plus fines. Certes chacun de ses gestes semblait calculé, magnanime. Autant donnait-il une impression autoritaire que son âme semblait divisée en deux, d’un côté la clarté de son regard laissait entrevoir une humanité blessée, refoulée. Le second côté, mystérieux, ne parlait pas : seulement un orgueil impossible à dissimuler. Il fixa ses mains pendant quelques minutes puis porta son attention sur la dame à ses côtés. Drake détailla longuement son état : ravagée par la pluie, les cheveux en bataille serpentant ses tempes pâles, la terreur vivante au creux de son regard. Le démon huma sa fraîcheur, son âme : l’odeur de la pluie qui la recouvrait, les tremblements de sa silhouette et l’agitation de sa pensée. Drake jeta un regard furtif en direction du personnel de l’établissement qui gloussait autour d’une table de la salle à manger. Prenant un sourire complètement faux et ses airs pédants d’Anglais élégant, le démon les salua dans un élan chaleureux :


« Bonjour! Messieurs, Mesdames! Puis-je vous emprunter une couverture? C’est pour la dame avec moi! »
« Hum, oui, bien sûr. Pensez à votre commande. »



L’adolescente de dix-huit ans qui lui répondit semblait autant intimidée par son accent que ses allures de petit voyou. Elle revint avec deux menus, et une immense couverture aux couleurs du drapeau italien entre les mains. Son clin d’œil stupéfia le jeune homme qui l’ignora doucement. Drake se pencha vers l’avant pour la remercier brièvement. Celle-ci le regarda longuement avant de rejoindre ses collègues. D’un pas rapide et sans demander l’avis d’Azilys, le dragon l’entoura d’un drapeau de l’Italie très épais. Retrouvant siège auprès de l’inconnue, c’est ainsi que l’anormalité de la situation s’accentua : en effet, il commençait à sécher à une vitesse record. La peau de son visage ne portait plus de gouttelettes d’eau, tandis que sa chevelure noire était à peine humide. De plus, ses vêtements semblaient plus légers, presque en train de redevenir secs à vue d’œil. Ne voulant pas révéler son identité secrète – ce qu’il faisait avec beaucoup d’étrangers, hélas, Drake sortit un objet de sa veste. Beaucoup auraient pensé qu’il s’agissait d’or, d’une carte d’affaires, d’or, d’alcool, d’or ou d’un paquet de cigarettes ou d’or. Les dragons aiment l’or : retenez cette information, c’est grave. Toutefois, les mains blanches de Seth sortirent un parapluie pour le tendre également à la femme à ses côtés:


« Cadeau. Prenez-le. Je ne m’en sers jamais. C’est bien Anglais de traîner ça en tout temps et de ne jamais l’utiliser! »


Un sourire passa furtivement sur ses traits d’une tristesse profonde. Son sourire s’éclipsa bien assez vite, lui aussi.



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Azilys Dulac
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Malgré sa faiblesse, Azilys vu passer la surprise et la gêne sur le visage de l'inconnu quand elle se retint à son bras dans son moment de faiblesse. Elle en fut mortifiée, mais s'effondrer à ses pieds n'aurait certainement pas été moins embarrassant tant pour lui que pour elle. Quoi qu'il en soit, et quelque soit son inconfort, il se comporta en parfait gentlemen, enroulant son bras autour de sa taille pour la soutenir et la guider à l'intérieur du petit restaurant pour l'installer sur un fauteuil.

Dieu merci, ce nouveau contact ne provoqua pas de nouvelles visions. Dans l'état où elle était, elle était sûre qu'elle ne l'aurait pas supporté. Mais la proximité de cet homme n'en restait pas moins troublante. Malgré leurs vêtements trempés, il dégageait une chaleur impressionnante. Du fond des brumes dans lesquelles sa raison se débattait, elle se demanda s'il n'était pas souffrant. Peut-être avait-il de la fièvre ?

Le temps de faire les quelques mètres qui les séparaient des premiers fauteuils, et qu'il l'y installe, elle se sentait un peu mieux, bien qu'encore faible. Une faiblesse qu'elle avait du mal à comprendre. Ce n'était pas la première fois qu'elle rentrait dans quelque chose ou dans quelqu'un, et parfois avec bien plus de violence que cette fois. Mais il fallait bien reconnaître que c'était la première fois qu'elle était victime d'une vision d'une telle intensité.

Elle lui sourit faiblement quand il l'installa dans le fauteuil, s'inquiétant de son état en lui expliquant qu'elle était en train de tomber. Son visage était étrangement expressif, mais elle n'arrivait pas à analyser les émotions qu'elle voyait s'y refléter, la compassion, de la préoccupation, un certain malaise le tout mâtiné de bienveillance.

« Merci de m'avoir soutenue » lui dit-elle d'une voix plus blanches et faible qu'elle ne l'aurait voulu « Je ne sais pas ce qui m'est arrivé, je ne pense pas être blessée, plutôt.. Je ne sais pas trop comment l'expliquer... Secouée. »

Le restaurant était vide de clients à cette heure de l'après-midi, le personnel se détendait au comptoir à quelque distance de là, ce qui convenait parfaitement à la jeune femme. Elle détestait être l'objet de l'attention des autres, elle était bien assez gênée d'être littéralement tombée dans les bras de cet inconnu sans devoir supporter les regards que d 'autres étrangers auraient portés sur leur couple improbable. D'autant que le regard qu'il posa dans ses yeux la troubla.

En temps normal, Azilys « sentait » assez bien les autres. Elle avait toujours été douée d'une grande empathie, mais avec lui, elle n'y arrivait pas. Bien sûr il était avenant, prévenant même, son regard clair était empreint d'une douceur certaines, mais en même temps, Azilys avait l'impression d'y voir brûler une flamme glacée.

Elle profita de ce qu'il lui tendit un mouchoir pour se soustraire à ses yeux troublants. Elle murmura un remerciement en prenant entre ses doigts le morceau d'étoffe incroyablement douce et baissa les yeux vers ses mains pendant qu'il se présentait.

Le nom qu'il lui donna la fit tiquer. D'autant plus qu'elle venait de remarquer le monogramme brodé sur le tissu noir. Peut-être que c'était l'explication au dragon de sa vision ? Il ne s'agissait pas d'un vrai dragon, mais d'un symbole ? D'habitude, ses visions ne fonctionnaient pas par symbolisme, c'était comme si elle voyait le film exact d'un événement du passé de la personne. Mais, après tout, les dragons ça n'existait pas. *Bah non, les dragons n'existent pas, comme les extra-terrestres et les supers-héros* ricana une petite voix moqueuse au fond de son esprit.

Elle hésitait à utiliser quelque chose d'aussi beau pour s'essuyer le visage, mais après tout, c'était bien pour ça qu'il le lui avait tendu. Et puis elle éprouvait le besoin de prendre quelques instants avant de lui répondre. Elle se tapota délicatement le front et les joues pour effacer les traces de pluies qui s'y trouvaient encore, espérant également que ces gestes ramènerait un peu de couleurs sur ses pommettes. En vrai rousse, Azilys n'était jamais très colorée, mais elle se doutait que là, son visage devait avoir à peu près la même couleur que les assiettes de porcelaine qu'elle apercevait derrière le comptoir.

Peu à peu son trouble céda, et même si elle frissonnait encore, c'était plus dû à ses vêtements trempés qu'à son malaise. Son esprit s'éclaircît. Elle releva les yeux vers le jeune homme en lui souriant avec plus d'assurance.

« Je vous remercie pour votre aide Mr Drake. Je suis enchantée de faire votre connaissance, même si d'autres circonstances auraient été plus agréables. Je m'appelle Azilys Dulac, je suis infirmière. » lui répondit-elle en lui tendant d'une main parcourue de frissons le mouchoir qu'il lui avait prêté.

Maintenant qu'elle avait retrouvé ses esprits, elle profita que l'attention de Drake se soit porté vers le personnel pour l'observer plus attentivement. Son visage n'était pas d'une beauté conventionnelle avec ses traits taillés à la serpes, presque durs, contrastant avec ses yeux clairs, mais il n'en était pas moins agréable à regarder. Elle retint un sourire en voyant le masque qu'il se composait pour s'adresser aux serveurs, forçant son accent et ses manières en une caricature d'anglais.

Elle étouffa un petit rire devant la réaction de la petite serveuse qui s'occupa de lui. Visiblement, elle le trouvait tout à fait à son goût, et sembla attendre un instant une réaction de la part de l'anglais avant de rejoindre ses collègues avec un air vaguement déçu quand il fut évident qu'elle n'obtiendrait rien de plus que la légère révérence dont il l'avait gratifiée pour la remercier.

Azilys le regarda revenir vers elle avec une grande couverture aux couleurs de l'Italie posée sur son bras, et se laissa envelopper d'autorité sans rien dire, mais en se mordillant l'intérieur des joues avec gêne. Elle devait bien avouer qu'elle avait vraiment froid maintenant. Elle eut l'impression que la couverture devait tout juste sortir d'un sèche-linge tant elle était chaude, et elle ne put retenir un léger soupir d'aise quand la chaleur se diffusa dans son corps qui lui semblait glacé de l'intérieur. Au fur et à mesure que la chaleur l'enveloppa, elle sentit sa tension céder.

Elle réalisa que contrairement à elle, qui ressemblait à un cocker mouillé, il avait retrouvé toute son élégance. Peut-être était-il lui aussi un « anormal », et qu'il avait le pouvoir de diffuser de la chaleur ? Après tout, la liste des capacités particulière semblait sans fin. Elle était bien placée pour le savoir.

A présent, confortablement emmitouflée dans la chaude couverture aux couleurs joyeuses, elle commençait à se sentir en sécurité. Elle laissa son regard observer son environnement, le petit restaurant dont seule leur table était occupée, le personnel qui papotait joyeusement au bout du bar, la petite serveuse qui jetait des regards furtifs dans leur direction, cherchant visiblement à croiser à nouveau le regard d'océan du jeune homme. Azylis ramena son regard sur Drake quand il lui tendit un objet qu'elle ne reconnut pas immédiatement en faisant une petite plaisanterie sur ses origines. Le sourire qui éclairait son visage le rajeunissait, mais quand il se fana, l'expression de tristesse qu'il arbora n'en fut que plus poignante.

« Merci » répondit-elle en prenant le parapluie avant de jeter un coup d'œil vers le déluge qui rinçait la rue de l'autre coté de la vitrine « Visiblement, je vais le baptiser dés que nous sortirons d'ici. Mais, vous êtes sûr qu'il ne vous manquera pas ? » demanda-t-elle. « D'un autre coté, il paraît que les Anglais sont waterproof, et il semblerait que vous séchiez plus rapidement que le commun des mortels. » le taquina-t-elle avec un regard espiègle.

Elle espéra un instant que sa plaisanterie rallumerait le sourire qu'elle avait fugitivement aperçu sur le visage de Drake.

« Puis-je vous offrir quelque chose pour vous remercier de vos attentions ? Un verre ? Une pâtisserie ? Un plat de pâtes ? » reprit-elle après quelques secondes de silence avec un petit mouvement de tête vers les cartes qu'il avait posé sur la table en revenant, et un petit sourire. « A moins que vous ne soyez pressés, j'ai déjà bien assez abusé de votre temps. » ajouta-t-elle d'un ton plus doux.


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Azilys Dulac. Infirmière. Rouquine. Début de la trentaine, peut-être. Le regard du mutant la jaugea, positivement. Il aimait le parfum de son âme, ses nuances lumineuses et simplisssimes. Elle était philanthrope dans son approche dans son approche – ce qui déstabilisait l’orphelin face à sa propre nature sombre et maléfique. Il plissa des yeux, révélant des rides sur son front. Drake observa chacun de ses gestes, calculateur et pragmatique. Lorsqu’Azilys tenta de lui rendre son mouchoir, il se contenta de repousser délicatement sa main avec sa paume : la chaleur de sa peau demeurait épouvantable, lourde – une canicule qui se dégageait du creux de ses pores. Se retirant aussi prestement, son attention se concentra sur ses réponses – sur son humour rafraîchissant.


À la mention de son état, de l’eau qui séchait tellement vite sur ses habits et son être, le dragon baissa les yeux sur la table entre eux. La détresse transperça chacun de ses traits, le rendant encore plus vulnérable aux yeux de l’inconnue. Drake planta ses yeux dans ceux de son interlocutrice, captant la taquinerie au sein de ses mots la seconde suivante. Puis il imita son attitude précédente : un ton hautain à l’anglaise, des mains en l’air qui gesticule et un sourire si grand qu’un nouvel élément douteux s’ajouta la longue liste qui lui collait au dos. Des canines. Pas des petites, pas des moyennes. Des crocs immenses, comme ceux d’un monstre dans un film d’horreur. Hélas, le démon ne s’aperçut guère de son sourire trop révélateur, trop intense. Aussi, il ne montrait presque jamais ses dents. Sourire lui était tellement bizarre de ces jours.



« Madame Dulac, vous avez percé mon identité : j’ai toujours chaud. Et j’empeste la sueur. J’ai une mauvaise génétique. » Une pause. L’Anglais haussa les épaules, referma ses lèvres sur sa dentition d’un blanc éclatant puis laissa ses yeux errer sur la carte du restaurant. « Votre compagnie est un cadeau pour un solitaire : laissez-moi vous inviter. Je vous en prie. Et gardez le parapluie, il vous sera plus utile qu’à moi! »


Il pinça ses lèvres, avant d’étouffer un rire silencieux. Le dragon posa des yeux si clairs qu’ils semblaient mordorés, perdus dans une histoire d’âme si grande que le temps ne savait plus la colorer autrement que d’un gris azuré entrelacé d’or. La serveuse vint leur rendre visite, leur demandant si quelque chose les tentait. Drake lui offrit un sourire froid avant de laisser Azilys s’exprimer la première. Lorsque la jeune fille se tourna vers lui, le trentenaire passa une main dans sa chevelure ténébreuse et sur son cou trempé.


« Je vais prendre votre meilleur vin, et des fruits de mer si vous en servez. »
« Nos pâtes sont célèbres! Vous devriez y goûter! »
« Non merci. »
« La maison l’offre. De toute façon, nous en avons toujours trop. Nous les jetons, car elles sont fraîches. »



Drake haussa une deuxième fois les épaules, offrant un regard complice à l’agente du SHIELD. Lorsque la serveuse leur offrit du vin, et de l’eau pétillante, elle repartit d’un pas rapide. La posture de l’homme était tellement droite qu’elle manquait gravement de naturel, de simplicité. L’obscurité de ses traits lassait croire à un passé houleux et tourmenté. Pourtant il se montrait avenant, voire prévenant. Il trinqua à son invitée puis prit une gorgée doucement.



« J’ai une impression amère : celle de vous avoir terrorisé sans même vous avoir parlé. »
Le dragon semblait sincère, et ses iris furent brièvement illuminés d’un or subtil – sournois. « Je suis sincèrement désolé : j’espère que vous irez mieux. » Un faux sourire hanta son faciès nostalgique puis il rajouta : « C’est anglais de s’excuser tout le temps. Cela peut être insupportable! Venez-vous de New York? » Dit-il avec son regard intense, glacial, un enfer blanc à sa portée.



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Le contact de la paume brûlante de Drake sur sa main troubla à nouveau Azilys. Comment était-il possible d'avoir les mains aussi chaude par une journée aussi fraiche et humide que celle là ? En même temps, Azilys était assez mal placée pour jauger de la normalité de la chaleur des mains de son compagnon du jour, elle qui avait les mains froides même en plein été. Elle le remercia d'un mouvement de tête et posa le mouchoir sur la table à coté d'elle. Une nouvelle fois, son regard accrocha la broderie dorée qui scintillait doucement sous la lumière du restaurant.

Lorsqu'elle reporta son attention sur lui après l'avoir taquiné sur sa capacité à sécher si vite, il sembla troublé. L'espace d'une fraction de seconde, il lui avait même sembler voir passer l'ombre furtive d'une certaine fragilité, sur son visage. La jeune femme se dit qu'elle avait du toucher sans le vouloir une corde sensible de l'anglais. L'impression ne dura pas, la seconde suivante, il avait reprit son rôle d'anglais pure souche, avec ses gestes maniérés et son ton hautain, s'amusant lui même de son interprétation. Son sourire fit rater un battement au cœur de la jeune femme. Il lui donnait un air inquiétant, presque dangereux. Même si sa dentition avait de quoi faire pâlir d'envie bien des gens, elle aurait aussi pu faire pâlir d'envie un fauve ou un loup. Elle se dit qu'elle avait du rêver ses crocs, peut être était-ce un effet d'optique, ou alors un reste de la vision qui l'avait tant troublé lors que leur rencontre.

Dragon. Encore une fois ce mot s'imposa à son esprit. Et elle savait que ce n'était pas à cause de son nom ou du monogramme brodé sur le mouchoir qu'elle avait cette image en tête. Heureusement, le son de la voix du jeune homme et sa plaisanterie furent une distraction bienvenue.

A nouveau, elle retrouva le visage avenant de l'anglais. Cet homme était une énigme, elle n'arrivait pas à le cerner, d'un coté par moment, elle le trouvait presque effrayant, mais en même temps, elle trouvait sa compagnie très agréable.

« Je vous en prie, appelez moi Azilys. Madame Dulac me donne l'impression d'avoir 80 ans. Et je vous assure que votre odeur corporelle et tout à fait agréable. » répondit-elle avec un petit rire qui s'étrangla un peu quand elle réalisa que sa déclaration pourrait être mal interprétée et qu'elle se sentit rougir. Elle qui voulait retrouver des couleurs, là, elle était servie. Elle baissa le nez en se mordant les lèvres, embarrassée.

La remarque du jeune homme l'assimilant à un cadeau ne fut pas d'une grande aide pour lui permettre d'éteindre le feu qui brulait ses joues.

« Vous êtes bien aimable, mais je vous assure que je suis loin d'être un cadeau. »
rétorqua-t-elle en penchant un peu la tête.

Enfin, au moins, pour le moment, elle avait réussi à ne pas lui envoyer quoi que ce soit au visage. C'était déjà pas mal.

Le passage de la jeune serveuse lui offrit le répit dont elle avait besoin pour se reprendre. Azilys sentit un petit sourire en coin lui remonter jusqu'au coin des yeux. Elle s'amusait beaucoup des manières de la petite serveuse pour tenter de capter l'attention de compagnon. Elle ne savait pas trop si les sourires froids dont il gratifiait ses efforts était une marque de gêne ou une tentative de lui faire comprendre qu'elle perdait son temps.

Azilys se sentit prise de court quand il lui laissa parler la première pour passer commande. Mais, après une seconde de flottement, elle haussa un peu les épaules avant de commander une salade composée. Après tout, bien que l'après-midi soit bien avancé, elle n'avait pas eu le temps de déjeuner et commençait à sentir son estomac se rappeler à son bon souvenir.

Elle sourit en l'entendant commander du vin et des fruits de mers et secoua un peu la tête en réalisant le coté totalement surréaliste de cette situation, Il était presque 15 heures, elle était attablé dans un restaurant de Little Italy, enroulée dans une couverture aux couleurs plus que voyante, les cheveux trempés, avec un élégant trader rencontré quelques minutes plus tôt, à regarder une gamine de 18 ans occupée à déployer tout ses charmes pour le séduire. Elle se mordit les joues pour retenir un petit rire en baissant les yeux vers ses genoux.

A nouveau, il la déstabilisa avec le petit regard complice qu'il lui lança, alors que son visage semblait s'être à nouveau assombrit. Cet homme semblait pouvoir changer d'humeur très rapidement. Elle ne savait pas quoi en penser. Il lui servit un peu de vin et fit tinter son verre contre celui de la jeune femme avant de gouter le breuvage. Elle l'imita, posant son regard dans le siens, essayant de le cerner en vain.

Quand il commença à s'excuser de lui avoir fait peur, elle vit passer un ombre presque dorée passer dans ses prunelles bleus, ce fut fugace, mais un peu perturbant, d'autant que son sourire lui sembla un peu forcé. Un frisson qui ne devait rien au froid lui parcouru la colonne vertébrale.

Elle déglutit en ramenant son regard sur la broderie du mouchoir pour se soustraire à ce regard perturbant. Le souvenir de sa vision revint la hanter.

« Ne vous excusez pas, je vous en pris, c'est également de ma faute, j'aurais du regarder où j'allais. Ce n'est pas vous qui m'avait effrayée. C'est... » elle s’interrompit. Elle n'était pas sure que lui parler de ses visions et surtout de celle qu'elle venait d'avoir le concernant soit une très bonne idée, Elle soupira légèrement, prit une nouvelle gorgé de vin, et décida de couper la poire en deux.

« Disons, que... C'est un peu compliqué, il m'arrive parfois, lorsque je touche quelque chose ou quelqu'un de « voir » certains événements de leur passé. J'ai eu une vision un peu perturbante en début d'après-midi, vous n'êtes pas responsable. »

Elle lui offrit son plus beau sourire avant de reprendre.

« Et pour répondre à votre questions, oui, je suis un pur produit New-Yorkais. »




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Seth Drake
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La gêne occasionnée par le manque de tact de la mutante le fit sourire une fois de plus à pleine dents. Cette fois-ci, il étouffa son rire sourd au creux de sa paume afin de ne pas offrir ses canines à la vue de tous les gens présents dans le restaurant. Lorsqu’elle qualifia son odeur corporelle, l’Anglais ne put que renchérir sur son malaise : « Pour un fumeur invétéré, une chance que j’ai pris une douche ce matin! Vous me flattez. Je vous assure que vous sentez bon, un peu comme la rosée de l’après-midi. Mais en beaucoup mieux! » Termina-t-il en laissant son accent claquer leur conversation d’un humour un brin trop salé. À son tour, devant la maladresse de ses mots, ses tempes creusées devinrent rouge vives. Drake releva son menton pour lui signifier qu’il avait noté les nouvelles couleurs de son visage.
« D’accord. Je vais serrer la politesse dans ma manche, mais vous savez que je ne peux pas l’oublier. Vous savez pourquoi. »


En haussant les sourcils, son regard retrouva des nuances azurées quand il continua : « Nous ressemblons à deux tomates en ce moment. Mais, je suis certain que vous êtes plus belle que moi. Soyez rassurée. Pardonnez-moi, mais retirez-moi cette dernière phrase. Vous êtes un charme! Et cadeau est une image bas de gamme pour qualifier votre personne. » Enfin, la réponse à sa mauvaise impression et à ses soupçons se confirma : une mutante, de celles qui peuvent apercevoir à l’intérieur des gens. Comment oublier Némésis? Elle avait deviné son jeu, elle avait écouté les querelles infinies de Seth et de Drake en son for intérieur. D,ailleurs, il y avait encore énormément de rénovations à faire chez elle. À ses mots révélateurs, il fronça les sourcils doucement.



Malheureusement pour Azilys, Seth travaillait dans l’univers cosmopolite des hommes d’affaires et des escrocs : il flairait assez bien le mensonge, mais cela n’était pas un don. C’était de l’expérience : depuis sa naissance, tout le monde lui servait des mensonges blancs au sujet de son être, de sa famille. Puis vint le monde des affaires : la société de surconsommation Anglaise ou Américaine était dotée d’un ratio incroyable de mythomanes naturels. Lui-même pouvait jouer les beaux menteurs si le cœur lui en disait. Certes le langage gestuel de la jeune femme devant lui ne réussit guère à le convaincre.


Le regard sérieux, soudainement plus mégalomaniaque que raisonné, le dragon laissa leur contact visuel sans l’interrompre. Il écouta attentivement chacun de ses mots, prenant une gorgée du vin charnu à la suite de ses réponses improvisées, remplies d’éléments clés, et toutes les questions qui hantaient l’esprit du démon resurgirent. Faisait-elle partie du gouvernement? Était-elle bonne, méchante, entre les deux? Bien qu’un regard suffise à le rassurer, Drake regarda la jeune serveuse déposer leurs commandes devant eux dans un silence froid, cadavérique. Le faciès pâle de l’homme d’affaires devint grave, lourd. Il racla sa gorge une fois la jeune fille de dix-huit ans évaporée de leur vue.



« Vous devriez être plus prudente, Azilys. New York recueille tellement de monstres. »



Passant une main dans ses cheveux, Drake se résigna à étendre ses horizons : alimenter leur climat de confiance mutuel. À la suite d’une gorgée de vin, Drake vint chercher la main gauche de l’infirmière. Avec délicatesse, il ne fit que l’effleurer : afin de lui dévoiler des écailles rouges, violentes, acérées sur le revers de sa main. Sans la blesser, et en jetant un regard furtif aux alentours afin de s’assurer de ne pas être vu, il ramena une main à l’apparence humaine derrière sa nuque. Doucement, ce fut un regard inhumain, aux pourtours mordorés qui accompagna la suite de leur discussion :


« Je suis spécial, aussi. Bien que je reste un monstre. Croyez-moi : vous ne voulez pas apprendre qui j’étais, qui je suis… Je sens que je suis responsable de votre état : j’ai eu une impression étrange dès que je vous ai regardé. Vous étiez si fragile, si…marquée. »


Drake ajouta, d’une voix forte, grave, sombre :
«Pardonnez-moi, encore une fois. » Le dragon but une énième gorgée, ne semblant pas affecté par l’alcool qu’il ingérait.

« Restons simples si vous êtes d’accord. Nous parlerons de télépathes, de télékinésistes, d'Épée Magique ou de Killgrave à un autre moment. Je n’ai pas l’occasion d’être en bonne compagnie assez souvent. »


Sur ce, Drake prépara ses ustensiles comme un petite garçon devant la Reine d’Angleterre. Puis il prit une bouchée avec des bonnes manières à tomber par terre avant de demander d’un ton des plus allégés avec un sourire fin, taquin :


« Aimez-vous votre métier? Les soins infirmiers, ça doit être dur! »


Les traits neutres, le dragon promenait son regard entre son interlocutrice, la fenêtre auprès d’eux qui laissait entrevoir le déluge qui battait encore la vitrine et son repas. Il semblait comblé par une simplicité d’être qui dépassait tout entendement. De plus, l’atmosphère s’intensifiait. Même la petite serveuse n’osait pas revenir les déranger, car une intimité étrange semblait s’immiscer entre eux : le secret de leur mutation demeurait un de ceux qui ne pouvait pas être public. Drake prit la bouteille sur la table afin d’offrir un deuxième verre à son invitée puis se servit. Seulement, il prit la peine de retirer sa veste de cuir encore humide – révélant qu’il était entièrement sec. Malgré son chandail blanc à manches courtes, plusieurs pansements très larges semblaient arpenter son thorax et ses épaules. L’un d’eux recouvrait aussi son avant-bras droit tel un garrot au niveau du coude, et le mutant ne sembla guère y prêter attention ou en laisser paraître la moindre douleur.


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Azilys Dulac
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Encore une fois, il l'avait entraînée dans une montagne russe émotionnelle. En quelques phrases, il l'avait fait rire en leur rappelant qu'ils était aussi rouge que des tomates bien mûre, l'avait flattée de quelques compliments élégamment tournés, (c'était bien la première fois qu'on lui disait qu'elle sentait aussi bon que la rosée), avant de retrouver une attitude distante et froide lorsqu'elle lui parla de ses visions. Son regard se fit inquisiteur, froid, ses sourcils froncés lui donnaient une expression sévère. Azilys resserra un peu la couverture autour d'elle.

Un ange passa lorsque la serveuse vint leur apporter leur commande. Le regard que Drake posa sur son invitée se fit plus froid, plus inquisiteur, il l'observait comme s'il cherchait à deviner ce qu'elle avait vu. Visiblement, l'adolescente sentit que le vent avait tourné et qu'il valait mieux ne pas trop jouer avec l'homme aux yeux clairs. Elle ne chercha pas à s'attarder.

Il acheva de glacer la conversation en lui rappelant que New-York était plein de monstre et qu'elle devrait se montrer plus prudente. Cette affirmation la laissa dubitative. Elle ne sut pas trop comment elle devait prendre cette phrase relativement anodine. Un simple conseil ? Ou une menace. Était-il en train de lui dire qu'il était dangereux ? Elle se rembrunit et pinça les lèvres.

« Je suis bien placée pour savoir que New-York abrite beaucoup de monstres. » répondit-elle d'un ton plus froid qu'elle ne l'avait voulu. Elle releva les yeux pour affronter le regard de son compagnon. « Mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise à mes dépens, c'est que les monstres ne sont pas toujours ceux qu'on pense. »

Il ne pouvait pas se douter que ses quelques mots venait de réveiller de bien mauvais souvenirs chez la jeune femme. Même si l'épuration était finie depuis plusieurs années, c'était une période qui avait laissé des coups de griffe encore à vif dans le cœur de l'infirmière. Perdue dans ses pensées, elle sursauta légèrement lorsqu'elle sentit la main de Drake sur la sienne. Comme pour démentir ses propos précédents, son geste était d'une grande délicatesse, un contact aussi léger que s'il avait effleuré une fragile pièce en cristal. Instinctivement, ses yeux s'y portèrent, et il lui fallut quelques instants pour comprendre ce qu'elle voyait.

La main soignée et élégante de Drake s'ornait à présent de ce qui ressemblait à un gantelet de métal écarlate. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que ce n'était pas juste un accessoire qu'il aurait enfilé. Ses yeux s'écarquillèrent, et un léger hoquet de surprise lui échappa. Elle était fascinée par le spectacle et ne put s'empêcher d'approcher sa main de ce phénomène. Prenant garde à ne pas se blesser, elle laissa le bout de ses doigts effleurer les écailles écarlate sur le dos de la main de Drake. Elles étaient acérées, leurs bordures encore plus tranchantes que la lame d'un rasoir, leur surface brillaient comme de la laque. Azilys se dit qu'elle n'avait jamais rien vu d'aussi fabuleux. Chacune de ses écailles était une arme mortelle avec la beauté d'un bijou.

Drake retira lentement sa main, conscient que le moindre petit mouvement pourrait provoquer une grave coupure sur les doigts de sa compagne. Elle se sentit un peu gênée de s'être laissé ainsi aller à tant de curiosité, mais ne put s'empêcher de suivre des yeux cette main fabuleuse. Le temps qu'il la glisse derrière sa nuque, elle avait repris son apparence habituelle. À présent, c'étaient ses yeux qui avaient changé. Ils n'étaient plus bleus, ils n'étaient même plus humain. Un regard reptilien, mordoré qui semblait venir directement du fond des âges, et qui dégageait quelque chose de dangereux. Curieusement, elle fut plus captivée que terrifiée.

Dragon.

Encore une fois, le mot s'imposa à son esprit, mais cette fois elle comprit. Elle comprit ce que ses sens et son inconscient avait comprit bien avant elle. Même si c'était quelque chose de totalement inimaginable, elle se trouvait en présence d'un des être mythologique les plus répandus dans les contes. Bien sûr, la partie cartésienne de son esprit avait encore du mal à pouvoir imaginer qu'elle était en train de prendre un déjeuner tardif dans un restaurant de New-York en compagnie d'un dragon.

Mais après tout, elle avait des amis bien plus étranges.

Elle le cru sur parole quand il la mit en garde, a présent elle comprenait pourquoi il l'avait tant déstabilisée, pourquoi il semblait changer d'humeur en une fraction de seconde, l'homme et le dragon semblait avoir des caractères assez dissemblables. Mais elle ne partageait pas son avis. Elle secoua doucement la tête et soupira légèrement.

Etrangement, maintenant qu'elle savait, et alors qu'elle aurait dû être terrifiée, elle se sentait presque apaisée. Elle jeta un petit regard aux alentours pour vérifier que personne ne se trouvait à porté d'oreilles. Ce qu'elle voulait dire à présent ne regardait qu'eux. À son tour, elle glissa sa main sur la table pour venir effleurer le bout de ses doigts avant de lui sourire.

« Oui, vous avez raison, cette vision m'a beaucoup ébranlée. C'était la première fois que je vivais quelque chose d'aussi violent. Mais ce qui m'a mise dans cet état, ce n'est pas d'avoir eu un aperçu de votre forme originelle. Ce qui m'a perturbée à ce point, ce sont les émotions que j'ai ressentis. » Elle marqua une courte pause et lui sourit tristement « Vos émotions à ce moment-là. »

Encore une fois, en un clignement de paupière l'humeur de Drake fit volte-face, il redevint plus léger, presque charmeur et taquin, reprenant son rôle d'Anglais bien élevé pour attaquer son plat après l'avoir priée de laisser derrière eux ces graves sujets pour profiter de ce moment. Azilys réalisa que quelque chose avait changé entre eux. A présent, ils n'étaient plus deux étrangers partageant un repas au hasard d'une rencontre, c'était comme si leurs secrets partagés avaient crée une connivence entre eux, une certaine intimité. Et alors même qu'elle savait qu'elle se tenait à quelques centimètres d'un des êtres les plus dangereux au monde, curieusement, à présent, elle était plus à l'aise. Mais après tout, il est bien connu que ce qui nous effraie le plus est ce que nous ne comprenons pas.

Elle se dégagea de sa chrysalide de laine colorée, la laissant négligemment retomber sur le dossier du fauteuil avant d'imiter son compagnon et de prendre une bouchée de son plat. C'était délicieux. La douce amertume de l'huile d'olive, le goût légèrement poivré de la roquette lui ramenèrent en mémoire la chaleur du soleil du sud de l’Europe.

Elle reposa sa fourchette pour répondre à sa question.

« Si je ne l'aimais pas, je n'aurais jamais pu l'exercer aussi longtemps. Comme vous semblez l'avoir deviné, ce n'est pas tous les jours facile. Certaines situations sont vraiment très dures, surtout psychologiquement. Et j'avoue qu'il m'est parfois arrivé de me dire « J'en peux plus, j'abandonne », mais je sais bien que je ne le peux pas." Son regard se voila un instant et se perdit dans la contemplation de sa salade. Elle releva le nez vers son interlocuteur haussa une épaule, penchant la tête sur le coté avec un petit sourire vaguement triste. « Oui, je l'aime. J'ai toujours été du genre St Bernard. J'ai besoin de me sentir utile pour me sentir vivante, et ce métier m'offre cette possibilité. »

Elle le remercia pour le vin, jeta un coup d'œil vers la rue enténébrée comme au crépuscule. Ramenant son attention sur le dragon, elle eut un petit sursaut de surprise et leva un sourcil interrogateur. 

« Je ne connais rien à l'univers de la finance, mais même si j'ai entendu dire que c'était un milieu de requin, je ne pensais pas qu'il pouvait engendrer de telles blessures. » Déclara-t-elle d'un air perplexe en laissant son regard professionnel glisser sur le torse et les bras de Drake.

Même à travers l'étoffe de son chandail, elle devinait aisément les contours de plusieurs pansements similaires à celui qui se dévoilait sur son avant-bras. Elle leva les yeux cherchant à capter son regard.



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En toute honnêteté, Drake se laissait aller : contrairement à ses rencontres précédentes au milieu de mésaventures ou de tragédies, il adorait ce moment. C’était bien d’avoir une discussion, de ne pas se soucier de cacher son identité en permanence ou de craindre de terroriser les humains avec sa mutation… Mais, il avait déjà assombri leur journée au même instant que la foudre s’abattait au milieu de la rue. Regardant Azilys dans le creux des yeux, il ne put qu’affirmer un visage empreint de compassion lorsqu’elle répliqua au sujet des monstres.

Quant à leur nature, Drake avala sa salive – se retenant de répondre quoi que ce soit. Toutefois, ses yeux le trahissaient, et beaucoup trop : ils étaient pâles, tristes, presque suicidaires. En apercevant cette ombre passer sur les traits de son interlocutrice, il continua à se maudire intérieurement d’avoir placé des thématiques lourdes au creux de leur après-midi. C’est ainsi que lorsqu’il lui dévoila une partie de son secret, une main recouverte d’écailles aiguisées, elle dévoila une grande curiosité. Drake en fut presque ému, mais n’osa pas le montrer. Profondément touché de ne pas avoir effrayé la mortelle à ses côtés, l’Anglais observa chacun de ses gestes - aussi mince soient-ils. Car ils étaient nombreux. Lorsqu’Azilys franchit l’espace entre eux pour le rejoindre du bout des doigts, Drake jeta un regard sincère à son interlocutrice. Son sourire acheva de le mettre en patience devant ses nouvelles paroles. Elle élabora sur ses visions, et en particulier sur celle qu’avait causée le contact du dragon : sans deviner ce qu’elle avait vu, l’Anglais n’osa pas songer aux fantômes de son passé – et à une âme déchue, vendue par sa faute.



« Mes émotions. »


La voix brisée, tranchée de prudence et de vérité, il se retourna une fois encore : « Pardonnez-moi, mes émotions. Je suis trop Anglais pour les émotions! Je suis invulnérable aux émotions! » Oui, c’était sa défaite favorite. Il offrit un sourire accrocheur à son interlocutrice, et l’écouta attentivement lorsqu’elle discuta de sa profession. Drake but et mangea entre temps, la laissant fleurir dans un sujet qui lui était d’une passion peu commune. Le trentenaire lui offrit un visage patient, soucieux, et peut-être même protecteur. À l’auto-comparaison avec un St-Bernard, Drake manqua de s’étouffer avec son calmar. Ses tempes devinrent rosées, mais ses couleurs se replacèrent vite.


« Vous avez un cœur en or, Azilys. »



Puis vint la question passive, toujours fatidique, sur ses injures pansées avec soin par sa cousine. Le conseiller boursier remarqua l’inspection de l’infirmière sur sa personne, et ne put s’empêcher de planter ses yeux dans le vide en ressemblant à un gamin en punition devant sa maîtresse d’école après avoir ri un bon coup. Il prit une gorgée de vin avant de se prononcer, avec une certaine maîtrise pour calmer la rage qui bouillonnait toujours en lui.


« Non. Une brute a fait du mal à ma cousine. Elle est ma seule famille, en quelque sorte.»



Avant de continuer, Drake jeta des yeux soucieux sur l’entourage avant d’errer sur la vitrine. Celle-ci ne montrait qu’une noirceur de plus en plus opaque, impénétrable : seules les éclairs rares savaient éclairer la rue parmi les nuages gris foncé ou abyssaux.


« La prison le ramènera à la raison. Je l’espère. »



Drake s’aperçut enfin de son ouverture, redressant son regard dans celui d’Azilys, supplantant toute émotion humaine par une possessivité et une jalousie sans nom, une décadence raisonnée de la protection: « C’est mon trésor, même si c’est une fouteuse de trouble en or. » Offrant un regard cocasse à la mutante, l’Anglais se rattrapa en revenant à leur sujet précédent : « Les finances? C’est un milieu de carnivores : vous avez raison. Je suis appelé le Dragon de Wall Street! Sans blague. Est-ce que ça vous rappelle quelqu’un? J’ai un flair incroyable pour la bourse, et j’ai une relation très…magique avec les finances. Je le jure, je ne triche pas. Mais, je travaille vingt-deux heures par jour… »


Drake donna un clin d’œil à son invitée, après une bouchée de son assiette.


« Si vous voulez devenir riche du jour au lendemain, je suis une bonne référence! »


La dernière question semblait particulière, mais elle demeurait charnière pour le dragon qui ne pouvait pas comprendre que quiconque déteste l’or. C’était le matériau le plus beau du monde entier, et la dépendance magique de la bête mythique à son précieux ne pouvait qu’influencer son orgueil à aimer éternellement tous les trésors du monde entier…Les dragons aimaient l’or, ce n’était guère méconnu. Mais, Drake demeurait l’archétype des légendes au sujet des dragons. D’ailleurs, il commença à tousser doucement dans sa serviette de table. Tel un félin, Seth sembla recracher une boule de poil discrètement en détournant la tête sur le côté. Toutefois, lorsqu’il déposa le linge blanc sur la nappe : des pièces d’or roulèrent sur la table. De plus, des pierres précieuses et des bijoux semblaient composer un mini-trésor sur la table. L’homme d’affaires s’empressa de cacher chaque joyau étincelant d’or sous le tissu, et lança un regard embarrassé à son interlocutrice. Sans s’attarder à l’or qu’il venait de régurgiter, Drake prit les objets pour les cacher dans les poches de sa veste de cuir en jetant un œil suspicieux pour surveiller la curiosité d’autrui. Sans le remarquer, il avait laissé traîner une longue chaîne en or dotée d’une émeraude taillée en étoile du Nord.


Par la suite, il servit du vin à Azilys et lui-même avant de prendre une dernière bouchée de son assiette. Drake tentait de cacher sa gêne, mais son visage demeurait presque entièrement rouge vif. De plus, la chaleur avait triplé les dernières minutes entre eux : ils ressentaient la pesanteur de l’humidité, l’authenticité d’une température tropicale.



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L'ambiance était devenue lourde quand elle avait évoqué ses émotions. Le regard de Drake s'était teinté d'une tristesse et d'un désespoir qui lui brisèrent le cœur. Elle s'en voulut, aussi profita-t-elle de la première occasion qui se présenta à elle pour tenter d'alléger l'atmosphère. Le but fut atteint avec son évocation du St Bernard, même si elle s'inquiéta en le voyant suffoquer. Le faire rire pendant qu'il mangeait n'était peut-être pas l'idée du siècle. Elle s'en voudrait si son compagnon devait faire un malaise après s'être étouffé en faisant une fausse route.

Encore que... Ce pouvait ne pas être le pire des scénarios. Elle ne savait pas grand chose des dragons, peut être que si son corps humain se trouvait en danger, sa forme draconienne reprendrait la main. Elle préféra ne pas imaginer ce que ça pourrait donner. Heureusement, il reprit son souffle et son affirmation suivante, fit rougir Azilys jusqu'à la racine des cheveux.

« Quel que soit l'intérêt que vous portez au métal dont vous présumez que mon cœur est fait, je préférerais que vous le laissiez là où il se trouve. Depuis le temps, je me suis habitué à ce qu'il batte dans ma poitrine ». le taquina-t-elle avec un petit rire franc.

Elle écouta avec attention les explications qu'il lui donna concernant ses blessures. Elle fut touchée qu'il se confie ainsi à elle. Il semblait beaucoup tenir à sa cousine. Azilys ne put s'empêcher de se demander si elle aussi était un dragon, mais estima qu'ils n'étaient pas encore assez proches pour qu'elle puisse se permettre ce genre de question, tout comme elle n'osa pas exprimer sa surprise de savoir que l'agresseur de cette jeune femme ait survécu assez longtemps à sa rencontre avec un dragon fou de rage pour avoir le plaisir de connaître les joies de la prison.

« Elle a de la chance de vous avoir comme ange gardien. » répondit-elle simplement.

Curieusement, ce récit éveilla en elle une certaine nostalgie. Elle n'était pas jalouse, pas même envieuse, c'était des sentiments qu'elle ne connaissait pas vraiment. Elle était plutôt du genre à se réjouir de la bonne fortune, mais elle eut une pointe de regret. Elle était toujours attentive envers les autres, voir même carrément protectrice, mais elle avait beau fouiller sa mémoire, depuis qu'elle était entrée dans la vie d'adulte, elle ne se rappelait pas d'avoir jamais ressentis l'ombre bienveillante d'une aile protectrice au-dessus d'elle.

Heureusement, Drake changea à nouveau de sujet, évoquant son métier, qu'il adorait visiblement. Elle rit de bon cœur quand il évoqua le surnom que ses collègues et adversaires lui donnait. Elle doutait qu'ils soient conscient d'à quel point ils étaient proches de la réalité. Elle éclata franchement de rire quand il lui proposa ses services avec un clin d'œil qui lui parut un peu canaille, si un jour elle souhaitait devenir riche du jour au lendemain.

Elle posa franchement sa main sur celle de son compagnon, sans même s'en rendre compte. Pour elle, s'était un geste très naturel, sans arrière-pensée, sans calcul, juste quelque chose de naturel quand elle se sentait bien avec quelqu'un.

L'infirmière secoua un peu la tête. Il était clair qu'ils ne vivaient pas dans le même monde.

« Je vous remercie, mais, je ne cours pas après la richesse. Il y a quelques années que j'ai appris qu'elle ne faisait pas le bonheur. » Elle leva la main pour l'empêcher de protester, sentant son désaccord « Je ne dis pas que l'argent ne rend pas la vie quotidienne et normale plus confortable, pour avoir tiré le diable par la queue pendant mes années d'études, j'en suis consciente, mais... » Sa gaieté s'évapora, elle laissa sa phrase en suspend, et son esprit se perdit pendant quelques secondes dans ses tristes souvenirs.
Elle soupira profondément.

« Je ne sais pas si vous étiez à New-York pendant les heures sombres. » commença-t-elle « Mais, moi j'y étais. J'étais même en première ligne pour voir le désespoir de ceux qui avaient tout perdus. L'argent n'a sauvé personne parmi nous. J'ai même envie de dire que c'était pire pour ceux qui étaient riches. Il y a ceux qui ont cru que leur richesse ferait oublier qu'un de leur proche était anormal, et qui l'on chèrement payé, et pas avec de l'argent. Et il y a ceux qui, du jour au lendemain sont passés d'une existence privilégiée et confortable aux conditions de vie plus que précaire de la clandestinité. » Elle haussa une épaule, avec un petit sourire en coin. « Aucune des deux catégories ne s'en est bien sortie. Bien sûr, ce n'était pas non plus facile pour ceux qui étaient dans le besoin avant, mais au moins, nous n'avions pas la nostalgie de ce que nous avions perdus. » lui expliqua-t-elle, en relevant les yeux presque avec défi. « L'argent facilite parfois les choses. J'avoue que maintenant ma vie est plus douce qu'à mes périodes de "vache maigre", mais dans les situations extrême, quand le système s'effondre, que le monde vous déteste pour ce que vous êtes, vous pouvez dormir sur matelas de billet, tout ce que ça vous apporte c'est d'être encore plus en danger.»

Elle doutait qu'il puisse comprendre ce qu'elle voulait dire. Elle avait du mal à expliquer le concept, surtout à quelqu'un qui comme lui semblait penser que les richesses étaient la vie, et elle s'en voulait d'avoir dévoilé un pan de sa personnalité et de son histoire de façon aussi brutale.

Elle pensa l'avoir choqué quand elle le vit se troubler et se détourner en toussant comme si quelque chose obstruait ses voies aériennes. Elle retint son souffle, attentive, s'inquiétant pour lui. Elle resta bouche bée quand elle surprit la scène qui suivit. Même s'il s'était détourné et s'efforçait de se dissimuler, elle devina que comme un chat recrachant une boule de poil, ou un rapace nocturne faisant sa pelote, son compagnon régurgitait quelque chose dans la serviette blanche qu'il tenait devant sa bouche. Mais avant qu'elle ait eut le temps de s'inquiéter, il reposa le linge sur la table, et elle vit s'en échapper des objets précieux.

D'un geste preste, il fit disparaître le trésor dans ses poches, sous les yeux médusés de sa compagne, avant de lui servir un nouveau verre de vin et de continuer son repas, l'air de rien, si ce n'est que son visage pâle avait pris une couleur cramoisie des plus éclatantes. La scène avait été tellement surréaliste que la réaction d'Azilys en fut totalement décalée.

Elle remarqua qu'il avait oublié un magnifique bijou qui avait glissé dans l'ombre de son assiette. Un longue chaînette en or soutenant une émeraude finement taillée. Elle glissa sa main sur la table pour s'en saisir avant de le lui tendre, luttant contre un fou rire nerveux qui lui faisait monter les larmes aux yeux.

« Je ne doute pas que le personnel du restaurant apprécie un pourboire de cette valeur » dit-elle « mais, je pense votre groupie... » elle glissa un regard vers la petite serveuse qui s'était occupée d'eux «... ne manquerait pas d'y voir un signe d'intérêt. » Elle lui sourit d'un air chafouin avant d'ajouter « Si vous n'avez pas l'intention de donner suite, ce serait cruel de l'encourager. ».

Elle réalisa soudain, qu'elle crevait de chaud et regarda Drake en plissant les yeux d'un air soupçonneux. Elle savait qu'il dégageait beaucoup de chaleur, ce qui n'était pas incohérent sachant ce qu'elle savait, mais visiblement, il avait un peu de mal à contrôler le thermostat quand il était troublé. La rouquine lui sourit doucement, s'efforçant d'éteindre la lueur moqueuse qu'elle savait briller dans ses yeux pour la remplacer par quelque chose de plus doux.

« Si vous continuez à faire augmenter la température de cette façon, je risque de finir dans une tenue assez indécente pour un déjeuner au restaurant. » murmura-t-elle en retirant son gilet, espérant que son trait d'humour le détendrait.

Si la température continuait à augmenter comme ça, elle allait finir à l'état d'entrecôte trop cuite. Ce qui serait effectivement assez indécent.


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Seth Drake
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Unholy, Fiery Destiny: may fire and blood lust us to War; or who knows, Truth


Stupéfait, le dragon se laissa aller à retomber sur le dossier de sa chaise malgré sa rigueur à maintenir une posture dorsale entièrement droite. Des rires, des blagues bonnes comme mauvaises, des éclats de rire même, ils s’amusaient comme des gamins avec des pétards. Drake reçut son commentaire quant à son dernier compliment, et ne put se retenir de rajouter :


« Je n’oserais jamais ruiner le chef d’œuvre de votre apparence ou de votre existence, Azilys. »



Une métaphore de plus, comme quoi les Anglais savaient maintenir une certaine prétention au cœur de leurs moqueries. Les lèvres de Drake continuèrent de sourire doucement à son interlocutrice, admirant tout à coup ses yeux avec convoitise. Son rire se fit absent, son expression plus effacée et sincère, évitant d’explorer le chemin qui se dressait sous ses yeux, seulement en osant offrir à l’infirmière un remerciement qui venait du cœur. Quelque chose de silencieux, mais de simple. Sans prononcer un seul mot, il attendit de voir ses prochains actes, recevant cette comparaison à un ange gardien avec un rictus de doute. Le dragon douta de lui-même, ne parvenant pas à trouver une réponse juste à Azilys. Son visage tenta de dissimuler une grande peine, et il se contenta de hausser les sourcils à sa remarque. Son jeu de trader avait fonctionné : voilà une femme en éclats de rire.


Même sa main était venue chercher la sienne, laissant Drake dans une béatitude complète. Il demeura naturel, et saisit même momentanément sa paume en retour – laissant son index se promener sur le sien. Certes ses techniques de vente ne fonctionnèrent pas sur l’infirmière qui le surprit grandement en parlant des heures sombres des États-Unis : celles que tous les mutants tentaient d’oublier. Et elle élabora. Beaucoup. Au point de rendre le dragon muet, honteux de ne pouvoir partager sa tragédie. Pensif, il pencha sa tête sur le côté et la laissa aller dans la plus grande liberté : la tristesse d’Azilys le somma au silence indubitablement, lui donnant jusqu’à l’impression de se briser en observant les sentiments qui circulaient sur ses traits depuis les dernières minutes. Délicatement, il déposa sa main sur la sienne à son tour dans un mouvement détrempé de compassion et de simplicité. Par la suite, son malaise provoqua un nouveau fou rire chez son invitée qui n’oublia pas de lui remettre en plein visage l’oubli d’un joyau sur la table du restaurant. Suite aux commentaires d’Azilys sur la potentielle groupie de Drake, celui-ci releva le menton, presque vexé en suivant son regard du coin de l’œil et le teint toujours cramoisi par son récent étouffement :



« La gamine? Vraiment? Comment osez-vous! »


Il posa ses mains à plat sur la table devant le nouvel air moqueur d’Azilys puis écouta attentivement ses dernières remarques au sein d’un calme calculée, effroyable. Retenant le sang qui lui montait encore aux joues, l’accent de l’homme encore plus prononcé quand il se lança, enfin :


« D’accord. Je vais faire attention. »



Afin d’aider son invitée à se sentir plus à l’aise, le dragon se calma intérieurement, malgré la gêne qui l’incommodait de nouveau lorsqu’Azilys trouva le tour de retirer des vêtements – sans oublier sa dernière remarque des plus salées. Les degrés diminuèrent, tandis que son regard d’azur ne put dissimuler l’or qui les entrelaçait. Ils devinrent entièrement dorés, affichant des pupilles en fente. Il pouvait autant avoir l’air menaçant qu’intrigué. Le monstre qui se cachait en lui semblait mouvementé par leur discussion, encore plus intéressé par la communication explicite entre eux – était-ce le cachet de sincérité qui plaisait au démon? La rougeur de son teint diminua, laissant son teint blafard reprendre le cours de la route.


Drake afficha des airs mesquins, machiavéliquement loquace lorsqu’il se pencha au-dessus de la table pour embrasser le revers de la main de la femme à ses côtés en lui soutirant l’ornement à la pierre précieuse. De l’autre côté de la pièce, la serveuse qui les voyait se rapprocher depuis les derniers instants perdit tout espoir de revenir les embêter. Et le dragon n’en devint qu’ironiquement malicieux, prêt à tout pour afficher des allures taquines, presque capricieuses. Certes il la lâcha presque aussitôt son maniérisme de politesse achevé. Bien que, soudainement.



« Azilys, pardonnez-moi mes manières. Mais, je vous en prie, laissez-moi vous donner mon appréciation de notre rencontre fortuite. »


Sur ce, le dragon lui remit en main propre l’ornement qui semblait briller davantage au contact de ses paumes livides avant de la relâcher, encore. Le regard vide, doré redevint clair comme le ciel en l’espace de quelques instants : cette escalade de l’or à l’océan fut grisante, fantasmagorique.


« L’argent ne fait pas le bonheur. L’argent ne fera jamais mon bonheur. Ou même le vôtre. » Puis l’échange de leur regard devint abyssal, profondément ténébreux. « Il ne fait que combler le vide que je ressens. Nous avons tous nos moyens. N’est-ce pas? » Et, à cette seconde, il songea à celle qu’il avait perdue trop vite. Le regard du monstre redevint vide, voire vitreux.


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Perdue dans ses tristes souvenirs, elle n'avait pas vraiment pris conscience de leurs mains, toujours enlacées, ce ne fut que quand Drake déplaça la sienne pour reprendre le dessus qu'elle remarqua ce contact troublant. L'oubli du bijou lui permit de trouver une diversion et son commentaire sur l'intérêt que la petite serveuse semblait porter à l'anglais eu l'effet escompter. Drake sembla se dresser sur ses ergots, visiblement blessé que l'infirmière puisse suggérer l'idée d'un rapprochement entre eux. Elle rit à nouveau, voyant le rouge qui lui montait jusqu'aux tempes. Sans s'en rendre compte, il la touchait. Elle aimait son émotivité et la façon dont elle se manifestait sur son visage et dans ses yeux. Il était rare qu'elle rencontre des personnes capable de rougir aussi facilement et brusquement qu'elle.

Elle se sentait plus à l'aise avec lui, et visiblement, c'était un sentiment partagé. Quand ils étaient entrés dans le restaurant, elle le trouvait froid, indéchiffrable. Il faisait tout pour garder un visage neutre. À présent, elle avait l'impression de lire en lui comme dans un livre ouvert. Elle était touchée de sa confiance.

Le taquiner sur la petite serveuse avait été amusant, mais Azilys dut bien admettre qu'elle fut satisfaite de la réponse qu'il lui fit. Même si leur repas improvisé n'était que le fruit du hasard, et non un « rancard », elle aurait trouvé un peu humiliant qu'il flirte avec la serveuse en sa présence, elle trouvait d'ailleurs la gamine un peu effrontée de minauder ainsi devant un client, surtout devant un client accompagné.

Ramenant son intérêt sur le visage de son compagnon, elle assista à nouveau à la transformation de son regard et à nouveau, elle en fut fascinée. D'abord quelques fils d'or s'enroulèrent dans le bleu de son iris, jusqu'à l'envahir complétement. Sa pupille se modifia, s'étrécissant en un fil vertical. Le dragon l'observait avec autant de curiosité qu'elle. Même si elle l'avait voulu, elle savait qu'elle n'aurait pu détacher ses yeux des siens. Dans le même temps, Drake avait retrouvé son calme et de fait son teint d'albâtre.

Et il avait également retrouvé son esprit moqueur et joueur. Le dragon l'observait avec autant de curiosité qu'elle. La douceur de ses lèvres à l'intérieur de sa main, sur la peau fine et sensible à la limite du poignet, lui donna l'impression d'avoir été touchée par la foudre. Elle sentit son visage s'empourprer et en resta sans voix.

La sensation ne dura que quelques secondes, mais elle avait été violente et très troublante pour la jeune femme. Mais à nouveau, il reprenait ses manières un peu désuètes, s'excusant de son geste. Sur le coup, elle ne comprit pas ce qu'il voulait dire en parlant de lui « donner l'appréciation de leur rencontre fortuite », jusqu'à ce qu'elle sente le bijou dans sa paume. Elle eut un hoquet de surprise, et écarquilla les yeux, pendant qu'une tempête émotionnelle faisait rage en elle, la surprise le disputant à la gêne et la confusion. Et même si la température était redevenue normale, elle sentit ses joues brûler.

« Je ne peux pas accepter. » balbutia-t-elle « C'est un cadeau bien trop précieux. »

Dans le même temps, ses yeux reprirent leur apparence humaine. Elle savait qu'elle aurait dû détourner les siens, se soustraire à ce spectacle, mais elle en était incapable. Elle réalisa avec une certaine inquiétude qu'elle pourrait bien se noyer dans ce regard. Elle sentit ses doigts se refermer doucement sur la main de Drake, comme si elle rechignait à la voir s'échapper de la sienne.

Elle ne savait que certains êtres possédaient le pouvoir de subjuguer les humains, de les amener à ressentir de façon artificielles certaines émotions et sentiments. Elle se demanda un instant si c'était le cas des dragons, espérant presque que se soit le cas. Si s'était lui qui l'obligeait à ressentir tout ceci, dés qu'elle ne serait plus en sa présence, elle retrouverait sa raison, si ce n'était pas le cas, même quand cette parenthèse serait finie et qu'elle aurait reprit le cours de sa vie, elle savait qu'elle ne pourrait jamais repenser à cette rencontre sans ressentir à nouveau avec violence toutes ses émotions.

Toujours perdue dans l'océan de ses yeux, elle écouta son discours sur l'argent. Comme une épaisse brume tombant sur l'eau, un voile de tristesse affadit le bleu de son regard. Elle senti son cœur se serrer. Elle devina sa solitude et le chagrin d'un deuil intense. Elle aurait tellement voulu pouvoir soulager sa souffrance, mais que pouvait bien une petite humaine pour un dragon. Malgré elle, elle se pencha à son tour au-dessus de la table, et posa sa main sur la joue de son compagnon, comme on console un chagrin d'enfant d'une caresse.

« Oui. Nous avons tous quelques fantômes qui nous hantent et que nous tentons de garder à distance avec les moyens du bord. » répondit-elle d'une voix douce.

Elle voulait alléger un peu l'ambiance qui s'était à nouveau faite lourde et triste. Il fallait frapper fort. Elle lui offrit un petit sourire espiègle en penchant un peu la tête sur son épaule, et une lueur canaille dansant au fond de ses yeux.

« Parfois, un déjeuner improvisé avec un inconnu percuté dans la rue est un bon moyen de les éloigner quelques instants. »

Elle laissa échapper un petit rire avant de se décoller de sa chaise et de se pencher au-dessus de la table pour venir poser ses lèvres sur la joue qu'elle venait de caresser.

« Si j'oublie de te le dire tout à l'heure, j'ai passé un très bon moment en ta compagnie. » murmura-t-elle au creux de son oreille avant de se rasseoir, et de réaliser ce qu'elle venait de faire.

La honte l'envahie. Comment pouvait-elle avoir osé faire ça ? Qu'allait-il penser d'elle ? Elle se mordit les lèvres, ferma un instant les paupières en baissant le nez vers ses genoux pour tenter de dissimuler son teint cramoisi derrière le rideau de ses boucles cuivrées.


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Cette scène, dans sa globalité, semblait irréelle. La délicatesse d’Azilys plaqua le dragon sur la chaise. Le regard sombre, tentant de cacher la tentation et la vivacité qu’elle anima au sein de son for intérieur, dardait son interlocutrice et recevait, littéralement. Évidemment, elle refusait de plus belle l’ornement, mais ne le jetait guère au bout de ses bras en signe de résistance. À ses dernières paroles, trop graves et intenses pour une discussion dans un restaurant de Little Italy, elle tenait sa main encore – et cela le troubla grandement. Ce n’était pas l’appétit de la chair; ce n’était pas la passion du moment; c’était la tendresse qui se dressait entre eux. Déjà intimidé par leur proximité naissante, il manqua de vaciller dans l’inconscience lorsque cette main vint le heurter à la tempe.


Naturellement, il en posa son autre main sur la sienne avant de la perdre, et de l’écouter en toute activité cérébrale possible malgré la lutte qui se déroulait entre l’homme et le dragon. Chacun tendu au bout de sa chaise, Drake reçut le coup ultime : sa joue brûla, intensément. La chaleur redoubla d’un coup, plongeant le regard clair du dragon dans quelques effluves dorés. Avant de le déstabiliser une fois encore par le souffle glacé qui lui percuta le tympan gauche, la douce approche de ses cascades de feu ondulées. Le bout de ses doigts vint s’y réfugier, effleurant sa chevelure tendrement. Puis elle se referma telle une fleur sous le regard de la lune.



« Azilys. »


Durement, Drake demeura assis poliment à la table, dardant ses yeux sévères dans les siens. Il avait des airs distants, hautains, carrément sereins. L’Anglais tenait toujours la main de la mortelle devant lui, ne bougeant plus sa main au-delà de la sienne. Mystérieux, le visage neutre et les tempes livides, il la regarda longuement sans prononcer un mot. D’un regard presque assassin, à en glacer le sang, des iris entrelacés autant d’or que ces cieux libérés des nuages, et Drake lâcha finalement sa main en y retirant le bijou. Il déposa minutieusement sa serviette de table sur la nappe et se leva d’un mouvement lent, royal. Le dragon souriait à pleine dents à sa compagne, n’ayant plus la gêne de dissimuler ses attraits monstrueux – comme des yeux mordorés ou bien des canines surdimensionnées. Pendant une seconde, il semblait évaluer deux trajectoires possibles.


Toutefois, ce fut la plus improbable qu’il entreprit. Drake contourna la table entre eux, lissa les boucles rousses d’Azilys sur l’une de ses épaules et osa déposer le collier en or pur autour de son cou. Au contact de la peau de la bête légendaire, le matériau ne s’en contenta que de briller joyeusement comme si son élément était une pureté en soi, une divinité parmi le quotidien morne. Les employés du restaurant espionnèrent du coin de l’œil la scène qui se déroulait entre leurs clients : était-ce de la romance ou de l’intimidation? C’est ainsi que leur opinion trancha quand la tête du démon se pencha à sa nuque pour la caresser d’une main légère. Avant d’y laisser un baiser incendiaire à son tour. Elle pouvait sentir ses canines frôler sa chair, la pointe de son nez chercher son parfum.


Soudain, sa main la libéra, sa tête aussi, bien  contrecœur. Il retourna à sa place, pendant qu’une nouvelle serveuse – un brin plus âgée- venait débarrasser leur table. Drake leur servit du vin, encore une fois, après avoir demandé à sa chère invitée si celle-ci en désirait d’un haussement de sourcil assez londonien. Le personnel les laissa tranquilles de nouveau, pendant que le métamorphe supplantait Azilys de son regard clair, opalescent. Il se racla la gorge doucement, venant poser sa main sur celle de son interlocutrice une fois de plus. Le dragon entrelaça ses doigts aux siens, laissant son pouce errer dans sa paume. Ce jeu semblait l’alimenter dans un désir inconnu, dardant de curiosité et de malice délicate. La voix rauque, grave, à l’accent excentrique et pourtant accrocheur, il lui sourit un peu bêtement en formulant :



« Je n’ai pas envie de…te laisser partir. Pas tout de suite. S’il te plaît. »



Peu accoutumé à ne pas employer des formules de politesse, l’homme passa son autre main dans ses cheveux noirs pour les repousser en arrière. Il cala son verre de vin, brûlant tant de dire ses pensées et se refusant ce droit, retombant dans leur jovialité commune de passer de beaux instants ensemble:


« Sinon, j’ai passé un beau moment en ta compagnie. Je te remercie, Azilys. »


Brûlant, il retira sa main qu’il savait trop chaude pour les mortels. Le dragon déposa un dernier regard sérieux, laconique vers elle, avec une part de désir, une part de vérité, et une part de possessivité. Fiévreux, Drake s’accouda à la table, déviant son regard ruisselant de flammes étoilées du sien. La timidité, voilà ce qui le hantait.  


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Azilys Dulac
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Gênée, troublée, les joues brûlantes, la jeune femme osa à peine relever les yeux vers son compagnon quand il prononça son prénom. Il était pale, assis bien droit sur sa chaise, ses yeux où dansaient des volutes dorées posés sur elle en un regard distant et hautain. Elle se mordit un peu plus fort la lèvre, retenant les larmes qui lui montait aux yeux. Elle s'en voulait, terriblement. Ils passaient un bon moment et voilà qu'avec son audace elle avait tout gâché. Elle se demandait d'ailleurs comment elle avait osé ce geste, ces mots. Elle n'était pas le genre de femme qui se jette au cou du premier venu. Elle était plutôt du genre réservé, et même carrément trop timide avec la gent masculine.

Elle perçut un mouvement, sentit la chaleur de la main de Drake quitter la sienne et le bijou glisser de ses doigts. Il déposa sa serviette sur la table et se leva cette élégance qui le caractérisait en lui adressant un sourire carnassier, pleins de dents acérées. Elle resta figée pendant que son cœur plongeait dans ses talons. Pas à cause du sourire inquiétant, mais parce qu'elle eut l'impression qu'il allait quitter la table, marcher vers la porte et quitter le restaurant pour se dissoudre dans la brume de cette triste fin d'après-midi.

Elle resta immobile, la gorge serrée quand s'approcha d'elle, presque inquiète à présent. Du coin de l'œil, elle vit le personnel du restaurant s'agiter un peu, quelques coups de coude échangés, des regards dans leur direction. Ils suivaient le sptectacle offerts par les deux dîneurs tardifs avec une discrétion toute relative.

Azilys sentit sa respiration se bloquer quand la main de Drake glissa dans ses cheveux, les ramenant sur une épaule, dévoilant son cou et sa nuque. Elle sentit glisser la chaînette autour de son cou, et hoqueta de surprise en baissant les yeux vers le bijou qui à présent ornait sa poitrine. Non seulement, il était magnifique, mais il luisait d'un éclat surnaturel, comme si le contact de son légitime propriétaire accentuait son éclat. Elle pensait toujours que ce bijou était bien trop précieux pour elle, mais elle savait aussi qu'à présent, elle ne le quitterait plus. Pas à cause de sa beauté ou de sa valeur, mais à cause des souvenirs qui y étaient d'ors et déjà rattachés.

La caresse des doigts de Drake sur sa nuque fit exploser une envolée de papillons brûlants dans sa poitrine. Elle ferma un instant les paupières, ployant le cou comme pour prolonger un instant ce moment. Les papillons furent carbonisés, toutes les tables du restaurant secouées, quelques verres se brisèrent lorsque le jeune homme remplaça le frôlement de sa main par un baiser brûlant qui fit vaciller ses sens et sa raison.

L'espace de quelques secondes, elle regretta les regards du personnel posés sur eux. Elle avait l'impression de vivre un moment bien trop fort, trop intime pour supporter le regard d'autrui. Elle se sentit trembler un peu quand la pointe acérée des canines du dragon frôla sa peau, mais ce n'était pas de la peur. Elle offrait sa nuque à un être qui aurait pu lui briser les cervicales d'un simple claquement de dents, et elle n'avait aucune envie de s'en éloigner, au contraire, elle aurait voulu que le temps suspende son vol. Sa poitrine lui semblait prise dans un étau délicieusement douloureux, son souffle court. Cet instant était probablement le plus intense, le plus intime et le plus sensuel qu'elle n'ait jamais vécu. Derrière ses paupières closes, des images se formèrent, qui n'avait rien à voir avec son don et qu'elle laissa se développer, immobile, une main crispée sur l'étoile d'émeraude autour de son cou.

Le soulagement le disputa à la déception et la laissa presque étourdie quand il se redressa pour retourner à sa place. Elle en était sure, dut-elle devenir centenaire, le souvenir de ce moment resterait intact dans sa mémoire, et dans sa peau. Ce baiser brûlant ne pouvait pas ne pas avoir laissé une marque indélébile sur sa nuque.

Une nouvelle serveuse vint débarrasser leur table, Azilys baissa le nez sous son regard. Elle se sentait vaguement honteuse, comme si elle s'était laissé aller à avoir un comportement plus qu'indécent en public. Elle profita de ces quelques secondes pour reprendre un peu ses esprits. Elle était totalement bouleversée par ce qu'elle venait de ressentir.

La serveuse repartie, elle releva un peu le nez, observant son compagnon. Elle acquiesça à sa question silencieuse. Un verre de vin lui permettrait de s'offrir une contenance et lui permettrait de faire taire un instant l'agitation de son esprit. La main chaude du dragon revint chercher la sienne et elle la lui abandonna plus que volontiers laissant son regard errer un instant sur leurs doigts entrelacés et le pouce de Drake qui dessinait des arabesques délicate sur sa paume pendant que le sien effleurait sa main.

Il semblait avoir perdu un peu de son assurance lui aussi. La façon dont il s'éclaircit la voix pour parler, son sourire incertain et son élocution balbutiante, la main qu'il se passa dans les cheveux laissèrent penser à Azilys qu'il était tout aussi troublé qu'elle. Elle le regarda d'un œil nouveau. Derrière l'homme d'affaires et le dragon aux dents longues et acérées, elle devinait l'homme avec ses doutes, ses peurs, ses incertitudes, et même lui sembla-t-il, une certaine timidité. Elle pencha la tête et sourit en soufflant longuement, laissant l'intensité des derniers instants se dissoudre dans ce nouveau moment de douce complicité.

Sa main était devenue brûlante sans qu'elle n'en prenne vraiment conscience avant qu'il ne la retire. Elle sourit. Elle commençait à comprendre la signification de ses fluctuations de température. Le regard qu'il posa sur elle à cet instant lui fit monter un peu de rouge aux joues. Elle était habituée à surprendre sur elle des regards, mais jamais elle n'avait été la cible d'un regard aussi intense, aussi troublant. Habituellement, elle préférait ignorer ce genre de manifestation qui la gênait à l'extrême, mais pas avec lui. Même si ses regards étaient perturbants, elle aimait les sentir couler sur elle. Elle aimait l'image d'elle que ses yeux immortels lui renvoyait.

« Moi non plus, je n'ai pas envie de partir. » répondit-elle simplement « J'ai envie de rester encore un peu avec toi, mais... » Elle coula un regard vers le personnel qui s'était remis au travail, préparant ostensiblement les tables pour le service du soir, en leur lançant des regards de plus en plus impatients et agacés. « Je crois qu'on ne va pas tarder à nous demander si nous désirons dîner. » ajouta-t-elle avec un petit rire.

Elle avait envie de proposer quelque chose pour prolonger cette rencontre. Tout son être se rebiffait à l'idée qu'ils allaient bientôt sortir de ce petit restaurant et partir chacun de leur côté dans l'obscurité humide qui avait envahie la rue, redevenir des étrangers qui laisseraient le souvenir de ce qu'ils venaient de vivre s'évaporer comme les bribes d'un rêve après un réveil brutal.

Azilys avait toujours était une femme pondérée, même s'il lui arrivait parfois d'avoir un petit coté espiègle et taquin, elle n'en restait pas moins une jeune femme sérieuse et raisonnable. Sauf ce soir. Sauf avec lui. Avec lui, elle n'avait pas envie d'être raisonnable. Elle avait envie de se laisser griser par ce qu'elle ressentait, par les émotions qu'il éveillait en elle. Même si elle était consciente qu'elle risquait fort de s'y brûler les ailes, et dans ce cas précis, de brûler tout court, au sens propre du terme.

Sa main glissa sur la table pour effleurer les doigts de Drake, histoire de vérifier si sa température corporelle avait retrouvé un niveau supportable pour sa peau d'humaine, avant de la saisir à nouveau. Au petit picotement délicieusement perturbant qu'elle ressentit au bout de ses doigts quand ils se posèrent sur la main de son compagnon elle comprit que la raison n'avait plus sa place dans ce qui se passerait. Elle sut avant même que les mots ne naissent sur ses lèvres qu'elle allait commettre une folie. Et elle y plongea sans retenue.

« Je n'ai pas envie de te quitter. » souffla-t-elle, lui laissant la responsabilité de la suite des éventements.


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You're going to get what you deserve » (NIN → Head like a Hole)
Unholy, Fiery Destiny: may fire and blood lust us to War; or who knows, Truth


Au revoir. Leur déjeuner tardif touchait malheureusement à sa fin, mais les deux mutants semblaient conscients de leur choix de laisser la raison loin de leurs intuitions. Drake sentit l’âme, l’être, le parfum de sa compagne vibrer au fil de son manège sanglant d’affection, de maniérisme. Le dragon n’avait plus envie de l’abandonner, de partir et d’oublier cette rencontre : il voulait davantage, il voulait se jeter dans l’abysse de cette âme si belle, si extraordinaire dans sa totalité. La main dans la sienne, Seth l’écouta attentivement avec son regard opalescent. Lorsqu’elle fit référence au personnel qui les avait espionnés, la pensée d’aller plus loin dans l’indécence le saisit, mais il refusa de porter atteinte à l’intégrité de son invitée. Le vin s’estompa de leurs verres, et l’Anglais ne pouvait plus mentir sur ses intentions. Il se pencha légèrement vers l’avant, buvant chaque mot qui quittait les lèvres d’Azilys comme un assoiffé. Les yeux amusés, Drake reprit un sourire aiguisé de patience et de parcimonie :


« Pardonnez-moi, votre personne m’a fait oublier toute vie aux alentours. Laissez-moi vous inviter loin des regards, vous êtes un tel trésor. »



Énigmatique, son regard s’éloigna dans le vide avec cette allure taquine, orgueilleuse. Tendrement, il délaissa sa main d’une caresse vague, escaladée. Drake s’approcha du personnel avec le même numéro d’entrée, lâchant des remerciements riches et gras avant de payer leur facture en laissant un pourboire ravissant aux deus serveuses. Le déluge continuait, abaissant la température de la ville. L’eau envahissait entièrement la vitrine à leurs côtés. Revenant auprès de l’infirmière, il l’invita élégamment à le suivre en se penchant vers l’avant après avoir revêtu son veston. Sans dévoiler ses plans maléfiques, le dragon devança sa nouvelle amie pour l’incendier d’un regard moqueur – de ceux qu’ils avaient eu quelques instants auparavant. La main dans la sienne l’espace d’une seconde, ses doigts brûlants effleurèrent l’intérieur de son poignet, il l’emmena au-delà de sa propre raison.


Arrivés sous le cadre de la porte d’entrée du restaurant, Drake alla leur chercher un taxi et ouvrit la porte à Azilys. Devinant une certaine perplexité, il l’encouragea d’un regard conciliant, respectueux. Une fois montés, le dragon donna une adresse dans le quartier résidentiel de Manhattan : la sienne, sa résidence destinée à son alter ego humain. Ils échangèrent quelques formalités en chemin, dont un Drake de nouveau détrempé qui tentait de faire sourire Azilys avec un regard machiavéliquement immature pour leur clarté ancestrale et leur intelligence sacrée. Le taxi les laissa au pied d’un gratte-ciel gigantesque aux allures chics. Le dragon ouvrit une fois encore la porte à l’infirmière puis la suivit jusqu’aux ascenseurs. Une fois au dernier étage, après douze minutes et trente-quatre secondes, le jeune homme se dirigea vers une porte blanche à la poigne dorée.


Débarrée, il laissa l’Agente du SHIELD rentrer chez lui en toute allégresse sans se douter de ses allégeances professionnelles. Car le gouvernement américain effrayait le mutant: spécialement après le récit d'emprisonnement de sa cousine pourpre. L’Anglais retira son veston, ne remarquant guère son dos à l’apparence perturbante : au travers de son chandail blanc humide résidait des pansements, certes, mais également des cicatrices à l’apparence unique. Au couteau de chasse, la chair semblait avoir été tracé dans des runes cabalistiques sur le long de sa colonne vertébrale. Les symboles semblaient varier, allant du pentagramme inversé aux runes égyptiennes. C’est ainsi qu’un décor moderne, minimaliste put s’éclaircir à leurs yeux. Les murs blancs se dressaient en parallèle devant eux, accueillant des meubles luxueux sans prétention. Le salon était simple, présentant un mur entièrement vide et précédé d’un projecteur, créant une étrange salle de cinéma à demeure. Au loin, dans l’obscurité, les lumières s’allumèrent automatiquement afin de dévoiler des portes entrebâillées – probablement d’autres pièces. Retirant ses souliers à l’entrée, Seth laissa Azilys s’installer.





« Je t’invite à prendre le thé. Attention, Cerbère et Trésor rôdent! »



Décidément, le dragon possédait des habitudes hors norme : aucun Américain digne de ce nom n’aurait invité une jolie dame à une telle activité chez soi. Quadruplement sérieux dans son acte, il sortit un assortiment complet en porcelaine bleu royal pour la cérémonie du thé comme si la reine d’Angleterre venait d’arriver chez lui en embuscade. Bientôt, il remplit et souffla –oui, vraiment- sur la bouilloire pour avoir de l’eau bouillante et s’empara d’une boîte en métal massive. Prenant un présentoir à plusieurs étages, il le dressa de pâtisseries qu’il sortit minutieusement de son réfrigérateur. Lorsqu’il recevait sa cousine, c’était une stratégie pour la nourrir – donc il en achetait tous les jours- : parfois, inconsciemment, elle prenait une bouchée de gâteau. Et son orgueil criait la victoire contre l’anorexique. Une fois la table à goûter dressée devant le canapé, Drake ouvrit la boîte en métal qui était en vérité un coffret à thé.


Chacun était classé par catégorie : noir, blanc, rose, pêche, etc. Une fenêtre entière composait le mur extérieur, laissant une vue inoubliable sur la grosse pomme noyée par le déluge. En bordure du salon, un comptoir de cuisine se dressait en intermédiaire. Lorsque les vivres furent mis en lumière, un chat à la robe noire sortit des ombres dans un miaulement sourd. Il s’approcha de la dame lentement, et vint se frôler à sa jambe droite. Son collier en or émit un son vif, celui d’une clochette, alors qu’il tenta de se lancer vers la crème qui était à proximité. En danger car les produits laitiers autant que le chocolat sont toxiques pour les chats, Cerbère surgit à son tour dans un jappement rauque. Le chien courut à la poursuite du chat, ce qui obligea leur maître à se tourner vers ces derniers. Seul son regard mordoré à la pupille reptilienne suffit à les faire frémir de terreur. Les deux bêtes, complètement traumatisées par la discipline rigoureuse de leur maître, se calmèrent dans leur jeu de chasse aussitôt. Trésor, le chat de Bengale au crin noir et gris, retourna se planquer en haut d’un placard dans le corridor menant aux chambres. Alors que, son compatriote infernal, Cerbère, dont le poil blanc neige ne pouvait pas faire autrement que de briller même au cœur de cette journée ténébreuse, vint se tapir dans un coin du salon sur un coussin plat d’une couleur dorée. L’Husky regarda le dragon qui lui renvoya le même regard fantomatique. Chacun retourna à sa passion.



« Ce sont mes amis. Ils viennent et quittent à leur gré – malgré leur caractère. »



Soudainement, Drake se déplaça jusqu’à Azilys, et déposa ses mains sur ses épaules…D’un regard de serpent, aux iris d’or liquide, enflammé, et des mains ruisselantes de veines dorées, il pencha ses canines à son oreille, respirant malgré son désir de prudence et d’orgueil, sa chevelure enflammée en toute subtilité :


« Lys. »


Une interruption volontaire. Un battement de cils houleux sur ces océans miroitants d’un jaune solaire. Un mouvement d’épaules contre sa victime, contre son invitée. Ses bras l’entourèrent, finalement : sous l’ombre de la pluie, sous la cape de l’orage diurne. Enfin, son crâne se réfugia contre sa nuque sur laquelle il laissa échapper un souffle brûlant, envoûtant. Offrant la caresse de ses crocs embrassant ses chairs comme dernier souvenir.

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Azilys Dulac
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Azilys Dulac
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» appartenance: 4 - Humain sur entraîné / Mutant 1&2
» pouvoirs:

Unholy, Fiery Destiny




"Laissez-moi vous inviter loin des regards, vous êtes un tel trésor. »


La phrase flottait dans son esprit alors qu'elle le regardait s'éloigner en direction du comptoir du restaurant. Au fond de son esprit, une petite voix étouffée tentait de faire remonter dans sa conscience la totale imprudence de sa démarche. Mais sa raison pouvait bien s'époumoner, ses mises en gardes ne troublait pas plus sa conscience que ne l'auraient fait des bulles libérées par le fond sableux ne trouble la surface d'un lac.

Il n'était plus temps pour la prudence. Elle savait déjà que si elle ne prenait pas ce risque, elle le regretterait toute sa vie, que tout au long des années du reste de sa vie, cette histoire reviendrait hanter sa mémoire avec sa cohorte de « Et si. ».

Elle n'eut pas une once d'hésitation quand il l'invita à se lever avec une petite courbette désuète. Elle laissa un léger rire lui échapper en glissant sa main dans la main tendue, esquissant l'ombre d'une référence maladroite avant de se troubler à nouveau en sentant les doigts brûlants de Drake effleurer l'intérieur de son poignet. Elle profita de la nécessité de récupérer son manteau et son sac pour dégager à regret sa main de ce trop perturbant contact. Elle éprouvait le besoin de prendre la décision de le suivre en étant en pleine possession de ses moyens.

Elle savait déjà que quoi qu'il advienne une fois la porte du restaurant franchie, sa vie en serait chamboulée, et elle voulait pouvoir se dire que la décision n'avait été que la sienne, elle ne voulait pas pouvoir reporter la faute sur le trouble qu'il provoquait en elle, et encore moins sur lui.

Lorsqu'il lui ouvrit la porte du taxi qu'il avait été cherché, elle se demandait bien où d'ailleurs, il était connu qu'à New York, on voyait des taxis partout, sauf quand on en cherchait un, elle eut un petit sursaut de prudence, elle se découvrit subitement hésitante, alors que quelques secondes plutôt, elle aurait accepté de le suivre, même s'il s'était transformé en lui proposant de l'emmener par la voie des airs. L'hésitation ne survit pas bien longtemps au regard que lui lança Drake à travers ses mèches de cheveux dégoulinants d'eau. Elle prit une grande inspiration, comme pour se jeter à l'eau avant de monter dans le véhicule.

La tension retomba un peu pendant le trajet. Le chauffeur avait des oreilles dans lesquelles ni l'un ni l'autre n'étaient vraiment désireux de laisser tomber certaines informations les concernant. Ce qui n'empêcha pas Azilys de se laisser à nouveau griser par le regard humain de son compagnon. Maintenant qu'il ne cherchait plus à lui donner une image lisse et froide, elle découvrait que ses yeux clairs étaient incroyablement expressifs.

Le trajet en ascenseur jusqu'au dernier étage de l'immeuble avait été presque aussi long que le trajet en voiture, et la jeune femme n'avait pas pu se retenir au démarrage de la cabine d'attraper la manche en cuir de son compagnon et d'y planter ses ongles, avant de la lâcher en s'excusant, un peu honteuse de cette peur ridicule. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle n'était jamais très détendu dans les ascenseurs.

La porte de son appartement ouverte, il s'effaça pour la laisser y pénétrer la première. Encore une fois, elle hésita une fraction de seconde avant de poser les yeux sur son visage où flottait un léger sourire. Elle fit quelque pas dans la pièce principale, l'appartement était sublime. Lumineux, clair, meublé avec élégance, mais sans ostentation, peut être un peu froid pour une jeune femme qui aimait la couleur, mais ce n'est pas ce qui la frappa en premier. Non, la première chose qu'elle vit et qui lui coupa le souffle fut l'immense baie vitrée ouvrant sur l'obscurité des nuages. Elle laissa ses pas la conduire plus prés de cette fenêtre ouverte sur la ville qui s'étendait à ses pieds. La vue était spectaculaire, elle en eut presque le vertige.

La voix de Drake la ramena à la réalité, elle tourna la tête vers lui, hochant un sourcil interrogateur :

« Cerbère et Trésor ? »

Elle imaginait assez bien que Cerbère pouvait être un chien, quant à Trésor, tout ce qu'elle espérait était de ne pas découvrir que son compagnon donnait asile à un reptile rampant du genre bien trop gros. Aussi incompréhensible que se fut de la part d'une jeune femme qui avait suivi volontairement un dragon dans son antre, elle avait la phobie des serpents.

« Du thé ? » demanda-t-elle avec une pointe de rire dans le ton de sa voix.

Il fallait à coup sur être anglais pour avoir envie de boire du thé juste après être sorti de table. Mais elle n'avait rien contre l'idée, même si elle devait reconnaître qu'elle n'y connaissait pas grand chose en thé, en bonne New-Yorkaise, elle était plus café, noir, pas trop fort, sans lait ni sucre.

Elle réalisa qu'elle portait encore son manteau, son sac, et qu'il s'était déchaussé en entrant. Elle jeta un coup d'œil sur le sol immaculé à la recherche d'éventuelles traces qu'elle aurait pu laisser et dont elle aurait pu avoir honte, mais heureusement, les semelles lisses de ses escarpins n'avait laissé aucune souillure dans leur sillage.

Laissant Drake à ses occupations domestiques, elle se dirigea vers l'entrée où elle avait repéré un porte-manteau. Tout en ôtant son manteau et en l'accrochant à la patère, elle en profita pour l'observer. Ce qu'elle vit la toucha plus qu'elle ne l'aurait cru. Détendu, en chaussette, il déposait méticuleusement de délicates tasses d'un bleu intense et un élégant plateau de mignardises sur une table basse face à un canapé. Elle hésitait à faire comme lui en retirant ses chaussures lorsqu'elle le vit faire chauffer la théière d'une façon qui ne pouvait appartenir qu'à lui. Elle éclata de rire avant de se débarrasser de ses chaussures et de le rejoindre. Après tout, vu les secrets qu'ils partageaient déjà, la voir marcher pieds nus ne devrait pas le traumatiser.

Elle hésita un peu avant de s'installer à coté de lui sur le sofa. Elle craignait que ses vêtements humides n'y laissent des auréoles, mais Drake était bien plus trempé qu'elle et ne semblait pas s'en inquiéter outre mesure. De plus, si son manteau était en train de s'égoutter dans l'entrée, son gilet, son corsage et sa jupe eux, était à peine humides. Elle s'assit bien droite, les chevilles croisées, un peu guindée.

Pendant qu'il les servait, elle laissa son regard erreur sur son décor. Elle n'était pas vraiment habituée à ce genre d'appartement digne de ceux dont on pouvait voir les photos dans les magasines de décoration intérieure, elle s'était toujours dit qu'elle ne s'y sentirait pas à l'aise, pourtant, elle ne ressentait pas ce genre de gêne ici, enfin, elle ne s'y était pas sentit mal à l'aise jusqu'à ce qu'elle ait dans la main la délicate tasse de fine porcelaine. Elle n'était que trop consciente de ce qui pourrait arriver à ce délicieux service, probablement très précieux, si quelque chose devait la faire sursauter.

Le tintement cristallin du service lui fit serrer les paupières et se mordre les joues dans l'attente d'un bruit de porcelaine brisée, qui heureusement ne vint pas, quand quelque chose de chaud et d'incroyablement doux se glissa sous ses mollets. La première frayeur passée, elle rit en découvrant l'intrus qui semblait trouver ses mollets très à son goûts, passant et repassant derrière ses jambes, y frottant son corps élastique et chaud en ronronnant.

Elle posa la tasse sur la table et se baissa pour laisser le bout de ses doigts frôler le dos du petit félin noir. Quand il leva la tête vers elle, dévoilant deux yeux d'ambres lumineux au milieu d'une face noire et brillante comme de l'obsidienne, elle sourit.

« Trésor, je présume ? »
demanda-t-elle au chat en lui grattouillant le menton.

Un nouveau sursaut secoua la jeune femme, qui heureusement épargna la vaisselle, visiblement moins émotive qu'elle, quand un aboiement se fit entendre accompagné de cliquetis de griffes heurtant le sol annonçant l'arrivée de Cerbère. Il semblait déterminé à détourner l'attention du chat de l'objet de sa convoitise. S'en suivi un course-poursuite autour de la table et dans le reste du salon. Une expression joyeuse éclaira le visage d'Azilys, fit pétiller son regard alors que son rire espiègle se mêlait aux aboiements du chien.

Femme et bête se figèrent lorsque Drake lâcha sur eux un regard inhumain des plus sévères. Les animaux prirent la fuite, le chat en direction du couloir où il sauta en haut d'un placard pour se dissimuler dans l'ombre où il sembla se dissoudre dés qu'il ferma ses yeux lumineux, le chien se coula vers un coussin doré, qui lui était visiblement destinée dans un coin du salon, en jetant à son maître un regard vexé.

Azilys, elle n'osait même plus respirer. Dans le regard que Drake avait jeté sur ses compagnons à poils, elle avait vu briller la violence dont il pouvait être capable, elle avait eu un aperçut de sa dangerosité. Elle commença à se dire que cette rencontre, et son inconscience à avoir suivi Drake chez lui, risquait d'être très mauvais pour son espérance de vie. Mais, encore une fois, l'orage fut violent, mais de courte durée. À peine le calme revenu, il lui parlait de ses compagnons avec une tendresse non feinte, et elle se trouva émue de la complicité qu'elle devina entre l'homme et les bêtes. D'ailleurs, un coup d'œil sur le Husky aux yeux pales lui fit comprendre que s'il craignait les regards de son maître, il n'en était pas pour autant traumatisé. Cerbère, élégamment installé sur son coussin, pattes tendues devant lui observait les humains avec un mélange de curiosité et de dédain.

L'assaut de Drake la surprit, elle eut un léger mouvement de recul lorsque ses mains possessives capturèrent ses épaules et que son regard reptilien plongea dans le sien avant que ses lèvres et ses dents frôlent son oreille. L'inquiétude ne dura qu'une fraction de seconde avant de se dissoudre totalement dans la douceur de sa voix murmurant son diminutif au creux de son oreille. Une douce chaleur l'envahit, mais elle savait que cette fois, le dragon n'en était pas responsable, la source de cette délicieuse brûlure se situait quelque part dans sa poitrine, elle semblait pulser au rythme de son cœur, et chacune des ondes qu'elle provoquait était plus intense que la précédente. Elle ferma les yeux tournant légèrement la tête pour venir poser sa tempe contre le front du jeune homme avec un léger soupir.

Elle avait 15 ans et son cœur battait pour la première fois. Il battait trop vite et tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait sauter hors de sa poitrine. Elle tremblait, elle avait les mains glacées alors que son ventre semblait brûler de l'intérieur et qu'une éclosion de papillons lui chatouillait l'estomac. Son esprit vacillait sous l'effet de l'intensité des émotions qu'elle ressentait. Elle avait envie de rire et de pleurer en même temps. Un coup de foudre. De toutes les choses incroyables qu'elle avait vécus ses dernières années, le genre de chose qu'on ne voyait que dans les films, c'était bien la seule chose qui manquait dans le décor.

Continuant sur sa lancée, après une très légère hésitation, les bras de Drake s'enroulèrent autour d'elle, son souffle brûlant caressa sa nuque, réitérant le baiser mordant qu'il avait osé au restaurant. Un délicieux vertige l'envahit, l'impression de s'être transformée en bulle de savon légère et fragile que seuls les bras autour d'elle empêchait d'éclater. Elle soupira profondément et se coula contre lui en fermant les yeux.

Les digues de sa réserve et de sa timidité cédèrent. A son tour s'abandonna à le prendre dans ses bras, une main venant se poser sur sa nuque, ses doigts s'emmêlant dans ses cheveux encore humides, pendant que l'autre parcourait son dos, glissant le long de sa colonne vertébrale devinant la chaleur de sa peau à travers le fin tissu de son pull.

Son nez et ses lèvres trouvèrent naturellement ce point délicat à la base de son oreille, là où la peau était fine et si délicieusement sensible. Elle s'autorisa à y poser ses lèvres, s'enivrant de son odeur si particulière. Elle devinait l'odeur du tabac dont il lui avait dit faire grande consommation, celle du cuir humide de sa veste, un parfum plus musqué, probablement une eau de toilette ou un parfum, et très léger, un effluve lourd et métallique comme celle d'un métal en fusion. Elle savait qu'à partir de ce jour, elle ne pourrait plus jamais l'oublier. Seules ou combinées, ses odeurs réveilleraient immanquablement le souvenir de cette rencontre.

Elle se laissait aller de plus en plus, ses pieds frôlèrent l'ourlet trempé du pantalon de Drakes, avant de glisser sur ses chaussettes, trempées et froides elle aussi. Elle frissonna, et releva la tête avec un petit rire espiègle.

« Tu as les pieds glacés, tu vas... » sa moquerie mourut sur ses lèvres lorsque Cerbère, pas très rassuré, mais stoïque, traversa son champ de vision, voguant à 50 cm au-dessus du sol, comme allongé sur un nuage dorée.

Elle prit une grande inspiration inquiète, crispant sa main sur l'épaule de Drake, s'efforçant d'obliger le coussin à se poser en douceur. Elle fut presque surprise d'y arriver avec une facilité qu'elle n'avait pas connu jusque-là. Le cœur battant à tout rompre, mais pour une tout autre raison cette fois, elle poussa un profond soupir de soulagement avant de laisser son front se poser contre la poitrine de Drake.

« Je suis désolée » murmura-t-elle, mortifiée, le nez courageusement enfoui dans le lainage blanc, peu pressée de surprendre sur elle le regard courroucé du dragon.


Codage par Joh.A pour TheAvengersRPG.com
Seth Drake
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Possessif : c’était le meilleur qualificatif d’une bête meurtrière et mégalomaniaque devant un trésor qui avait éveillé sa convoitise. Abandonné aux soins d’Azilys, l’âme du démon refusa de s’éloigner, de la quitter une fois encore. Il voulait sa proie, sa victime, son trésor. Le regard dans le sien, il manquait de frémir rien qu’à s’enivrer du parfum de son âme. Il la sentit reculer, mais le dragon n’accepta guère sa résistance. Drake la retenait prisonnière avec ses mains, montrant un visage plus défiant qu’à l’habitude : les actes de son invitée laissait émaner une prudence essentielle, un point de vue plus posé qu’à leurs premières approches. Seth ôta enfin ses mains, mais reçut sa réciprocité dans une surprise bouleversante.


À son tour, il se figea, s’immobilisa, avant de se lover sur elle – dans elle. Elle se débattait de l’intérieur, jusqu’à son cœur, elle aussi. Drake appuya davantage son front contre sa tempe, ressentant la lasciveté de sa silhouette se mêlant à la sienne. Prudemment, ses bras se dressèrent autour d’elle telles des ailes. Ses mains se posèrent sur le milieu de son dos, caressant ses côtes doucement dans un geste craintif. Chacun fut affectueux, ressentant les effluves de leur chair ensorcelant l’un autant que l’autre. Lorsqu’Azilys lui rendit le même sort, Drake en perdit les pédales : son regard devint furieux, incendiaire, animal.


La température augmenta drastiquement, alors qu’il sentait les mains de sa compagne sur sa personne. L’une relativisait le récit de ses cicatrices sur sa colonne vertébrale, la seconde osant le décoiffer : ce qui provoqua un gémissement étouffé du monstre mythique qui en pencha sa tête légèrement sur le côté, resserrant son emprise contre elle. L’attaque à son oreille fut son assassinat sur-le-champ : il dut retenir toute son âme afin de ne pas laisser ses écailles recouvrir son épiderme. Elle parla de froid et de leurs pieds, fut interrompue par un problème incongru. Reprenant le dessus sur son instinct animal, les yeux reptiliens du monstre regardèrent leur proie qui était désormais perturbée. Se retournant, il vit Cerbère léviter derrière eux, avançant calmement sur son coussin volant et redescendre selon la volonté de Lys.


Aussitôt, Drake reçut ses excuses et retrouva sa tête nichée contre lui. Étonné, et particulièrement amusé, l’homme-dragon remonta l’une de ses mains pour caresser ses boucles rousses, même les embrasser. Doucement, il posa sa main sur son menton afin de remonter son visage près du sien sans le toucher, seulement à la taquiner du bout de sa chair contre la sienne malgré leurs corps entrelacés. La curiosité, et particulièrement une nature farceuse, brillait dans ses iris étoilés. Ses traits neutres, quant à eux, ne le trahissait pas. Ils semblaient taillés au couteau. Leurs nez se frôlèrent, se caressèrent l’espace d’une seconde, avant que sa voix grave, sereine ne se prononcent :



« Non. » Il secoua la tête doucement dans un signe de négation, laissant toujours la pointe de ses doigts se perdre sur sa gorge, l’effleurer dans un geste énigmatique. « Ne t’excuse pas. Je t’en prie. » Un murmure de ses lèvres aux siennes, Drake continua de promener son regard dans le sien, dans ses traits, caressant sa tempe du revers de la main. « Tu peux tout briser. Même moi. Mais, ne t’excuse pas. » Le regard caché, le minois enterré sur son cœur pompant des litres d’or liquide, Drake ne put qu’être alarmé par la scène et chercher à tout prix à la réconforter. À peine formulés, ses mots se noyèrent dans son souffle brûlant qui atterrit sur la bouche de son interlocutrice. Détaché, mystérieux, un sourire faible parsema les commissures de ses lèvres. Au cœur d’un silence rempli de querelles intérieures, le dragon s’abandonna à son tour à sa nature bestiale. La chaleur qui émanait du démon était si intense que leurs vêtements étaient presque secs, à tous les deux. Même l’humidité des vêtements de sa compagne semblait s’être volatilisée, ses boucles devenant sèches sous le toucher de ses paumes cherchant à caresser sa chair délicatement. Au sein d’un mouvement naturel, impulsif, il s’approcha, ses lèvres affrontèrent les siennes autant avec orgueil que par cruauté. Longtemps, il resta dans cette posture à lui donner toute son âme à son tour, tout le discours de son silence au travers de leurs derniers moments ensemble. Aussi tendrement, Drake se retira, ouvrant désormais des yeux d’un azur glacial sur la personne devant lui.


« Je suis désolé. » dit-il avec un sourire en coin des plus charmeurs. La gêne semblait le toucher, l’atteindre profondément. Puis celle-ci se dissipa aussitôt dans un océan de troubles : certains raisonnés, certains sauvages. L’arc de son nez effleura celui d’Azilys, alors qu’il recula d’un pas pour lui offrir de l’espace, ou bien l’opportunité de s’enfuir. Cette pensée le percuta soudainement quant à la réalité de leur situation : il avait invité une jeune femme inconsciemment chez lui, après lui avoir confirmé ses prémonitions – son identité en tant que dragon. Bien qu’elle l’ait suivi tranquillement, en ayant laissé des lueurs d’inquiétude pondre dans son regard, Azilys n’avait pas hésité à le suivre pour profiter d’un moment qui existait en dehors du temps et de la réalité. Le dragon l’observa, fut tenté de revenir vers elle mas usa de son orgueil obstiné afin de lui laisser gérer ses émotions. Certes il ne réussit pas à détacher ses mains d’elle, oubliant les assortiments de thé et tout ce qui avait pu lui traverser l’esprit auparavant. Méticuleux, le dragon continua intensivement à confronter Lys de son regard doré – osant parfois s’approcher avant de se retirer de son visage. Au final, de nouveau sous l’emprise du dragon, Seth embrassa sa joue droite malgré sa timidité : laissant ses doigts effleurer son autre tempe.


Contrairement à sa première approche, Drake s’imposa une attitude réfractaire : il refusait de mener la danse. Car il apercevait au fond de son âme une infime fibre qui lui rappelait le regard des mortels à son égard. Toutefois, il outrepassa son impression, sa méfiance toute draconienne et revint murmurer à son oreille :




« Je crois que nous sommes au sec. »



Et, pour la fragiliser davantage, son pied frôla le sien en toute connaissance de cause. Maladroitement, il rentra dedans Lys et s’empourpra – ne pouvant restreindre plus longtemps la nature bestiale, empirique de son démon. La lutte se voyait dans son regard, entre cette ombre fantomatique et l’or qui se déversait en flots mouvants. De si près, même, ils semblaient être habités d’une infinité d’âmes : de réincarnations multiples offrant un savoir immense à la bête écaillée. Dardant son regard trop intense dans le sien, Drake fit mine de se pencher pour se fondre sur elle une fois de plus. Or, il poussa Azilys sur le canapé pour l’asseoir – et trouva le moyen de retomber sur le tapis dans un éclat de rire étouffé par l’impact dorsal au sol. Écarlate, il ne put s’empêcher de rire en regardant la mine de son invitée devant ses derniers gestes. Seth adorait jouer des tours, et sa comparse possédait un humour ravissant. Attrapant les pieds glacés de Lys, il leur adressa des baisers chauds à l’extérieur – quitte à se choper une rouée de coups ou des tasses en porcelaine par la tête.


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Le chaud et le froid.

Entre les griffes de Drake, c'est ce qu'Azilys vivait. Des montagnes russes émotionnelles vertigineuses tout à la fois perturbantes et grisantes.

Après les instants brûlants qu'ils venaient de partager, le « Non » péremptoire et définitif qu'il prononça en réponse à ses excuses claqua dans l'esprit de la jeune femme comme une gifle. Son cœur lui sembla éclater douloureusement dans sa poitrine, comme s'il venait d'être transpercé par un projectile de glace. Même si le langage corporel de son compagnon resté tendre et ses yeux brillants d'une lueur moqueuse laissait entendre qu'il s'amusait à ses dépens, elle n'avait entendu que le mot. « Non ». Il refusait de l'excuser pour ce qui venait de se passer.

Heureusement, il n'eut pas la cruauté de prolonger le jeu trop longtemps, à moins qu'il n'ai même pas pensé à jouer et que ce ne soit que son interprétation à elle qui avait provoqué dans son cœur cette atroce douleur.

L'impact des mots suivant n'en fut que plus fort. Ses gestes tendres, la main caressant ses cheveux comme pour la consoler la firent à nouveau fondre comme neige au soleil. Elle soupira lentement et doucement sentant son corps se détendre à nouveau, se couler dans la chaleur qui émanait de lui. Malgré la nuit et la pluie qui noyait la ville en dehors, elle avait l'impression qu'un chaud soleil d'été réchauffait sa peau. Sous son oreille, elle entendait les battements de son cœur de dragon et ressentit une toute nouvelle responsabilité.

La main de Drake glissait dans ses cheveux, sur sa gorge en une caresse troublante, affolante. Rassurée sur ses intentions, elle releva les yeux pour affronter son regard d'or en fusion. Elle écarquilla les yeux, surprise par l'impétuosité de son geste quand ses lèvres se posèrent sur les siennes, non pas en un vrai baiser, mais juste en un frôlement délicieusement frustrant. Il prolongea l'instant, torturant l'âme de la jeune femme qui en aurait voulu plus, mais n'osait pas encore l'imposer.

Azilys gémis intérieurement quand au lieu d'approfondir le baiser, elle sentit le nez de Drake caresser les siens en relevant la tête. Face à elle, les yeux de banquise avait remplacés le regard d'or incandescent. Le chaud et le froid.

Ses mots la firent rire.

« N'est-ce pas toi qui viens à l'instant de me dire de ne jamais m'excuser ? » demanda-t-elle d'un ton moqueur.

A nouveau son attitude se faisait distante, il s'éloignait d'elle, comme pour lui laisser une dernière chance de se dégager de cette situation tout en la retenant du bout des doigts. Puis, à nouveau le chaud, il se rapprocha posant un baiser presque timide sur sa joue en glissant ses doigts sur sa tempe.

Le pied de Drake vint frôler le sien, son corps la heurta. L'homme rosit, mais les yeux du dragon restaient brûlants et reprenaient leur droit dans les yeux de Drake. Le spectacle était tout à la fois fascinant et inquiétant. Elle avait l'impression de pouvoir voir la lutte acharnée de ses âmes. L'homme délicat et raffiné le disputait au dragon impulsif et exigeant. Elle poussa un petit cri quand drake fit mine de se pencher vers elle pour l'embrasser, espéra-t-elle un instant, avant de la pousser sur le canapé. Elle s'attendit un instant à sentir son corps se presser contre le sien, mais, qu'il ait raté son coup ou qu'il l'ai fait exprès, il préféra faire un câlin au tapis, allongé sur le dos à ses pieds.

Elle ne put retenir le fou rire qui l'envahit ni l'envie de le taquiner un peu. Est-ce qu'un dragon est chatouilleux ? C'était l'occasion ou jamais de le découvrir. Du bout de ses orteils, elle vint agacer ses cotes.

Il riposta en la saisissant par la cheville. Elle se débattit un peu, tentant de se dégager, frissonnant déjà à l'idée de ce que ses doigts pourraient provoquer comme torture sous leur plante trop sensible. Elle se débattit encore plus quand il l'embrassa.

Ce ne fut pas à cause de la chaleur, plutôt agréable au demeurant, ni à cause des chatouilles qu'elle aurait pu ressentir. Non, ce qui la poussa à se débattre pour libérer son pied de l'étreinte de Drake fut un sentiment très désagréable, même si elle n'arrivait pas vraiment à le nommer. Le voir lui embrasser le pied la choquait, elle ressentait ça comme de la soumission. Elle détestait la soumission, que ce soit la sienne ou celle des autres.

Au mépris de toute politesse et de toute pudeur vu sa tenue, elle leva les genoux et posa ses talons sur le canapé pour soustraire ses pieds aux attentions de son ami.

« Relèves-toi ! » Exigea-t-elle d'une voix blanche « Relèves-toi, s'il-te-plait » insista-t-elle d'un ton suppliant.

Elle s'exhorta au calme.

« Je... Je ne veux pas te voir ainsi, à mes pieds. Je... Tout, comme je refuserai de me prosterner devant toi, je... » tenta-t-elle d'expliquer d'une voix plus douce avant de renoncer en secouant doucement la tête.

Elle ne trouvait pas ses mots, elle n'arrivait pas à expliquer avec des mots se sentiment qu'elle ressentait pourtant avec violence. Elle ne savait même pas elle même pourquoi le jeu de Drake avait provoqué une réaction aussi violente dans son coeur. Mais elle savait ce qu'elle voulait : qu'il vienne la rejoindre sur le canapé, pouvoir se blottir contre lui et laisser sa chaleur enveloppante chasser les ombres de son esprit.

« S'il te plaît... Viens. » demanda-t-elle en lui tendant les bras.


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Seth Drake
Seth Drake
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Lorsqu’elle fut repoussée sur le canapé blanc, ses pieds heurtèrent ses côtes endolories, recouvertes de pansements blancs et épais au travers de son chandail fin. L’Anglais n’était pas d’une nature assez sensible pour ressentir le chatouillis : ses écailles apparaissaient automatiquement, et ses sens tactiles étaient presque toujours trompés devant les menaces. Échappant un gémissement lourd qui gronda de sa cage thoracique aux quatre murs de l’appartement, lorsqu’il osa prendre son pied en revanche, il vit le désastre émotionnel qui se pointait dans ses jolis yeux.


La scène suivante lui offrit une vue inoubliable et fort indécente sous la jupe d’Azilys, mais il tenta de détourner les yeux le plus vite possible pour ne pas blesser son honneur. Drake posa ses yeux mordorés dans les siens, alors qu’elle réagissait mal, très mal à ses farces. Le dragon la regarda passer du rire à l’inconfort, si ce n’est au malaise le plus complet. La beauté de ses traits en cet instant le marqua à tout jamais : il savait qu’elle serait son fantôme à partir de ce jour sombre, ténébreux. Il devinait que son cœur ne pourrait jamais effacer les derniers mots qu’elle venait de prononcer, son opinion raisonnée de gestes qu’elle trouvait déplacé. Trésor avait pu se frotter à ses mollets, lécher ses pieds, mais lui n’avait pas le droit. L’homme qui se cachait derrière la cape de la bête mythologique comprit son raisonnement, et en perdit tout humour, toute expression faciale dès la première seconde.


Encore étendu au sol, Drake commença à se redresser lentement, le visage protégé d’une indifférence maléfique. Il semblait perdu dans un autre temps, ramené à un événement si glauque qu’aucun n’aurait pu l’expliquer. Il déglutit, écouta sagement son amie avant de déposer sa main sur la sienne dans un mutisme des plus troublants. Au sommet de ses allures glaciales, mystiques, le dragon lâcha son invitée et alla percher sa main sous le canapé pour en sortir une boule de poil noire aux yeux dorés d’un mouvement de bras.



« Trésor, arrête de me faire des jambettes. »
Le chat miaula longuement, et son poil se hérissa légèrement. « Non, tu ne marchanderas pas des récompenses comme ça. » Une seconde fois, le félin miaula et tenta de grimper sur les jambes d’Azilys pour lécher ses pieds. « Ne touche plus ses pieds, Lys n’aime pas ça. Du moins, je crois. » Le chat tenta de poser sa patte sur la tempe de Seth, mais ce dernier le prit pour le déposer sur le côté.


Enjoué, la bête retourna se vautrer dans les ténèbres du placard à manger. Toujours hésitant, le dragon regarda les bras tendus de la mutante. Finalement, il se redressa sur ses genoux puis se leva debout. Prenant la main de son invitée avec élégance, il lui adressa un regard de nouveau mitigé entre l’or et l’absence lunaire. Seth se posa aux côtés de Lys, l’entourant de son bras droit et prenant sa main de l’autre afin d’en caresser la paume doucereusement. Sans mentionner son malaise précédent, il fut hypnotisé par son expression faciale : bien malgré ses défenses, il se laissa emporter dans un désir plus fort qu’auparavant, d’une telle puissance qu’il pensait éclater d’or et d’os à l’instant même. Il osa caresser sa nuque puis ses boucles, ne pouvant toujours pas lui adresser un seul mot pour régler leur conflit. Paisiblement, il incita d’une main lâche à la tête de sa compagne à se poser contre son épaule. Ainsi, elle ne pouvait pas voir le regard brisé, anéanti du dragon. La souffrance arpentait ses traits, et son regard de feu et de cendres ne pouvait qu’en être alimenté davantage. Ses lèvres se perchèrent à son oreille, et se prononcèrent enfin, d’une voix qui se voulait apathique, insensible qui ne put retenir un voile de tristesse :



« Je suis désolé. Je ne te demanderai jamais une telle chose. Jamais. Avertis-moi quand je fais quelque chose qui te déplaît. » Le souffle brûlant de la bête se perdit contre elle, alors que ses lèvres murmuraient désormais avec une tendresse qui ne lui pas encore présente jusqu’ici : « J’agis souvent…presque tout le temps…comme un Dragon. Comme un Monstre. » Comment osait-il penser que les mortels pouvaient l’accepter? Personne ne comprendrait jamais. Personne. Comment pouvait-il nourrir l’espoir d’être totalement honnête et affectueux avec elle, avec cette Fleur de Lys à l’ombre plus chatoyante que l’or lui-même? Une larme coula sur son chandail, y laissant une coulisse dorée qui devint solide avant de tomber sur le côté comme une bille. Seth l’essuya honteusement du revers de la main, cherchant à éviter de rencontrer le fabuleux regard de son nouveau trésor.


Sans un mot supplémentaire, il caressa sa chevelure de nouveau et huma son âme entière longuement sans parvenir à retrouver sa bonne volonté pour interrompre son acte rempli d’une affection des plus félines. Puis Seth prononça son prénom à voix basse, celui d’Azilys. Il le dit simplement, sans arrière-pensée, complètement ensorcelé et possédé par l’être à ses côtés au cœur d’une violence impétueuse qui avait volé et fracassé la forteresse intime de ses émotions les plus enfouies. Déplaçant son visage vers le sien, il en vint à prononcer son diminutif à deux ou trois reprises. Avant de laisser ses lèvres frôler ses tempes, sa main droite vint prendre sa nuque, laissant quelques écailles percer à jour l’inquiétude qui rongeait toujours son être entier depuis les dernières minutes. C’est alors qu’


il l’embrassa doucement, passionnément, amoureusement, intensément, immortellement.



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Azilys Dulac
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Un ange glacé passa dans la pièce, conséquence de sa réaction disproportionnée et déplacé à la taquinerie de Drake. Elle vit les yeux d'ors s'éteindre, le visage auparavant rieur se figer dans une expression glaciale. Mais elle sut qu'il ne lui en voulait pas quand il glissa sa main dans la sienne.

Trésor leur offrit un instant plus léger dans ce moment de gêne. Sans qu'elle s'en rende compte, le félin s'était rapprochée pour observer le jeu des deux bipèdes. Les yeux du Dragon n'avaient pas manqué de le remarquer sous le canapé.

Les pitreries de Drake et de son sombre compagnon arrachèrent un pâle sourire à la jeune femme, toujours recroquevillée sur l'assise du canapé. Elle comprit que Drake avait été blessé par sa réaction. Elle éprouva le besoin d'une petite précision quand le dragon houspilla le chat, lui interdisant de toucher les pieds de la jeune femme.

« Ce n'est pas que je n'aime pas qu'on touche à mes pieds, c'est juste que je n'ai pas aimé te voir dans cette position. »

Voyant que son maitre n'était pas d'humeur joueuse, le chat reparti vers les hauteurs d'un meuble, et Drake, après une hésitation qui sembla durer des heures, fini par accéder à la demande de la jeune femme, se relevant pour venir s'installer à coté d'elle, quelques reflets d'or réchauffant ses pupilles même si son silence mutique lui déchirait le cœur.

Le bras qu'il passa autour de ses épaules lui offrit une sensation de sécurité et de paix, sa tension retomba. Toujours sans un mot, il laissa sa main glisser sur sa nuque et ses cheveux, l'invitant à se blottir contre lui. Elle ne se fit pas prier. Elle referma ses doigts sur les siens et se déplaça sur le canapé, se déhanchant un peu, les jambes pliées sur le côté, pour se blottir tout contre lui. Elle sa tête au creux de son épaule, et laissa sa main sur le flanc qu'elle avait blessé involontairement un peu plus tôt.

Dans la position où elle était, elle ne pouvait pas voir l'expression de son visage, mais la tristesse qu'elle devina dans sa voix, lui brisa le cœur. Quand il se traita de monstre, elle se redressa surprenant la larme qui s'échappait de ses yeux. Il détourna la tête, évitant volontairement le regard de sa compagne.

« Je t'interdis de dire ça. À mes yeux, tu n'es pas et tu ne seras jamais un monstre ! » déclara-t-elle d'une voix douce mais déterminée.

Elle posa sa main sur sa joue pour l'obliger à la regarder, essuyant du pouce les quelques particules d'or qui brillaient encore sur son visage.

« Et oui, si tu fais quelque chose qui me déplaît ou qui me met mal à l'aise, je n'hésiterai pas plus à te le dire que ce que je pourrais hésiter avec quelqu'un d'autre. Et tu en feras de même. Crois-tu que les humains normaux ne sont pas maladroits parfois ? »

Elle posa son front contre son épaule, retenant les mots qui avait faillit lui échapper, mais qu'elle se refusait à prononcer déjà. Refusant de nommer ce sentiment qui déjà embrasait son cœur et son corps avec une violence qu'elle ne se rappelait pas avoir déjà ressentit. Elle frissonna un peu de ses doigts caressant ses boucles de cuivre, et de son nom murmuré qui glissait sur elle comme une caresse. Elle aimait la façon dont son prénom raisonnait dans sa bouche, la délicatesse avec laquelle il cueillait son diminutif. Elle ferma les yeux lorsque ses lèvres brûlantes effleurèrent sa tempe.

Une larme glissa sur sa joue lorsqu'il l'embrassa enfin. Un baiser d'une intensité rare, passionnée et doux. Elle sut que ce qu'elle ressentait était réciproque. Elle s'autorisa à le lui rendre avec une égale passion. Elle enroula un de ses bras autour de son épaule, sa main retrouvant le chemin de sa nuque douce et de ses cheveux soyeux. Elle l'y posa, pressant un peu comme si elle craignait qu'il ne se sauve, pendant que son autre bras s'enroulait autour de sa taille pour se serrer étroitement contre lui.

Un vertige la prit, le souffle lui manqua un instant. Elle étouffait de ces mots retenus. Elle recula un peu, posa ses deux mains à plat sur les joues lisses et douces de Drake et planta son regard brûlant dans ses yeux.

« Je t'aime, Drake. » murmura-t-elle sur ses lèvres.

Elle n'aurait jamais cru un jour dire ces mots à un homme rencontré depuis à peine quelques heures, mais qu'elle le veuille ou non, même si ça bousculait sa nature prudente et réfléchie, les choses étaient ainsi. Il ne lui avait fallu que quelques heures pour tomber éperdument amoureuse de cet être.

Les mots à peine prononcés, elle vint réclamer ses lèvres, s'abandonnant totalement à cette passion.

Ses bras s'enroulèrent à nouveau étroitement autour de lui. Le souffle court, l'âme et le cœur en feu, elle se fit plus audacieuse, allant jusqu'à laisser le bout de ses doigts glisser sous le bas de son pull pour caresser sa peau, effleurer son flanc, explorer les étranges runes dans son dos avant se lover au creux de ses reins.


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Seth Drake
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Lys, elle vivait en lui maintenant. Il était trop tard pour reculer, pour se lancer dans une fuite sans précédent. Le dragon tomba dans leur étreinte comme un suicidaire se jette en bas du pont : son cœur ne cessa d’abattre les plaquettes d’or de son sang, plongeant une chaleur intense entre les deux. Il se concentrait sur sa compagne, sur sa nouvelle amie à la beauté d’âme des plus rares. Humant son parfum plus exquis que les plantes exotiques, et les potions des alchimistes, son aura plus lumineuse que la lumière du Lightforce, étreignant sa silhouette avec une force douce, mais possessive, il ne pouvait pas chasser la pensée de l’emprisonner pour l’éternité de leur petite existence.


De plus, les dragons n’avaient pas la facilité de caractère : leurs relations complexes les détachaient du reste des autres espèces. De plus, cette sous-espèce dans les rangs démoniaques prônait le chaos et la destruction du monde des mortels : tomber sous le charme d’une femelle ne faisait pas partie de leurs priorités. Drake écouta Lys en ne pouvant trouver de réponse à ses mots. Comment lui avouer qu’il était bouleversé? De sa tolérance à son égard? De la connaissance de son passé maudit, du suicide de sa femme enceinte, de sa nature moqueuse et farceuse. Lorsqu’elle essuya son visage, il eut un geste de refus cette fois-ci – se refermant plus qu’à l’habitude.


Certes la folie de leur moment continuait de les consumer mutuellement : ils s’enlacèrent longtemps, s’embrassèrent même au travers du temps, au point de faire perdre la notion de l’heure au dragon calculateur et magnanime. Interrompu par sa flamme, Drake darda des yeux énigmatiques dans les siens : autant d’or que de fantômes opalescents y résidaient. À la réception de ces mots virulents, incendiaires, il crut se figer autant de surprise que de terreur. Non, il n’avait jamais reçu ces mots avec autant d’honnêteté. En vérité, il n’avait jamais reçu ces mots de la part de qui que ce soit. La secte de son enfance était froide et distante, les familles adoptives peu conciliantes. Et son premier amour n’avait été que saccadé, aucun temps pour les familiarités selon sa défunte flamme. Pourrait-elle comprendre l’absence de raison, de l’existence même de ces mots dans les yeux du monstre? Pourtant, il n’eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit que son idylle l’embrassait à son tour d’une élégance classique. L’Anglais tomba en elle comme un damné dans la bouche de l’enfer : il commença lui rendre ses caresses autant en douceur qu’en intensité.


Puis les mains de Lys le taquinèrent, vinrent chercher sa chair. Devenant empourpré, très légèrement, il osa à son tour prolonger leur étreinte, leurs échanges langoureux. Lorsqu’il sentit ses cicatrices profondes, taillées au couteau par le prêtre de la secte, Drake frissonna et grogna doucement du fond de sa trachée – une véritable onde draconienne. Bestial, son regard d’or se plongea sur sa nuque – la dévora de douceurs tactiles, ne pouvant retenir ses crocs de l’effleurer comme si elle était sa prochaine victime. Violent, au cœur de son affection, il posa une main chaude sur ses cuisses, effleurant l’ourlet de sa jupe et remontant jusqu’à sa taille.


Brûlant, Seth retira son chandail à manches courtes et le laissa tomber sur le côté. Figé, une seconde fois, il déposa un énième baiser sur les commissures de ses lèvres qui le rendaient fou, drogué de sensations épouvantablement satisfaisantes et frustrantes. Un pansement immense recouvrait son flanc gauche, pansé au niveau de sa taille. Un second arpentait son épaule droite et un dernier se trouvait sur son avant-bras toujours solide. Quant au reste, une physiologie masculine normale : une masse musculaire ordinaire, une chair pâle, parfois des reflets dorés qui arpentaient son épiderme comme des lueurs enchanteresses, et ses horribles runes le long de sa colonne vertébrale. Seth répéta le prénom de Lys à ses oreilles, le formulant avec son accent démesuré, accrocheur. Il embrassa le lobe de son oreille droite, avant de la faire chavirer doucement sous le poids de son corps. Étrangement fort sans le paraître, le dragon usa de toute la délicatesse du monde pour tirer les jambes de sa compagne sous lui.


Soudainement, le regard en deux phases du monstre laissa ses lèvres la quitter, et formuler une sorte de cillement sourd, profond, énormément émotif : était-ce une réponse à ses paroles précédentes? Le geste continua, laissant les ondes s’échapper de son for intérieur bien malgré lui. Il se lova contre sa poitrine, épiant les battements de son cœur et y déposant son front des plus fiévreux. Drake perdit sa transe étrange, revenant vers le visage de sa compagne : descendant de plus en plus ses moult attentions, jouant de chair et de tortures lentes, il vint caresser ses boucles de feu d’une main, appuyé sur son avant-bras droit, soufflant sur sa gorge une chaleur étouffante. De son autre main, il valsa sur ses formes doucereusement, remontant au final sur l’intérieur de ses cuisses. D’un regard passionné, il attendit sa réaction avant de poursuivre – la terreur toujours au ventre de la terroriser avec son être démoniaque.



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Azilys Dulac
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"Et monter lentement dans un immense amour"

Les arabesques de chair glissaient sous ses doigts, elle se demanda un instant d'où venaient ses marques, qui les lui avait gravées sur la peau, mais elle se douta que ce n'était pas une vision qu'elle voudrait avoir. Elle devinait une histoire de douleur et de sang. Elle le sentit frissonner sous ses doigts, et le grondement qui roula dans sa gorge raisonna presque douloureusement jusque dans la poitrine de la jeune femme.

La sensation de ses dents griffant légèrement sa nuque lui fit crisper les doigts dans le dos de Drake, elle sentait la marque du dragon dans ce baiser aux crocs apparents, elle devina son appétit, se demandant un instant combien de nuques il avait ainsi embrassées, combien il en avait mordues. Pourtant, elle ne sentait pas en danger, c'était même plutôt l'inverse. Entre ses bras, sa nuque offerte à ses crocs, elle sentait étrangement en sécurité.

Leurs échanges tactiles montaient lentement en intensité. Elle, glissant ses doigts sous son pull, avide de sa peau. Lui osant explorer les courbes de sa cuisse, de sa hanche, de sa taille, d'une main si chaude qu'elle en sentait la brûlure à travers le tissu de sa jupe.

Le premier morceau de tissu tomba. Le chandail blanc de Drake fut la première victime de cette voluptueuse bataille, dévoilant un torse à la peau pâle où semblait danser des reflets dorés. Azilys les suivit un instant du bout des doigts, jusqu'à la bordure d'un des grands pansements qui parsemaient son corps. Elle sentit son cœur se serrer à la vue de ses blessures. Elle les avait devinées à travers l'étoffe claire, plus tôt, au restaurant, mais c'était autre chose de les voir sans fards. Elle souffrait de voir ce corps aimé si meurtrit, si marqué, et d'imaginer les souffrances qu'il avait pu traverser pour garder de telles marques.

Heureusement, elle n'eut pas le temps de s'y attarder. À peine débarrassé de son pull, Drake se pencha vers elle pour déposer un très léger baiser sur le coin de ses lèvres.

Elle sourit légèrement. Elle avait l'impression que leur rencontre et leur dîner improvisé s'était déroulé de siècles plus tôt. Elle se demandait si le meilleur des voyants, la plus douée des diseuses de bonne aventure aurait pu prédire à ces deux étrangers trempés, échouées dans cette gargote que cette rencontre allait bousculer toute leur existence. Elle aimait à se dire que non, que leur histoire était un pied-de-nez au destin. Que pour une fois, ce serait lui qui devrait s'adapter à une situation improbable.

Azilys se perdit dans le son de la voix murmurant son nom au creux de son oreille, ses lèvres chaudes en effleurant le lobe. Elle hoqueta et ferma les paupières quand il la fit basculer sur le sofa, le poids de son corps pesant sur le sien pendant que sa main glissait sur ses jambes pour les ramener sous lui. Le regard qu'il posa sur son visage juste avant de se lover sur sa poitrine, fit faire une embardée à son cœur. Un regard intense, plus fort que tout les mots du monde. Elle soupira, refermant ses bras autour de lui, un autour de son torse la main posée bien à plat entre ses omoplates, l'autre enroulé autour de son épaule et de son cou, la main délicatement posée sur sa tempe, ses doigts caressant ses cheveux sombres, douce et frêle prison le retenant contre son cœur comme pour arrêter la course du temps.

Elle s'abandonna à ce moment de tendresse, fermant les yeux, appréciant la chaleur et la sécurité de son corps sur le sien, comme un rempart la protégeant du quotidien qui rôdait au dehors et ne manquerait pas de les rattraper à un moment où à un autre. Rouvrant les yeux, elle sourit et releva la tête pour venir déposer un baiser sur ses cheveux, se grisant de leur odeur.

Drake se redressa sur le coude, ses lèvres réclamant à nouveaux celles de la jeune femme avant de descendre vers sa gorge avec une abominable lenteur, dessinant un chemin de feu sur sa peau. La brûlure de son souffle sur sa gorge offerte ne devait rien à une figure de style littéraire. Son souffle était réellement brûlant, tout comme la main audacieuse qui à présent exploraient les courbes de son corps, glissant sur ses jambes avant d'oser se glisser dans l'ombre de sa jupe pour découvrir un territoire encore inexploré.

L'effleurement incandescent à l'intérieur de sa cuisse envoya dans son corps un frisson qui fit trembloter sa respiration et battre son cœur plus fort. Involontairement, elle se cambra légèrement, comme si son corps réclamait déjà une caresse plus appuyée.

Même si l'intensité des sentiments qu'elle ressentait pour lui lui donnait l'impression d'être une gamine amoureuse pour la première fois de sa vie, Azilys n'était pas une oie blanche. Elle était femme. Et pourtant, à cet instant, deux émotions opposées se livraient une lutte acharnée en elle. L'envie d'être à lui, de sentir la chaleur de sa peau sur la sienne, de mêler son corps au sien, et la peur d'un avenir incertain, de découvrir que cet instant n'avait été qu'une illusion, qu'il n'était pas différent de certains hommes qu'elle avait rencontrés au cours de sa vie, qui avaient déployé des trésors de charmes et de tendresse pour la délaisser à peine leur désir assouvi. Ses rencontres passées lui avaient parfois laissé un goût vaguement amer, mais elle s'en était vite remise. Elle savait que cette fois, les choses seraient différentes, qu'un tel comportement de sa part la laisserait dévastée et le cœur en ruine. Elle n'avait jamais aimé aucun d'eux comme elle l'aimait lui.

Qu'il eut senti son trouble ou qu'il désira ne pas la brusquer, il suspendit son geste, laissant sa main reposer à l'intérieur de sa cuisse, légère et immobile en posant sur elle un regard ardent. Allongée sur le sofa, Le visage de Drake au-dessus du siens, ses mains brûlantes explorant son corps, elle se laissa aller un instant dans la contemplation de ses traits, comme si elle voulait les graver à tout jamais sur ses rétines. Ses yeux changeants, passant du bleu le plus clair au mordoré en fonction de ses émotions, ses paupières un peu lourdes, ses pommettes saillantes, comme taillées à la serpe, la joue lisse qu'il lui avait refusée quand elle avait voulu en chasser les vestiges d'une larme, la ligne de sa mâchoire carrée, ses lèvres charnues, un peu boudeuses. Il n'était pas le genre d'homme sur lequel elle se serait retournée dans la rue, pourtant, à cet instant elle aimait ce visage, elle voulait apprendre à le connaître, du bout des yeux, du bout des doigts, du bout de lèvres.

Elle pencha un peu la tête sur le côté et sourit tendrement. Sa main remonta le long de son corps, caressant son dos, en évitant les formes cicatricielles qui jalonnaient sa colonne vertébrale, glissa sur son épaule, suivie la ligne de sa clavicule, remonta le long de son cou avant de venir se poser sur sa joue qu'elle caressa un instant du pouce, se perdant dans l'intensité de son regard.

Elle savait que sa bataille intérieure était vaine, elle savait qu'elle lui appartenait déjà, qu'elle s'offrirait à lui, corps et âme et sans l'ombre d'un remords, dût-elle le payer d'une immense souffrance. L'eut-elle voulu, les sentiments qu'il éveillait en elle était bien trop puissants pour qu'elle puisse espérer les contrôler. Et elle n'aspirait qu'à une seule chose, les laisser l'emporter vers d'autres rivages.

Sans un mot, gardant son regard où brillait toute l'intensité de ce moment, elle se releva sur le coude, accrocha son bras libre autour de son cou pour venir à nouveau réclamer ses lèvres et lui offrir un baiser passionné, avide, presque affamé. Son coude trembla, il ne pourrait pas soutenir bien longtemps toute cette passion contenue. Doucement, elle se laissa retomber sur les coussins immaculés du canapé, gardant toujours sa bouche soudée à celle de Drake, l'entrainant avec elle, goûtant ses lèvres du bout des dents.

Puis sa main quitta ses épaules, et vint se poser sur sa joue. Elle libéra ses lèvres, ouvrit les yeux et captura son regard qu'elle garda prisonnier le temps que sa main glisse sur son dos, jusqu'à la ceinture du pantalon, et la suive jusqu'au premier bouton. Dans le même temps, elle releva le genou pour venir enrouler sa jambe autour de celle de son amant.


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À ses caresses, il redoubla d’intensité : ressentant l’ardeur de ses émotions le rendre esclave des désirs et des rêves de sa compagne. Il attendait, prêt à bondir d’amour sur son corps entier – sentant l’étreinte de leurs jambes alimenter leurs désirs charnels l’un envers l’autre. À la dernière réponse de ses avances, Drake remonta sa main sous ses vêtements, heurtant ses vêtements au passage, effleurant ses dessous aux points les plus interdits. La main coquine de Lys sur ses pantalons lui provoqua un sourire fin, étirant ses lèvres avec désir et complicité.


Son visage se fondit sur le sien, absorbé à lui donner un baiser plus passionné que jamais dès l’instant ou ses doigts la provoquèrent à un point le plus sensible, à une intensité aussi tragique que leurs étreintes précédentes. La jupe fut remontée sous ses gestes, alors que ses lèvres descendirent de nouveau sur ses formes : épousant la naissance de ses formes avec volupté et allégresse. Ses mains la caressèrent davantage, déplaçant son gilet – presque son corsage. Et de tous les vêtements qu’elle portait encore, il choisit d’en retirer le plus intime : le plus secret en premier. Glissant délicatement ses dessous avec ses crocs sur ses cuisses, il continua de tordre leur désir avec talent, avec patience, avec une douceur enflammée. Achevant son acte, il remonta sur ses jambes avec passion, les embrassant comme des joyaux, les caressant furtivement pour les faire trembler à des endroits culminants. Et, finalement, il embrassa son intimité avec violence et ardeur. Entre ses cuisses, il y demeura si longtemps qu’il en oublia la moindre de ses pensées, la moindre de ses réactions jadis humaines.


Démoniaque entièrement, ses yeux traversés de jaune étoilé et de bleu azuré ne continuaient que de lutter pour décider de l’âme la plus puissante. Il refusa de s’en retirer, de s’éloigner d’elle à tout prix. Drake plongea en elle, au sein de sn parfum erratique et démentiel, au sein de ses gémissements et de ses réactions, au sein de ses émotions et de les siennes. À son tour, il se mit à trembler, à défaillir à sa propre passion. Mais, il continua et n’était jamais satisfait – jamais.


Jusqu’au point ultime, jusqu’à temps qu’il soit question d’aller plus loin, car ils commençaient à peine. Le dragon aimait la perfection, le démon aimait le jeu, l’humain l’aimait elle - même si lui partager ses états d’âme prendrait beaucoup de temps - hélas. Quelques derniers baisers, quelques dernières caresses entre ses cuisses, il se releva une main posée sur son bas-ventre, cherchant toujours à déplacer ses habits de son pèlerinage machiavélique sur sa silhouette. Il passa une main sur sa bouche, dévoilant des tempes empourprées par l’effort et le perfectionnisme.


Doucement, l’Anglais mordit le gilet de Lys pour le retirer avec efficacité et méticulosité. Au passage, son regard de feu rencontra le sien, et ne put retenir une caresse sur sa tempe et la naissance de ses boucles. Il huma sa chevelure une fois de plus, encore plus fou d’elle une seconde à la suite de l’autre. C’est ainsi qu’il laissa d’autres tissus tomber près des siens. Les mains affectueuses du monstre caressèrent ses formes sans restriction, ivre d’un amour autant plus fou que spontané. Jamais n’aurait-il cru que sa deuxième flamme soit Azilys, ou même qu’elle soit son amante. Le dragon aimait la gente féminine, certes, mais la courtiser et l’inviter à des belles occasions ne transformait pas ses prétendantes en amantes : malgré sa réputation de Bachelor ou de Casanova réservé. Il était bien trop prudent pour cela : des amantes, il en eut trois jusqu’à ce jour. La première fut Rexslynn qui mourut avec tragédie dans une détresse épouvantable. La seconde fut Satanna Hellstrom, fille de Satan, succube, porteuse d’un Démon de la plus haute caste, qui le soumit à sa volonté grâce à ses pouvoirs de contrôle sur les hommes. La troisième était Lys, la plus délicate de tous, à l’aura angélique et au regard de rêve. Prisonnier déjà d’elle, le dragon roucoula encore, penchant la tête en laissant ses traits se détendre avec admiration.


Attardé sur son visage, Drake l’admira longtemps sans poursuivre ses avances de plus en plus démesurées: une main sur son cœur, l’autre sur son visage, il vint l’embrasser avec douceur comme la première fois. Avant de recommencer, avant de défaire son corsage avec amour, avec tendresse, d’une main qui se voulait aventureuse et modérée. Bien assez tôt, le dragon parvint à ses fins, plaquant un front fiévreux contre le sien, vibrant avec elle dans la souffrance apaisante et les sensations orgasmiques qui les torturaient chacun à leur tour. Ses paumes recommencèrent à effleurer ses chairs à vif, à embrasser chaque parcelle d’épiderme qu’il pouvait accéder avant de les torturer de sa langue ou de ses crocs – jamais sans la blesser, jamais ne se pardonnerait-il cela. Dur, intense, il s’appuya davantage contre elle, laissant l’ardeur qui hantait son sexe l’effleurer au travers de ses vêtements - éternellement attentif à chacune de ses réactions, si soucieux de la brusquer qu'il frémissait parfois de peur comme de légèreté. Voler sans l'être, aimer sans cesse. Son rêve était de la rendre folle de désir, folle d’amour, autant que lui-même au cœur de leur passion violemment enflammée.




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Azilys Dulac
– Defenders –
Azilys Dulac
GÉNÉRAL
» communications : 460
» ma tête : Audrey Fleurot
» association : S.H.I.E.L.D
POUVOIR
Feuille de personnage
» classe: 3 - Pouvoir en développement
» appartenance: 4 - Humain sur entraîné / Mutant 1&2
» pouvoirs:

Unholy, Fiery Destiny


"Et monter lentement dans un immense amour"

Le sourire du dragon, son regard vorace provoqua une éclosion de papillons dans son ventre. Ses mains avides laissaient des trainées brulantes sur sa peau. Elle frémissait, impatiente de le sentir sur elle, en elle.

Elle se cabra contre lui lorsque dans son baiser, ses doigts effleurèrent son intimité enflammée. Le gémissement qui lui échappa fut étouffé sur ses lèvres avides. Son corps tout entier brûlait, déjà son cœur battait anarchiquement, elle avait l'impression d'être déjà sur le point de se perdre, de basculer.

Son poing se ferma sur les cheveux de son compagnon, elle goûta ses lèvres du bout des dents, affamée de lui. Deux doigts agiles vinrent a bout des boutons, une main plus timide osa explorer la ceinture de son sous-vêtement, s'invitant à suivre le chemin de sa hanche vers un territoire encore inexploré.

Sa tête bascula en arrière, quand il délaissa ses lèvres pour embraser d'autres formes, dérangeant le tissu importum. Elle releva les hanches pour l'aider à remonter sa jupe et hoqueta de surprise quand elle sentit ses crocs effleurer son ventre pour chasser la dentelle. Relevant la tête, elle rit un peu en le regardant faire glisser la mousseline sur ses jambes avec ses dents. Elle frémit aussi tant cette vision enflamma ses sens. Le rire devint soupir lorsque la caresse du tissu fut remplacée par celle de ses baisers virtuoses, de ses attouchements experts.

Finalement, ses lèvres goûtèrent d'autres fruits interdits, elle eut l'impression d'avoir été traversé par la foudre. Rejettant sa tête en arrière, elle etouffa son cri en plantant ses dents dans sa lèvre inférieure, son cœur cessa un instant de battre, tout son corps lui échappa. Elle se débattit inutilement comme si elle voulait se soustraire à cette si délicieuse torture. Mais il en aurait fallu plus pour déloger le dragon affamé. Ses lèvres agiles firent rapidement monter le plaisir. Elle ondulait à leur rythme, luttant un peu pour prolonger ce moment.

Un pied pied polisson se glissa sous le corps de son amant. Du bout des orteils, calquant son rythme sur le sien, elle lui prodiga quelques caresses maladroites.

Rapidement, elle perdit le sens des réalités, sa conscience se dilua dans ses sensations au fur et à mesure que les ondes du plaisir parcourait son corps, affolant chaque fibre de ses nerfs, tendant chacun de ses muscles. Un plaisir tel qu'elle en perdait le souffle, que son cœur en oubliait de battre. Elle haletait, gémissait, murmurant son noms d'une voix rendue rauque par la volupté de ses attentions particulières. Ses doigts trouvèrent le chemin vers la chevelure sombre pour s'y emmêler durement. Elle ne fit rien pour retenir le cri qui lui échappa quand le plaisir la faucha si violement qu'elle eut l'impression de perdre connaissance.

La plupart des hommes qu'elle avait connus avant lui ne s'attardait jamais sur ce genre de caresses, lui prenait tout son temps, torturant sa belle avec délectation, il l'amena au delà des dernières extrémités, là où le plaisir devient souffrance, la laissant pantelante quand il se releva.

Elle le regarda s'essuyer les lèvres. Cette vision lui provoqua un petit choc au creux du ventre, elle la trouva affolante, mais pas autant que celle de ses dents sur son gilet. Elle bougea un peu pour l'aider à en venir à bout.

Un temps de contemplation tendre leur permit de reprendre leur souffle. Le yeux dans les yeux, elle glissa à nouveau la main sur la joue de Drake en murmurant son nom, effleurant ses lèvres du bout du pouce. Elle aimait son visage ainsi. Enfiévré, passionné, les yeux brillants et les joues empourprées. Elle aimait en être la cause. Elle était encore un peu étonnée de ce qui lui arrivait. Elle n'était pas du genre à s'offrir ainsi dés le premier soir. Mais, leur rencontre inattendue, leurs secrets partagés, ses attentions de gentlemen, le désir qu'il avait réveillé en elle, le désir qu'elle savait à présent avoir éveillé en lui. Leurs souvenirs, leurs sentiments partagés, l'envie de sa peau sur la sienne, de ses mains sur son corps, et même la conscience qu'elle avait de sa dangerosité, avaient tout changé. Un sourire amoureux éclot sur les lèvres d'Azilys. Elle l'enlaça tendrement, le cœur apaisé, quand il l'embrassa avec douceur.

D'autres vêtements rejoignirent le pull blanc sur le tapis, et les mains purent reprendre leurs explorations sans gênes, les lèvres déguster d'autres saveurs. Les doigts d'Azilys reprirent l'exploration du corps de Drake, glissant sur un flanc, effleurant les cotes, ses lèvres découvrirent le goût de son torse, la pointe de sa langue le contour d'un mamelon. La langue et les crocs de Drake goûtaient à nouveau la peau de AziLys, provoquant de délicieux picotement là où ils s'attardaient, rallumant peu à peu le brasier au creux de son ventre. Elle adorait sentir la pointe de ses canines l'effleurer, voir ces armes mortelles devenir la plus tendre des caresse.

Son souffle et son cœur s'accéléraient au rythme de la monté du désir. Elle se redressa, le repoussant doucement. Et, plantant un regard brûlant dans ses yeux, elle fit glisser sa main sur sa poitrine, sur son ventre, jusqu'à s'aventurer au creux du plus intime de sa personne. Elle sourit avant de venir grignoter sa bouche, pressant son corps contre le sien, pesant de plus en plus pour le faire basculer et s'allonger sur lui. Un dernier mordillement à sa lèvre et ses baisers suivirent le chemin de sa main pour la remplacer sur la peau veloutée et palpitante.


Codage par Joh.A pour TheAvengersRPG.com
Seth Drake
Seth Drake
GÉNÉRAL
» communications : 276
» ma tête : Cillian Murphy
» association : Indépendants.
POUVOIR
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» classe: 3 - Pouvoir en développement
» appartenance: 6 - Humain avec aptitude magique
» pouvoirs:

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Des frémissements : des hoquets : de la surprise par vagues folles : même des cris de torture : des débattements coquins : des répliques autant brûlantes. Bientôt, le dragon reçut le regard enflammé de sa belle. Il se rappela sa lueur mature, sage, raisonnée et se retrouva envoûté par le caractère rêveur, fougueux que son corps découvrait en harmonie avec le sien. Drake découvrit les secrets les mieux cachés d’Azilys, il apprit le territoire de son corps avec méticulosité. Appréciant mieux ses sentiments tumultueux, semblable à ceux d’une tempête, il reçut son affection présente avec douceur, allégresse. Puis la jeune femme osa arpenter son corps blessé, pansé, rempli parfois de cicatrices éparses à l’exception de sa colonne vertébrale. Un grondement sourd grinça de sa cage thoracique, délivrant le regard courroucé de la bête, et particulièrement amusé d’une telle situation.


Longtemps, il jaugea son adversaire féminine qui baladait sa curiosité sur son corps. Et Lys l’obligea à basculer en-dessous d’elle, lui offrant la vue imprenable de sa silhouette dénudée. Stoïque, le regard de l’homme redevint azuré. Il en perdit même ses crocs, humant ses lèvres avec ses lèvres en retenant un soupir lorsque sa compagne ravagea ses défenses une par une en descendant sur sa chair ravagée de tragédie. Au début, il fronça les sourcils légèrement – montrant une moue intriguée à sa partenaire comme si la situation le dépaysait complètement.


Au cours du temps qui s’écoulait, les sévices de Lys devinrent un véritable délice. Même le visage froid et mystérieux de son alter ego Seth devint assouvi à ses soins. Sans laisser le plaisir s’échapper, il soupira une fois en ne quittant jamais la mutante des yeux, la belle folie qui se déroulait sous ses yeux de plus en plus gris et glacé, furieux et lassés. Mais, une deuxième faiblesse le trahit de nouveau. Attendri, meurtri de sentiments, le démon n’en restait qu’avide de sensations mortelles. Au creux de sa haine envers l’humanité, de son désir de se jouer d’eux, tout ce que son cœur désirait se trouvait au sein de retrouvailles avec un alter-ego féminin : une âme à chérir plus que n’importe quel trésor. Le deuil de sa suicidée ne pouvait jamais être fait, car elle avait choisi la mort plutôt que la vie, elle l’avait quitté dans la détresse et dans le secret le plus immonde.


Drake se délectait de la souffrance de son mortel, mais devant de telles douceurs, les deux âmes s’épanouirent ensemble – en cœur. Une troisième et dernière fois, il soupira profondément dans une maîtrise qui dépassait l’entendement. Pourquoi refuser le plaisir? Et volontairement? Le corps rigide de l’Anglais commença à se mouvoir de nouveau, après avoir subi ces délicatesses qui le laissaient autant sans voix que sens dessus dessous. La main livide de l’homme vint chercher celle de sa belle, la passant sur sa tempe en chevauchant sa paume sur le revers de sa main. Il embrassa l’intérieur de son poignet, y passa sa langue avant d’y laisser sentir l’absence de ses défenses.


Redressant le haut de son corps sur l’un de ses coudes, il abandonna sa main et utilisa ses deux mains pour remonter sa bien-aimée à sa hauteur. Son index épousa ses lèvres, les caressant, et ne pouvant retenir la vérité criante de ses iris. Ils étaient si bleus, si électriques, si incandescents que c’en était traumatisant, c’en était terrorisant. Tellement de douleur, tellement de bonheur, tellement d’extase murmurée, tellement de délicatesse refoulée. Refusant de la laisser en doute, en peur devant son absence de réaction, Seth posa une main forte sur sa nuque et la força doucement à rester plus longtemps dans ce contact étrange, énigmatique.


Le regard dans l’âme, il se releva pour déposer un baiser des plus légers sur ses lèvres avivées de sang, d’extase. C’est alors que de la fumée, très petite, quitta les narines de l’homme qui se détourna sur le côté : revenant sous le regard de sa compagne avec ses yeux soleil, avec ses crocs démesurés, métamorphosés à une vitesse incroyable. Il libéra un cillement sourd, comme le premier tout à l’heure, penchant la tête sur le côté et adressant un sourire carnassier, vengeur à sa bien-aimée. Ses mains saisirent son crâne, lissant ses boucles vers l’arrière et posant leurs fronts ensemble. Suave, à son tour, il mordilla sa lèvre inférieure du bout de ses canines, l’effleurant à peine, laissant son nez bouder le sien de gauche à droite, Drake l’embrassa sans restriction, descendant à sa nuque, à sa poitrine libre, voluptueuse et chaude. Si enivrante qu’il s’y perdit de longs instants, y nicha son faciès avant d’y jouer avec cruauté et malice, de ses lèvres et de ses mains prédatrices.


Bien que le dragon laissa son crâne la fleurir de délicatesses à son tour, encore et toujours. Il se préparait, lentement, ressentant le désir entre eux grandir avec intensité et suavité. Ne pouvant plus écouter sa raison, il laissa l’extase l’emporter, le surprendre lui-même dans une tension inoubliable, inexplicable : ses paumes brûlantes empoignèrent ses hanches, caressèrent ses chairs et ses formes postérieures avec tendresse, de la courbe de ses épaules au creux de ses reins, avant de se mouvoir sur elle et d’embrasser son corps entier du sien. Une main dans son dos suffit à la renverser sous lui, pendant qu’il la plaqua doucement sous son corps de nouveau.


Possessif, protecteur, prédateur, Drake la darda d’un regard plus ensoleillé, plus virulent de lumière mordorée que jamais. Au cours de la passion virulente de leur étreinte, Drake vint chez elle dans un délice plus torride que bien des maléfices. Il murmura son prénom à son oreille, soupirant, devenant doux un instant puis enflammé le suivant. D’un mouvement spontané, son corps se fondit sur le sien au cœur d’un mouvement vif, tendre, affectif. Mielleusement, ses lèvres cueillirent les siennes de nouveau, la noyant d’une tendresse incendiaire. Ce n'était que le commencement d'une danse incandescente.





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